Élections présidentielles du 21 mars au Congo-Brazzaville : Délitement des blocs structurants ou émergence d’une temporalité avant-gardiste ?

Depuis quelques jours, l’on assiste au déclin de la bipolarisation, encore mieux de l’expression d’une tendance en deux blocs politico-ethniques, qui ont toujours été le terreau des alliances et des querelles intestines de l’histoire culturelle et politique du Congo.
D’emblée, au sortir de la deuxième guerre mondiale, le microsome politique bipolarisé du Moyen-Congo, avait posé les jalons d’un échiquier politique aux relents ethniques mortifères.
Ces deux blocs structurants étaient incarnés dans la partie méridionale, par le parti progressiste congolais (PPC) du député Jean Félix-Tchicaya, l’union démocratique pour la défense et l’intérêt africain (l’UDDIA) de l’abbé Fulbert Youlou, et dans la partie septentrionale, par le mouvement socialiste africain (le MSA), du leader de l’opposition, Jacques Opangault, affilié à la section française de l’internationale ouvrière (le SFIO).
Cette configuration politique non triée sur le volet, avait donc jeter les bases d’un multipartisme gangrené dès le début, par les puanteurs d’un tribalisme aux conséquences insoupçonnées, avec à la clé, l’instrumentalisation de l’ethnie à des fins d’appropriation du pouvoir.

Pris dans la tenaille d’un chemin désormais balisé, dès lors, l’ossature des partis politiques au Congo se dessinent malheureusement sur les bases ethniques et tribales, favorisant à l’occasion, l’ethnicisation et l’homogénéisation des quartiers périphériques des grandes métropoles du Congo, même si Brazzaville et Pointe-Noire demeurent dans une certaine mesure des agglomérations cosmopolites.
La période monopartiste, avec le PCT comme parti unique au pouvoir, va advenir manu militari, et souffler sur les braises d’un régionalisme postcolonial prédéterminé.
Désormais, le parti dirige un État fantôme, puisque cet État fait office de bouclier cachant derrière lui : la région, la tribu, l’ethnie, le village, le clan, le favoritisme, etc, créant à cet effet des problèmes d’altérité entre différentes communautés au sein d’un même pays.
La conférence nationale souveraine, en 1991, va mettre un terme au monopartisme, sans éteindre les flammes d’un tribalisme exaspéré par la survivance du PCT, et par la venue de nouveaux partis politiques tels que le MCDDI, l’UPADS, le RDD, le RDPS etc, tous des partis politiques ayant pour bases électorales les régions de leurs figures tutélaires.
Cependant, les limites du PCT aidées par un président sortant dépassé par les événements, le chômage massif des jeunes du nord au sud du Congo, la paupérisation de plusieurs couches sociales, une famine qui a tendance à se généraliser sur le territoire national, semble bousculer les codes de cette bipolarisation arrivée certainement à son terme.
Cela étant, assiste-t-on à la fin d’un logiciel idéologique devenu obsolescent ? peut-on voir émerger désormais des alliances inédites entre les partis politiques du nord au sud du Congo ?
Et si cette nouvelle façon de faire de la politique au Congo, sonnait le glas de la fin d’un règne sans partage, et la prise de conscience d’un peuple longtemps mis de côté, par les administrateurs de la secte politique congolaise ?
Le temps est un meilleur allié, un excellent juge, un joueur avide et un ami pour tous ceux qui ont soif de justice.
Hasta la victoria siempre !

LUBU LUA CHE GUEVARA , NZOÏSTE REVOLUTION

Partager :