Depuis la nuit des temps l’exercice d’un art quelconque nécessite de passer par une période d’apprentissage qui peut être soit implicite soit explicite, cette initiation développe des réflexes pour celui qui la suit, en s’en servant comme un parchemin à partir duquel seront inspirées toutes ses œuvres .
Tout comme en sciences économiques , ou on parle d’écoles de pensées , en politique également ,on observe les mêmes règles c’est-à-dire les démarches qui caractérisent les acteurs politiques, trouvent leurs origines fondamentales dans les milieux qui ont bercé leurs premiers moments d’éveil civique tel un objet façonné par un artisan à partir de son moule , l’homme politique sera marqué tout au long de son parcours par des gestes et des mots qui lui permettront d’être identifié comme des empreintes digitales.
A partir de ces éléments, nous pouvons procéder à une transposition, permettant d’essayer de comprendre les atermoiements qui caractérisent la classe politique congolaise.
Il sied de rappeler que, depuis la liberté d’association accordée aux indigènes par la loi cadre de 1945 qui a donné naissance aux premiers regroupements syndicaux et politiques, créant du coup une ambiance d’émulation de l’élite locale, qui nous a conduit jusqu’à la proclamation de l’indépendance le 15 AOUT 1960.
En faisant fi de certains éléments et évènements qui ont émaillé cette période, nous nous bornerons d’apprécier les aspects politiques de cette époque.
Il est historiquement établi que quatre grands partis politiques se sont distingués lors de la signature des actes constitutifs relatifs à la proclamation de la République du 28 NOVEMBRE 1958 à savoir l’UDDIA, le PPC, le MSA, le GEPC dirigés respectivement par, messieurs Fulbert YOULOU, Félix TCHICAYA, Jacques OPANGAULT, KINGOUGA-NGOT.
Le multipartisme qui était de mise à cette époque a très vite connu ses premières insuffisances qui conduiront aux premiers arrangements entrainant de fait dès 1961, à une gouvernance monopartite dans un contexte multipartite et ce jusque finalement à l’adoption en Avril 1963 de ce qui semblait les caractérisé le mieux : le PARTI UNIQUE.
Puis vint le 15 AOUT 1963, la pseudo révolution avec l’arrivée des néo-barbares qui pourtant ont prétexté combattre le monopartisme mais qui finalement l’adoptèrent une année plus tard pour en faire au final une religion avec comme référence le livre rouge de MAO ZEDONG, le tout sous la protection soldatesque d’une jeunesse enivrée au chanvre indien sous les conseils des camarades cubains comme quoi la délinquance juvénile qui a été scandé tout le temps y trouvent ses origines.
Non contents de la part du gâteau qui leurs revenait , les plus jeunes des révolutionnaires décidèrent de débouter leur ainés par ce qu’ils appelleront le Réajustement de la Révolution, en instituant un cadre politique appelé CNR (Conseil National de la Révolution) prélude à la plus grande escroquerie politique de l’histoire du Congo, qui a été ,la création le 31 DECEMBRE 1969 du PCT qui fête d’ailleurs son demi –siècles d’existence cette année , cet avènement qui peut être comparé à un cyclone dévastateur dont les méfaits se font encore sentir jusqu’à ce jour .
La diaspora congolaise qui est constituée essentiellement des hommes et des femmes vivants en France est né aux premières heures des indépendances, est constituée majoritairement des étudiants et stagiaires envoyés pour se former et se rendre utile dès leur retour au Congo.
Pendant leur séjour, ceux-ci pour revendiquer leurs droits civiques se regroupèrent dans des association d’ étudiants congolais sous la férule de la FEANF ( FEDARATION DES ETUDIANTS D’AFRIQUE NOIRE FRANCOPFONE )
, cette macrostructure qui chapotait les associations de chaque pays était elle-même nourrit au lait du communisme , doctrine qu’avait adopté plusieurs Etats dont le Congo.
Ces étudiants qui évoluaient dans un contexte de libéralisme et qui pour la plupart, sinon tous , militaient au sein du Parti Communiste Français se proclamant du trotskisme , apparaissant comme des grands contestataires des régimes successifs du Congo, n’étaient qu’en réalité que des enfants qui ignoraient leur réelle filiation puisque le Parti Communiste Français aussi bien que le MNR et le PCT sont les enfants d’un même père qui siégeait à la Place Rouge de MOSCOU.
Avec les contestations scolaires et estudiantines des années 1971 et 1974 qui ont amené l’unification de cette jeunesse sous l’égide de l’ UJSC( Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise ) qui va mouler et conditionner l’esprit d’une certaine génération se trouvant aujourd’hui à la tête du pays dont certains continuent la contestation dans la diaspora jusqu’à nos jours .
Entre temps la diaspora a continué à être irriguée par l’arrivée des vagues successives d’étudiants et d’autres catégories victimes des mauvaises politiques publiques, mais, qui malheureusement n’échapperont pas à la loi de la pensée unique dans leur nouvelle terre d’asile.
En 1990, le retour au multipartisme qui a donné naissance aux grands principaux ensembles politiques à savoir, le MCDDI , l’UPADS , le RDD et le RDPS a permis le repositionnement des membres de cette diaspora dans ces différents partis en fonction de leurs origines régionales locales en emportant avec eux , tous leurs bagages culturels acquis auparavant .
Le retour en force du PCT en en 1997 a fait naître un phénomène nouveau qui est celui de l’éclosion des associations politiques au détriment des représentations des partis politiques.
Mais là encore, aucun changement comportemental en profondeur ne peut être relevé , parce que tout simplement ces acteurs ont passé leur temps à courir après les différents leaders nés de la recomposition de l’espace politique après les élections générales de 2002 sans plutôt faire une réelle introspection qui aurait pu permettre l’éclosion d’une nouvelle génération d’acteurs politiques .
Cet état de fait peut être comparé à une métastase des consciences politiques qui empêche actuellement cette diaspora de prendre ses responsabilités face aux enjeux et aux défis futurs auxquels le Congo est confronté.
Ne serait-il pas temps aujourd’hui à ces dinosaures de la politique de reconnaître leur échec et laisser la place aux plus jeunes de la génération 2.0.
Armand MANDZIONO , le Nzoîste.