Le Dilemme de l’élite congolaise occidentalisée
La conjoncture internationale met en lumière l’apathie de l’élite congolaise europhile, plus précisément francophile. Depuis que la Russie a déclenché son opération spéciale sur l’Ukraine, les langues se sont tues, tétanisés dans une sorte d’étourdissement devant le spectacle où la France, leur puissance tutélaire galvanisée par l’OTAN, se montre impuissante face au rouleau compresseur de la Russie. Ce silence est la parfaite illustration à échelle réduite du régime du Congo-Brazzaville porté à bout de bras par cette même France. Rien d’étonnant que ses émules en fassent autant en mettant leurs langues dans les poches.
Pour autant, l’absence de prise de position ne signifie pas qu’ils en manquent. Bien au contraire, il faut comprendre par ce mutisme que leur opinion, si elle était publiquement exprimée, emprunterait des voies aux conséquences politiques désavantageuses à tout point de vue.
En effet, si l’opinion de cette élite épouse celle authentique africaine, alors elle risquerait d’anéantir ses chances auprès des officines élyséennes où l’élite congolaise mendie à n’en plus finir le soutien politique dans l’espoir de remplacer le régime en place au Congo.
A l’inverse, si l’opinion de cette élite épouse celle occidentale, alors c’est tout le crédit lié au bénéfice du doute qui s’épuiserait pour l’élite congolaise face à une opinion africaine majoritairement pro-Russe. Etonnant et controversé mutisme d’une élite qui s’accommode d’un Occident ayant violé sa dignité, sa culture et son humanité, mais qui ressemble à l’image d’un esclave de maison soucieux de son maître qui n’entrevoit nulle part où aller lorsque se présente l’opportunité de se libérer.
Devant un tel dilemme, qualifiable de faillite morale et intellectuelle devant l’Histoire, l’élite congolaise de France comme celle résidant au pays, adopte la posture de l’autruche. Toute lâcheté bue, cette posture dédouane de pression le régime de Brazzaville qui tente l’équilibrisme sur la ligne de crète diplomatique, craignant le coup de bâton de ses parrains français. Ce régime exhibe cette posture de l’élite pour s’exclamer « voilà à notre place, ils auraient agi pareillement ! » C’est à penser que cette culture politique a été léguée aux ex-pionniers exilés dans l’Hexagone qui ambitionnent un avenir politique parrainé tout comme ceux encombrant les rouages au pays. Cette posture est aussi le reflet, l’expression de ceux qui voient le monde sous le prisme français et qui pensent que la France est la voie incontournable pour l’exercice du pouvoir au Congo.
L’élite congolaise ignore-t-elle que l’Europe et l’Occident jouent leur va-tout dans cette guerre ? L’élite congolaise doit le comprendre et doit aussi penser à ses intérêts dans la nouvelle configuration géopolitique qui va résulter de l’initiative Russe. Ne pas s’y résoudre serait une lâcheté et une faute historique monumentale. Ce serait bien là la preuve de l’inconséquence politique d’une élite férue à la sapologie et autres mœurs sans valeur. Sur la même échelle, le régime de Brazzaville sera la risée de toute l’Afrique en s’accrochant à ses parrains occidentaux.
Jusque-là, seul le Grand Leader de BUNDU DIA KONGO, Ne Muanda NSemi, a exprimé publiquement son point de vue en donnant raison à la Russie (Kongo Dieto 1738 du 9 février 2015). Ce n’est pas un hasard ni un opportunisme sachant ce que peut coûter pareille prise de position dans une région sous l’emprise occidentale belgo-française. Ne Muanda NSemi est le seul Leader à posséder un projet politique souverainiste pour l’Afrique centrale : la Fédération de l’Union de NTimansi. Sa position est celle des panafricanistes ayant compris l’enjeu géopolitique qui se joue en Ukraine. Le succès de l’opération spéciale Russe ouvre la voie vers un monde multipolaire effectif. Ce succès marque la fin du dollar comme monnaie de réserve. Il marque aussi la fin de la domination occidentale sur le reste du monde. Enfin il marque le retour à une humanité moraliste et respectueuse des civilisations.
Ce n’est pas en se taisant par lâcheté qu’on se fait respecter. La crainte des élites de perdre les possessions immobilières et financières en Europe ou en France est criminelle dès lors que cette posture peut condamner notre civilisation à subir davantage l’hégémonie occidentale. Car l’Afrique est devant un problème de civilisation qui demande de dépasser l’égoïsme des intérêts privés. Les populations africaines l’ont compris. Mais les élites et les régimes habitués à tourner les canons vers leurs peuples trahissent une fois de plus cette aspiration.
Quoiqu’il en soit, les conditions géopolitiques nouvelles ne permettront plus à la France de sévir en Afrique comme elle agissait dans le passé. Au sein de l’Europe, elle va se retrouver face à l’Allemagne remilitarisée. Rien que cette donne ne lui permettra plus de jouer les gendarmes de l’Europe ni de servir de sous-traitant de la sécurité de l’Europe.
La Françafrique se noie dans son propre océan d’injustices et d’immoralité doublé de terrorisme d’Etat institutionnalisé. Les godillots intronisés en Afrique observent en temps réel, en mondovision, la déchéance de leurs protecteurs occidentaux. Dans le même temps, ils sont incapables d’initiatives de sortie de tutelle parce qu’eux-mêmes illégitimes craignent la déchéance dans leurs pays. Tous leurs schémas de pérennisation au pouvoir vont tomber. Et les peuples vont l’initiative des pères nationalistes et souverainistes de l’indépendance. L’Afrique sera reconfigurée territorialement selon les liens culturels unissant les peuples et reprendre sa marche d’évolution stoppée par l’esclavage, la colonisation et la phagocytose des Etats fantoches serviles des intérêts occidentaux.
De même, avec la chute de l’Occident, les élites occidentalisées qui ne comptent que sur l’échelle de l’Occident comme marche pieds d’ascension sociale et d’accession au pouvoir ne sauront plus à qui marchander la légitimité.
Voilà le dilemme !
L’ère du Verseau, c’est le temps des civilisations humaines respectueuses de la vie et de l’humain. L’Occident insolente et orgueilleuse apprendra qu’il n’y a pas de tiers monde, que le monde est un et en société la force ne peut constituer de fondement du droit.
Comme le dit la sagesse Kongo :
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Autour du foyer familial, le fou comme le lucide ont chacun leur place.
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Dans le village, le riche comme le pauvre ont chacun droit au respect et à la parole. Et le fort comme le faible ont chacun les mêmes droits.
Le NZOISTE.