Construire une université de haute facture estimée à 241,6 milliards de FCFA, inaugurer en grande pompe son premier module, et ce, en présence de 3 chefs d’état africains; telle a été la téléologie élaborée par le président sortant du Congo, Denis Sassou-Nguesso, à un mois et quelques jours des échéances électorales de mars 2021.
Pourtant, le congolais exercé et habile a vite compris que cette scène d’enfumage aux allures grotesques, est une unième escobarderie de leur président éternel, qui du reste n’est pas à son premier coup d’essai, toujours dans le but d’en mettre plein la vue à un peuple désabusé, et envers lequel il ne jouit plus guère d’estime.
Alors, certains diront que se prêter à un tel exercice littéraire critique, serait une manière de prêter le flanc à l’ambiguïté, quand on connaît l’état de décrépitude du système éducatif congolais.
Cependant, l’on peut se poser la question de savoir : pourquoi construire un tel édifice à un coût exorbitant, lorsqu’on sait que le niveau scolaire au Congo, du primaire au lycée, est en nette régression ?
Oui, pourquoi se lancer dans une telle mégalomanie, quand les salles de classes de tous les cycles d’apprentissages au Congo sont vétustes et non garnies, que certaines d’entre elles sont engorgées à hauteur de 300 à 400 élèves, et que ces derniers s’asseyent à même le sol, dans un pays qui regorge d’immenses ressources forestières ?
En effet, ces espaces appelés communément « salles de classes » sont devenus avec le temps des endroits insalubres, posant naturellement de graves problèmes, voire des préoccupations de santé publique.
Cela n’a donc échappé à personne que les conditions de déshumanisation dans lesquelles ont été placés, celles et ceux qui auront la charge de relever le Congo de ses ruines, sont l’unes des causes de l’écroulement du niveau scolaire de ces élèves.
Ceci dit, le niveau des élèves arrivant en bout de cycle secondaire (collège et lycée) laisse à désirer, tellement qu’ils ont des acquis très peu solides, voire quasi inexistants.
Ainsi, les élèves qui sortent frais moulus du secondaire pour l’université, n’ont malheureusement pas pour la plupart le niveau scolaire requis.
Au regard de ce qui a été dit précédemment, il apparaît clairement que l’université Denis Sassou-Nguesso de Kintélé, contraste avec l’ensemble des structures de base du système éducatif congolais.
Ce constat alarmiste pousse inéluctablement à redouter la nature d’émulation dans laquelle seront placés les étudiants congolais, face à leurs homologues : burkinabè, sénégalais, ou togolais, qui sortent des systèmes éducatifs mieux structurés.
Au lieu de se lancer dans des projets pharaoniques, le bon sens aurait donc voulu que l’on commence par viabiliser les conditions d’études dans les cycles précédant le cycle universitaire, afin de consolider les bases d’apprentissages de tous les élèves, dès le cycle primaire, de manière à les rendre aptes pour les études universitaires.
Délaisser l’école élémentaire, qui est le point de départ de toute aventure sociétale et civilisationnelle, au profit d’une université dite « panafricaine » est une fâcheuse manière de ne pas pallier la crise du système éducatif du Congo, et de ne pas faire grise mine en voyant les dangers qui guettent sa future élite, mais bien au contraire de déplacer un problème devenu récurrent et chronique.
Une fois qu’on a dit ça, on comprend aisément que cet édifice de KINTÉLÉ inauguré à moitié, qui porte curieusement le nom de Denis Sassou-Nguesso de son vivant, et qui toute proportion gardée suscite la curiosité au demeurant, reste un acte politique majeur inavoué, à la veille des élections présidentielles parodiées.
Espérons que l’exemple de l’université Marien Ngouabi, devenue un abîme et un vestige du passé, servira de leçon à toute une classe politique, encline à l’amateurisme et au déni des réalités que vivent les congolais au quotidien.
YA LUBU NINI NWETA NWETA NZOÏSTE L’EDUCATEUR.