LE PÉTROLE LE GRAND ENJEU POLITIQUE AU CONGO BRAZZAVILLE.

Le pétrole est un élément important dans la vie, de tous les jours, en plus de l’intérêt économique qu’il revêt, c’est aussi un élément capital pour faire la guerre. Il a une importance stratégique et a joué un rôle déterminant à travers l’histoire et les guerres.

Pour certains pays, le pétrole est une arme à double tranchant. L’exploitation des ressources pétrolières est source de tension. C’est une matière hautement stratégique et fréquemment associée aux affrontements internationaux depuis le début du vingtième siècle.

Avec 350.000 barils/jour, le Congo est le 4ème producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne. Plus de 70% de l’économie du pays provient du pétrole, qui apporte 80% de recettes du gouvernement. L’inauguration et l’exploitation du gisement offshore Emeraude en 1971,

Marien Ngouabi déclare: « De ce jour date la fin du mythe du Congo pauvre ». Le budget de l’état financé à hauteur de 41% par les recettes pétrolières, passe de 20 milliards de F CFA en 1973 à 44 milliards de F CFA en 1974.
En 1975 la baisse du volume du pétrole entraîne la baisse de revenus de l’état et ébranle l’économie du pays.

La société ELF-ERAP et l’état français sont accusés d’impérialisme. Une décision est prise: entamer des négociations pour élaborer de nouvelles conditions fiscales applicables aux conventions d’établissement des compagnies pétrolières exerçant au Congo.

ALFRED RAOUL, vice-président du conseil d’état chargé du commerce, de l’industrie et des mines va conduire ces négociations entre ELF-Congo l’état Congolais sur la concession limitée au nord du permis Madingo maritime octroyé à AGIP le 29 novembre 1968 et au sud-est par la frontière maritime entre le Congo et le Cabinda va échouer et la concession ne sera pas accordée. Le vice-président est reconnu par sa fermeté, son intelligence et aussi son intransigeance vis-à-vis des sociétés étrangères. Ce Saint-Cyrien à la réputation d’un travailleur acharné qui possède la plupart des dossiers en cours.

Le redressement fiscal de 1975 de la société ELF-Congo va exaspérer ses dirigeants car les véritables causes de ce soudain redressement fiscal sembleraient tenir à la situation financière compromise et paradoxal du pays depuis qu’il était devenu producteur de pétrole. Toujours est-il que le redressement fiscal laisse en émoi les dirigeants d’ELF Congo qui, dès le 11 septembre 1975, adressent un mémoire de contestation à l’administration congolaise.
Le refus de verser la somme exigée entraîne la saisie, le 29 novembre 1976, des comptes bancaires d’ELF Congo.

Ceux-ci sont rapidement débloqués le 6 décembre par l’intervention du ministre des Mines et de l’Énergie, et un dégrèvement partiel des années 1971 et 1972 est en même temps accordé. Immédiatement après la mort de Ngouabi, les négociations engagées avec le CMP aboutissent à des accords. Comme pour remercier les nouveaux dirigeants congolais de leur diligence et soulager rapidement les finances de l’État, ELF Congo attribue au Congo, le 14 octobre 1977, un prêt de 975 millions de Fcfa, à récupérer sur les acomptes d’impôt sur les sociétés de 1978. . À la demande du ministre des Finances, elle s’acquitte de 1,2 milliard de Fcfa en guise d’acompte sur les impôts de 1978 [89].

Les problèmes fiscaux réglés à leur avantage, les sociétés pétrolières reprennent l’exploration et la production. Une ère d’apaisement s’ouvre dans les relations pétrolières franco-congolaises, favorisée par le boom sur le marché pétrolier mondial qui suit la révolution iranienne de février 1979.

Le Congo doit exploiter ses ressources pétrolières, sa principale source de revenus. Quand bien même il voudrait diversifier ses interlocuteurs, il est porté à s’adresser à une société française car les liens entre l’économie congolaise et la France demeurent forts, malgré l’intérêt que manifestent les dirigeants du Congo pour les pays du bloc de l’Est. Pour le Congo, ELF-ERAP est un partenaire obligé.
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Pascal Lissouba

sera confronté à une situation difficile. Dès sa mise en place le nouveau gouvernement doit faire face au déséquilibre budgétaire hérité des gouvernements précédents. De 4 au début du mandat présidentiel, le nombre de mois de salaires impayés dans la fonction publique passe à 7 en mars 1993. Pour compléter les recettes courantes, le gouvernement sollicite Elf-Congo au début du mois de mars, pour une avance sur recettes de 200 millions de dollars (environ 50 milliards de francs CFA).

Le principal opérateur pétrolier du pays, Elf, y répond négativement. L’affaire Elf avait pour partie débuté dans les années 1980 en Afrique, et éclatera en 1994 aux yeux du monde comme un des plus grands scandales financiers.

Le 28 avril, le Congo signe un accord de prêt avec la société américaine Occidental Petroleum Corporation (Oxy). Celle-ci avance 150 millions de dollars (près de 40 milliards de francs CFA) au Congo. Le prêt est gagé sur les recettes futures des champs de Nkossa (Elf-Congo) et Kitina (Agip Recherches Congo).

Cinquante millions de baril de pétrole (au prix de 3 dollars le baril alors que le cours est de 14 dollars) devront être livrés à Oxy à la mise en production des deux champs, prévue pour les années à venir. Quelques mois plus tard, le Congo obtiendra d’Oxy une rallonge de 30 millions de dollar (7,5 milliards de francs CFA) après négociation.

L’argent frais sert à payer deux mois de salaire aux fonctionnaires, la veille du premier tour des élections législatives anticipées. Elf, mécontente de l’irruption d’Oxy dans ses affaires au Congo, négocie avec le gouvernement congolais le rachat de cette créance en 1995-96. Le pétrolier californien y consent moyennant une indemnité substantielle.

En août 1994, le Parlement adopte le nouveau code des hydrocarbures. Désormais, l’exploitation du pétrole congolais se fera, non plus sous le régime de concession, mais dans le cadre de contrats de partage de production. La nouvelle loi assure à l’État une part à la rente pétrolière plus importante, notamment dans les périodes de prix du brut élevé.

En dépit des déclarations de bonnes intentions, le gouvernement peine toujours à honorer le paiement du salaire des agents de la fonction publique. Pour se donner un bol d’air frais, l’État sort du capital des sociétés Elf-Congo et Agip Recherches Congo, courant 1994. L’opération rapporte environ 25 milliards de francs CFA (environ 50 millions de dollars).

À la fin de 1996 le gouvernement Lissouba réussit à maîtriser les finances publiques de l’État, et à les assainir efficacement, il est par ailleurs le gouvernement qui a remboursé en trois ans plus de 60 % la dette la plus élevée au monde par tête d’habitants.Mercenaires. Dans une note datée du 27 novembre 1991, le colonel dresse un compte rendu d’une rencontre avec André Tarallo. «Mokoko a rejoint Brazza le 26 novembre.

Sassou doit essayer de le persuader d’agir. Bongo, dès son retour le 25, avait téléphoné à Sassou dans le même sens. L’entretien du 24 novembre chez A.T. n’avait pas atteint le but recherché. Mokoko reste légal mais ne va rien entreprendre » sauf si le gouvernement ne tient pas ses promesses.» Mokoko est l’ancien chef d’état-major congolais que Sassou N’Guesso espère voir rallier ses projets de prise du pouvoir. Daniel explique qu’«une équipe de mercenaires est prête à agir depuis LBV-Marchiani-Léandri». Il mentionne là le préfet Jean-Charles Marchiani et Daniel Léandri, deux hommes clefs de la diplomatie secrète en Afrique, proches de Charles Pasqua. «Appel de Maurice le 27 novembre: Léandri vient de rentrer de Brazza avec vraisemblablement Marchiani.» Quatre Corses sont nommés. Ils seraient arrivés à São Tomé (île qui fait face au Gabon), dans un avion King Air » C’est de là qu’à l’époque les barbouzes français envisagent de soutenir Sassou N’Guesso contre le président Lissouba.

La manne pétrolière avait travesti l’esprit révolutionnaire des premiers jours en propageant une corruption généralisée dans l’appareil de l’état. Les hommes politiques se livraient une bataille sans merci pour se maintenir au pouvoir et à éliminer physiquement les autres. L’enrichissement personnel des acteurs politiques soutenant le régime étant maintenant légitime donc politiquement approuvé.

Quant aux dirigeants du Congo, ils épousent le socialisme dans l’espoir de réaliser le développement et d’édifier l’État post-colonial. Mais l’adhésion est surtout verbale et sans adéquation avec le tissu socio-économique et la structure politique du pays.

La réalité est celle d’un pouvoir affaibli par la corruption et les détournements de fonds des responsables politiques et des chefs d’entreprises de l’État.

Cette confusion volontaire et permanente des intérêts personnels avec ceux de l’État entraîne la dilapidation des finances publiques. Ironiquement la hausse des revenus pétroliers accentue le mal. La gestion opaque très occulte de la SNPC aujourd’hui illustre bien nos propos.

Le pétrole Congolais demeure le grand enjeu politique. Sassou Nguesso demeure au pouvoir grâce à la puissance des lobbies pétroliers (Total, ENI, Perenco, Chevron, etc…), les multinationales du secteur des hydrocarbures pèsent énormément sur la politique africaine de la France. La transparence est une qualité qui n’a pas toujours été reconnue au pouvoir de Sassou Nguesso.

Le Congo reste l’un des pays les plus pauvre d’Afrique Centrale et figure dans les classements internationaux comme l’un des plus corrompus de la planète. Nombreuses ONG accuse le régime pour sa gestion opaque des revenus issues de ses réserves de pétrole.

Les préfinancements auprès des traders pétroliers qu’il rembourse ensuite directement avec l’or noir. Selon le rapport de l’ONG Britannique Global Witness qui affirme que la société ELF-Congo à l’époque avait usé de prêts adossés au pétrole pour enrichir des fonds secrets et assurer au président Sassou Nguesso une source de revenus considérable et opaque.

C’est la raison pour laquelle ce dernier ne veut pas quitter le pouvoir et à tout museler pour empêcher une alternance au sommet de l’état.
Evrard NANGHO
Président national du Modec

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