A LA TRES HAUTE ATTENTION DE L’OPINION
NATIONALE ET INTERNATIONALE
CONGO BRAZZAVILLE
DECLARATION DES FILS ET FILLES DU POOL, CADRES CIVILS
ET MILITAIRES, SUR LE DEPLOIEMENT MASSIF ET INJUSTIFIE
DES TROUPES ARMEES DANS LE DEPARTEMENT DU POOL
Brazzaville, le 05 mai 2020
Historiquement, Région d’origine des grands héros nationaux de la lutte anticoloniale, comme Mabiala Ma Nganga, André Grénard Matsoua, Bouéta Mbongo, Mbiémo etc…, le Pool est, depuis très longtemps, le Département souffre-douleur des soubresauts tragiques et sanglants ainsi que des projets politiques, en République du Congo.
Pour mémoire, depuis les évènements de Kinganga Sirocco en 1970 et de Ange Diawara en 1972, en passant par ceux des Andzimba (1974) et des pseudos angolais (1975), jusqu’aux drames et tragédies, plus récents, des périodes 1998-2003 et 2016-2017, imputés au Pasteur Frédéric Bintsamou Ntoumi et ses Ninjas Nsilulu, le Pool et ses populations ont toujours payé le prix fort, dans leur esprit et dans leur chair.
C’est comme pour dire que : la responsabilité, supposée ou établie, d’un ou de quelques fils du Pool, devrait immédiatement, systématiquement et automatiquement être payée par le Pool et ses populations.
Pourtant, il n’a jamais été démontré clairement que les populations du Pool, par leur seule appartenance à ce Département, ont fait collusion, entre elles, et créé des rebellions ou des groupes armés, pour nuire aux Institutions établies et chercher ainsi à s’emparer du pouvoir. De même, jamais, de mémoire d’homme, aucune déclaration concertée, visant la sortie, de ce Département, du giron national, n’a jusqu’ici été imputée aux populations de ce Département.
Et pourtant le Pool a toujours subi les violences de toutes sortes, fruits des manipulations politiciennes, tribalo-régionalistes, de quelques apprentis sorciers politiques cherchant à conquérir le pouvoir ou à le conserver, coûte que coûte.
Voici donc déjà vingt deux ans (1998-2020) que les populations du Pool vivent, dans leur Département, une guerre quasi permanente entre le pouvoir de Brazzaville et Ntoumi.
Cette guerre a été ponctuée par deux semblants d’accords de paix et de cessation d’hostilités, inachevés et sabotés pour laisser l’opportunité de jouer à la reprise des hostilités en cas de besoin, à tout moment ; c’est ce qui arrive en ce moment encore.
En effet, hier encore, pour marquer, effectivement, la fin supposée des violences de la période 1998-2003, des présumés accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, entre Ntoumi et le pouvoir, avaient abouti à un processus de désarmement et de réinsertion des ex-combattants qui a, du reste, été saboté dans sa réalisation. Les laissés pour compte de ce sabotage ont, par la suite, été récupérés, en 2016, pour justifier des nouvelles violences militaires dans le Pool, jusqu’en décembre 2017, où de nouveaux accords ont, cette fois-ci, été signés à Kinkala, consacrant, une fois encore, la réinsertion des ex-combattants. Depuis ces nouveaux accords, ce volet réinsertion est toujours resté lettre morte jusqu’à ce jour, constituant ainsi un réservoir, si ce n’est un alibi facile, manipulable et corvéable à volonté.
Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, voila qu’on parle, aujourd’hui encore, des bruits de bottes dans le Pool. En effet, depuis quelques mois, le Pool est, de nouveau, accusé injustement par certains Services spéciaux de la Force publique, en utilisant des prétextes fallacieux, juste pour poursuivre la concrétisation des ambitions et stratégies du pouvoir en place exposées dans le document de “l’Opération Mouébara“(ref. 019/2000 du 07 janvier 2000), signé Denis Sassou Nguesso, adressé aux membres du “Comité Mixte d’Actions Spéciales“ (CMAS).
En effet, comment donc comprendre que pendant qu’aujourd’hui, l’humanité toute entière lutte contre la pandémie du Covid 19, on assiste, concomitamment au Congo, à un déploiement massif injustifié, des troupes militaires dans le Département du Pool ?
Nous, citoyens congolais, cadres civils, politiques ou militaires, Bakongos et fiers de l’être, originaires du Pool et des autres Départements du Sud Congo ; ensemble avec tous les citoyens congolais de tous les autres Départements du pays, épris de paix, de justice, de solidarité et de liberté, constatons, avec indignation, qu’au moment où les intérêts vitaux de la Nation sont mis en péril et son existence même, gravement menacée par le coronavirus et la crise multidimensionnelle qui frappe le Congo depuis plusieurs années, voilà que refait surface, un autre virus bien connu des congolais : le Tribalisme, que l’on combat depuis longtemps et que nous voudrions vaincre à jamais.
Hélas, à ce jour, deux agents vecteurs de ce virus, formellement identifiés dans l’entourage du Président de la République, en assurent la propagation : l’amiral Jean Dominique Okemba et le colonel Didace Bangui. En effet, en mars 2020, à Oyo, en présence de Monsieur Maurice Nguesso et devant une assemblée de Sages supposés ou réels, Jean Dominique Okemba, rongé par le virus du tribalisme et ivre de haine et de préjugés contre les Bakongos, a déclaré, entre autres, ce qui suit : “ Nous avons bombardé le Pool et le ciel n’est pas tombé…“
Un mois après, en avril 2020, rongé par le même virus, le colonel Bangui, lui aussi ivre de haine et de préjugés contre le Pool, a emboité le pas, à l’amiral Jean Dominique Okemba, en improvisant à Makélékélé, devant quelques vendeuses du marché Bourreau, toutes Bakongos, un meeting au cours duquel il a proféré des menaces contre le Pool et les Bakongos dont les enfants auraient, selon lui, perçu de l’argent et reçu des armes, pour fomenter un coup d’Etat contre le pouvoir en place, avec l’appui des éléments qui, toujours selon ces deux officiers accusateurs, seraient originaires de la RDC.
Outrés par les bravades de gamin de l’Amiral Jean Dominique Okemba et les propos irresponsables du colonel Bangui, auxquels nous ajoutons ceux hautement tribalistes tenus par des éléments de la Force publique lors de l’incident dont a été victime, en présence du Directeur Général de la Police, le Professeur Médecin Jean Louis Nkoua, Conseiller à la Santé du Premier Ministre, à qui on a reproché son appartenance à l’ethnie Téké ; face à tous ces comportements et propos dignes de la Radio mille collines du Rwanda, de triste mémoire, Nous tenons à faire observer à ces deux officiers et au pouvoir en place, ce qui suit, qui est, du reste, valable pour toutes les sociétés et Nations pluriethniques africaines du sud du Sahara :
● Là où des tribus se croient supérieures, les unes aux autres ;
● Là où les choix politiques, économiques et socio-culturels sont subordonnés aux préjugés de telle ou telle autre tribu ;
● Là où, enfin, pour la faute d’un seul ou de quelques uns des membres d’un groupe, on punit la multitude ;
Là se trouve, alors, le paradis de l’intolérance, de l’exclusion, de l’injustice et, au bout du compte, des crimes de masses.
Pour l’avoir compris, les pères de l’indépendance avaient voulu faire du Congo une République, certes plurielle, mais résolument laïque, une et indivisible :
● Plurielle, une et indivisible, en ce que les communautés ethnolinguistiques, qui la composent, participent à la souveraineté nationale, à la consolidation de l’indépendance et à la sauvegarde de l’intégrité territoriale ;
● Laïque, parce que la conscience d’appartenance à une communauté ethnique et le sentiment national n’y sont pas antagonistes, mais plutôt complémentaires, tout en consacrant la primauté du sentiment national.
Par ailleurs, Nous tenons à rappeler au pouvoir actuel, et notamment à l’amiral Jean Dominique Okemba et au Colonel Bangui, que la Force publique se doit d’être est apolitique et républicaine. Aussi, soucieux de restaurer la concorde nationale pour préserver l’unité nationale, suffisamment mise à mal par les expériences vécues à travers les différents régimes qui se sont succédés, et, en conséquence de tout ce qui précède :
● Nous, nous en referons au Chef suprême des Armées et à la justice nationale pour faire toute la lumière sur les bombardements du Pool signalés et reconnus par l’amiral Jean Dominique Okemba, ainsi que sur les armes qui seraient détenues par les fils du Pool, notamment par Ntoumi, Pablo et Indien, tous résidants dans ce Département du Pool qui est également la Zone de défense militaire numéro 8 de notre pays. Par la voix de ses cadres et de ses populations, le Pool sollicite, voire, exige, de Monsieur le Président de la République, Chef Suprême des armées, l’éviction, voire l’expulsion, sans conditions, de Monsieur Ntoumi et tout son spectre (Eglise, Annexe, etc…), du Département du Pool où il s’est installé avec une ambition, inconnue par le Pool et ses cadres, mais qui semble concertée en accointance avec ses commanditaires.
● Nous exigeons, par ailleurs, que Pablo et Indien, accompagnés, bien sûr et logiquement, par leur chef Ntoumi, viennent s’innocenter officiellement à Brazzaville, dans les médias, si et seulement si, ils ne sont pas de mèche, avec des animateurs du pouvoir, dans ce projet de destruction du Pool dans les prochains jours. Au cas contraire, ils devront en tirer toutes les conséquences prévues par les ressortissants de cette Région du Pool.
● Une fois encore, nous répétons que le Pool n’est pas un champ de bataille, ni un champ de tir ou d’entrainement. Cette fixation de la violence politico-militaire, dans le Pool, n’exprimerait-elle pas tout simplement le triomphe de l’aile tribalo-régionaliste du pouvoir actuel ?
Ce déploiement massif et injustifié des troupes, ne serait-il, tout simplement, que le signe précurseur d’un état de siège au Pool qui ne dit pas son nom et qui serait dégoupillé à l’ombre du coronavirus ?
● Nous, ressortissants du Pool, victimes des violences militaires, refusons de croire que les Forces Armées Congolaises (FAC), avec leur personnel formé, leurs armements et leur logistique, soient si faibles pour venir à bout d’un Ntoumi, un simple pasteur.
Manifestement le pouvoir congolais n’a jamais voulu conclure définitivement son conflit annoncé avec Ntoumi ; il a préféré le laisser dans Pool pour l’utiliser à tout moment.
Cette fois-ci, voyant venir les élections présidentielles de 2021 pour lesquelles aucune condition crédible n’est remplie, le pouvoir de Brazzaville, à l’ombre de la pandémie du covid 19, cherche à recourir à son prétexte Ntoumi, par le biais de Pablo et Indien. Ainsi, comme il y aura une nouvelle guerre au Pool, le pouvoir de Brazzaville pourra agir à sa guise.
● Maintenant que les preuves de la manipulation de Ntoumi et ses éléments, par le pouvoir de Brazzaville, sont évidentes à travers les Willy Mantsanga hier et les douze apôtres, preuves qui ont, par ailleurs, été confirmées par le procès des Généraux : Norbert Dabira et Nianga Mbouala, qui a révélé d’où Ntoumi tire sa logistique et sa fortune, le Pool et ses populations demandent qu’on cesse donc de les importuner avec le scenario envisagé par le fameux Colonel Didace Bangui.
Quoi qu’il en soit, et en guise de conclusion générale, Nous, habitants et cadres ressortissants du Pool, de toutes conditions :
1. Dénonçons, avec fermeté, cet énième épisode de violences, programmé dans le Pool, qui ne participerait, en réalité, qu’à enfoncer davantage ce Département dans la misère ; mais surtout, qui contribuerait à masquer l’échec des pouvoirs publics à tirer le pays vers le haut, en trouvant ainsi une hypothétique justification de la saignée du Trésor public.
2. Prenons à témoin, l’opinion nationale et l’internationale, sur toutes ces velléités de déstabilisation et de destruction du Pool, Département encore fragilisé par les derniers évènements de 2016 dont les stigmates ne sont pas encore cicatrisés ni disparus.
3. Interpelons, vivement, les pouvoirs publics ainsi que la Communauté internationale, pour tout mettre en œuvre afin de faire échec à toutes ces manœuvres machiavéliques, d’un autre âge, qui n’ont pour but inavoué que de faire du Pool, le bouc émissaire idéal, dans la réalisation de sombres desseins ;
4. Invitons les autres Départements du Congo à ne jamais plus se laisser charmer par les sirènes du tribalisme et du régionalisme, en faisant preuve de solidarité, en vue d’un Congo fort, certes pluriel mais résolument, un et indivisible, dans la paix ;
5. Demandons l’application intégrale des accords de Kinkala, de Décembre 2017, ayant mis un terme aux hostilités avec, entre autres clauses, celles liées au statut du pasteur Ntoumi, en vue de son retrait définitif du Pool ainsi que du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants ;
6. Exigeons le désengagement, sans condition, des unités militaires subsidiaires à celles initialement et normalement installées dans le Département, sous l’autorité du Commandant de la Zone de Défense militaire numéro 8.
Fait à Brazzaville, le 05 mai 2020