A ceux qui cherchent une figure emblématique et paternaliste à la sape, le sacrifice de MATSWA ,n’est pas à diluer dans vos enfantillages.
Cette tendance au « m’as-tu vu » interpelle tout de même. Non pas pour atténuer votre élan à philosopher sur l’accoutrement de gens ordinaires, mais pour sonder les profondeurs du subconscient des jeunes de l’époque. Ces jeunes se trouvaient dans un contexte particulier où leur présence en France, hors d’Afrique, leur permettait d’échapper aux affres de la colonisation de leurs terres.
Le drame psychologique enfoui dans la mémoire de ces jeunes adultes semble être occulté dans votre volonté de présenter l’apparence vestimentaire comme l’apogée d’un art.
Bien s’habiller pouvait tout autant signifier que ces colonisés cherchaient à réduire l’éventuel complexe du colon qui se distinguait à l’indigène par son accoutrement et qui en faisait une extravagance et une insolence inaccessibles à l’indigène. Bien s’habiller dans ce contexte pouvait s’apparenter à une dynamique de conquête de la dignité et de la respectabilité qui rongeaient le colonisé dans son for intérieur.
Ce drame psychologique enfoui à divers niveaux de conscience devait inéluctablement s’exprimer sous diverses formes.
Bien s’habiller en était une.
Il n’y a donc pas de quoi en faire une apologie de la sape. D’autant plus que les concernés ne se sont jamais illustrés avec un langage ni une gesticulation particulière d’exhibition publique.
Ne confondons donc pas les époques.
Dans les années 30, les colonisés étaient dans une lutte de libération et de reconnaissance de leur humanité.
Depuis les années 80, les néo-colonisés sont dans l’auto-jouissance individuelle ou de groupe.