Les propos négationnistes de Paul Kagamé sur le génocide du Kivu : Félix Tshisekédi reste stoïque.

Alors que les déclarations du président rwandais sur la guerre du Kivu, suscitent l’indignation en RDC, le président Félix Tshisekédi répond avec prudence.
C’est en marge du sommet sur le financement des économies africaines que les propos du président rwandais ont suscité un vif tollé en RDC.
En effet, dans une interview accordée, lundi 17 mai à RFI et France 24, sur l’implication des armées étrangères, notamment celle du Rwanda, dans les crimes commis à l’est de la RDC, Paul Kagamé a botté en touche.
« Il n’y a pas eu de crime, absolument pas (…) », a-t-il affirmé sans ambages, dans une attitude déconcertante, qui n’a pas laissé sans voix, les 107 millions d’habitants du plus grand pays de l’Afrique subsaharienne.
Pour étayer ses propos, le président rwandais a par ailleurs fustigé, le docteur et Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, très impliqué dans la lutte et la reconnaissance des crimes commis dans l’est de la RDC, d’être « un outil de force que l’on ne voit pas ».
Il a en sus remis en question le rapport du projet Mapping, qui répertorie plus de 600 violations de droits humains commises en RDC entre 1993 et 2003, affirmant que d’autres rapports disent l’inverse.
Face à ce négationnisme assumé par le président rwandais, celui qui brigue actuellement la présidence de l’union africaine, le président Félix Tshisekédi, s’est montré prudent et apaisé.
Ce dernier récuse toute forme de polémique avec son homologue rwandais, et ne souhaite pas lui répondre par médias interposés, mais pense avoir d’autres voies pour le faire.

Le président de l’union africaine a affirmé en outre que le rapport Mapping n’est pas un document initié par la RDC, mais qu’il était plutôt un rapport onusien.

Au-delà du volet juridique, avec des poursuites transitionnelles ou pénales à la clé, il a plutôt mis l’accent sur la paix à l’intérieur de son pays, et avec ses voisins immédiats.
Enfin, il a rappelé que le docteur Denis Mukwege était une fierté nationale, en lui réaffirmant son affection et son soutien, pour son dévouement à la cause des femmes violées.

Entre rancœur et crispation, le rapprochement diplomatique de la RDC et du Rwanda, déjà difficile par le passé sur le plan sécuritaire, ne s’annonce pas aisé, tant l’apaisement entre ces deux pays s’inscrit dans un futur difficile à conjuguer pour l’instant.

Fredy St-Christian Dounat, Mwana Nzo.

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