Enjeu de civilisation : Dispositions pour l’Afrique

Partant  des discours de Tony Blair, premier ministre Britannique, qui soutenait l’idée « L’Afrique notre intérêt commun ». Cette expression exprimait, non pas un regard humaniste, mais plutôt la volonté de regarder l’Afrique comme leur intérêt commun, l’intérêt des occidentaux.

En d’autres termes, un dévolu sur l’Afrique. C’est-à-dire une Afrique sans les africains. A la suite de cette intention, tous les présidents français qui se sont succédés depuis Mitterrand n’ont de cesse de pointer du doigt la démographie africaine.

Cette concomitance des déclarations n’est nullement une bienveillance sur le continent. Elle relève plutôt d’une volonté d’accaparer le continent Africain, terre riche en eau potable, terre agricole et terre minières convoitées par l’Occident qui ne cherchent que des réserves de richesses à son profit après avoir englouti celles dont la nature lui a fait don.

Si Berlin en 1885 avait déclenché la conquête de l’Afrique, le dessein nouveau de l’Occident est de reprendre cette entreprise inachevée en dépossédant purement et simplement tout ce contient en s’y établissant définitivement à l’image de l’Australie à l’égard des aborigènes.

Sombre destin que l’Occident projette sur l’Afrique.

Pendant plus d’un quart de siècle, l’Occident a conçu son projet funeste sur l’Afrique. Ces temps-ci sonnent la concrétisation de ce projet déclenchée par la guerre bactériologique du Covid-19 dont l’objectif premier est la diminution drastique de la démographie mondiale, particulièrement de l’Afrique. Quelle monstruosité, quand on sait que la densité en Afrique atteint juste 29,19 habitants au km2, alors que celle de l’Europe est de 73,15 habitants/km2. L’apocalypse des occidentaux ou l’Armageddon des Américains se trouve stoppé par la guerre d’Ukraine. Mais cette guerre est juste une étape dans l’esprit des Occidentaux, car la prochaine étape est l’Afrique. En raison de l’effritement des ressources provenant de la Russie qui leur fera se tourner vers un autre eldorado que représente à leurs yeux l’Afrique.

Ce faisant, une Afrique recolonisée n’est plus une vue de l’esprit. C’est un projet réel. Conjurant ce malheur , Dans pareilles circonstances, quelles seraient les responsabilités au niveau africain : serait-ce aux populations, aux élites ou aux dirigeants ?

Si l’esclavage a surpris l’Afrique en son temps, une recolonisation ne pourrait pas se baser sur l’excuse de surprise qui signifierait une carence congénitale à faire face aux enjeux du monde, particulièrement à l’agression des occidentaux, car un homme averti en vaut deux.

Accabler les populations serait une réprimande en dernier ressort. Sous éduquées (sous instruites), et pour certaines déracinées culturellement, la résistance des populations africaines est un baroud d’honneur certes qui en vaudrait la peine. Parce que cette sous instruction est aussi une sous armure qui résulte du fait que la société civile a perdu l’initiative de son développement à cause de la longue campagne où les traditions ont été considérées comme une intelligence incompatible à la modernité. Cette sous instruction s’avère un handicap majeur à la compréhension des enjeux, et par incidence, s’avère aussi une défaillance à les affronter.

Accabler les élites n’est que logique. Les élites instruites dans la tradition et qui maîtrisent les paradigmes occidentaux sont marginales et peu audibles. Les élites occidentalisées ont l’encéphale corrompue et représentent des chevaux de Troie naïfs pour le continent. Quand ces dernières réalisent leurs bêtises, il est souvent trop tard. Elles croient à « l’empire du mensonge » tel que défini par le président Russe Poutine. Elles sont formatées aux paradigmes occidentaux qu’elles appliquent sans le moindre doute. Ces consommateurs et perroquets des théories occidentales du bien et du mal, de la vertu et du vice, sont en panne d’initiatives lorsque la nature les confronte cruellement face à leurs protecteurs.

Accabler les dirigeants de l’Afrique est indiscutable parce que ces derniers portent une lourde responsabilité. La grande majorité sont les auteurs de la perméabilité du continent aux influences extérieures. Particulièrement, les godillots pompeusement appelés chef d’Etat, sont les auteurs de l’affaiblissement culturel et traditionnel des populations. Des cocus de l’Occident, à l’image d’une victime se liant d’amitié avec son violeur, ils croient à l’amitié pendant que les autres affirment n’avoir que des intérêts. Face à cette catégorie de personnes, l’excuse n’est pas permise. Même si ces dirigeants détiennent la légalité, mais la légitimité revient aux peuples qui sont appelés à reprendre l’initiative dès lors qu’ils constatent l’inertie criminelle de ces godillots devant la menace occidentale qui se fait chaque jour plus visible.

Ce constat fait, l’Afrique ne doit pas rester attentiste en laissant le monde se reconfigurer sans défendre ses intérêts. Parce que le corollaire de l’enjeu Ukrainien est l’Afrique. L’échec des Occidentaux en Ukraine synonyme d’amputation des ressources pétrolières et gazières de la Russie, et le lot des conséquences qui en découleraient, amèneraient les Occidentaux à se ruer sur l’Afrique pour s’approprier l’équivalent des ressources que leur priverait l’échec de la campagne contre la Russie. Chacun sait que l’impérialisme avance sans demander permission à ses cibles. Et la nature prédatrice de l’Occident est bien connue, fortement illustrée par les guerres de prédation pour des épices des indes. Dans ce contexte et dans ces conditions, l’avidité et la brutalité qui accompagneraient cette ruée se traduirait par la recolonisation.

En prévision de ce projet, et par anticipation, l’Afrique doit prendre des initiatives en toute légitimité, en ayant conscience des menaces immédiates qui pèsent sur elle par rapport aux défis venant de l’extérieur. Ces menaces sont :

  • Une menace sécuritaire, parce que la recolonisation ne sera pas une aventure pacifique. C’est une guerre.

  • Une menace financière parce que l’argent est le nerf de la guerre et la dette est une arme économique à l’avantage de l’occident.

  • Une menace énergétique parce que la guerre utilise l’économie pour affaiblir l’adversaire et que l’Afrique, bien que productrice de pétrole, importe le carburant et autres produits finis de l’industrie pétrolière.

  • Une menace alimentaire parce qu’on ne résiste pas le ventre affamé et que l’Afrique consomme trop de denrées d’importation.

Bref, les initiatives africaines doivent en tout premier lieu éliminer tous les facteurs de dépendance avec l’Occident en tout premier lieu et le reste du monde.

Tout d’abord, il convient de considérer l’Afrique dans sa globalité et sous sa réalité factuelle. L’Afrique n’est pas une entité politique monobloc ni univoque.

Il est nécessaire que les pays d’Afrique, parlant d’une seule voix, demandent à l’ONU la dissolution de l’OTAN. Cette organisation existe hors du contrôle de la communauté internationale représentée par l’ensemble des sièges au sein de l’ONU. Parce que l’OTAN est la plus grande organisation qui menace la paix dans le monde.

Dans le même ordre d’idée, le droit de veto ne doit plus exister au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU. Seul l’unanimité des membres doit faire force de loi après que l’Assemblée Générale se soit prononcée, au préalable, sur une requête ou par auto-saisine. Parce que le droit international doit être révisé et doit reposer sur des normes morales et humaines acceptables par tous. Considérant que la loi du plus fort est une hérésie par rapport à la sagesse humaine.

La menace sécuritaire en Afrique a comme prémisses inquiétantes le Mali. Anticiper l’intention occidentale de recolonisation nécessite que chaque Etat africain appui militairement le Mali et agisse comme une seule armée pour rétablir l’ordre et la paix dans le sahel où la France et ses alliés ont implanté le djihadisme. Que chaque pays envoie un contingent de mille hommes et du matériel représenterait une campagne si imposante que les envahisseurs plieraient bagages sans tambour ni trompette. L’Afrique ne doit pas se contenter des partenaires puissants comme la Russie ou la Chine pour sa sécurité.

Dans ce sens, concevoir un traité de défense africain semblable à l’OTAN pour défendre le continent, à défaut d’une dissolution de l’OTAN, serait une initiative louable. Parce que c’est ensemble que l’Occident nous a colonisé, c’est aussi ensemble que nous devons nous défendre en formant un bloc géopolitique hermétique. Tel est notre destin. Ce n’est pas pour revivre l’exploit des terroristes occidentaux que nos ancêtres se sont battus en luttant contre l’esclavage et contre la colonisation.

L’Afrique des petits intérêts au profit des godillots vigiles des enclos coloniaux doit cesser, au même titre celle de la beuverie et des mœurs légères. L’Afrique unie militairement aura l’avantage de se prémunir intérieurement des conflits endogènes et des agressions extérieures. L’Occident a ignoré le sacrifice des africains et des noirs américains pour sa liberté contre le nazisme. Il est temps de le lui rappeler avec détermination.

La menace énergétique est réelle. L’Afrique doit assurer son indépendance énergétique. Il est illogique de disposer des puits de pétrole sans disposer de raffineries locales capable de répondre aux besoins nationaux et/ou régionaux. La coopération inter-état africains doit s’illustrer à ce niveau sans plus tarder. Gouverner c’est prévoir. L’absence d’industrie pétrolière fait subir aux producteurs africains les fluctuations des prix sur ce marché.

Ensuite, l’Afrique doit s’autosuffire sur le plan alimentaire. C’est une question primordiale de survie et de bon sens. L’Afrique antique a longtemps été le grenier du monde avec sa production de blé. Le blé, aliment de conservation durable, est un aliment africain. Les occidentaux, qui ont provoqué l’écroulement de l’Egypte antique, se sont emparés de cette agriculture, tout en détruisant les capacités agricoles africaines, pour projeter la famine sur le continent. Il est plus que temps de se réapproprier cette culture. A ce niveau, le droit de propriété sur le vivant, tel qu’orchestré par Monsanto, doit être dénoncé à l’ONU et tout faire pour l’abolir.

L’Afrique doit disposer d’une monnaie propre à l’échelle du continent et d’une Banque Centrale pour la défendre. Cette entreprise signifie l’exigence de rapatriement de tout l’Or africain accumulé à la Banque de France. Ceci pour mettre fin à l’arnaque financière du bloc occidental, notamment français. Et toute transaction avec l’Afrique, dont celle-ci sera le créancier, devra se faire en partie ou en totalité dans cette monnaie, au nom du sacrosaint principe de la souveraineté monétaire. Transaction en partie, pour la stabilité monétaire et le reste dans une devise forte. Parce que toute transaction en totalité, reviendrait à se priver de devises. Toutefois, le choix de la devise, dans le cas d’une Afrique créancière, devra être dicté par elle-même. Telle est la parade pour endiguer la menace financière et l’emprise des institutions de Bretton Woods dont il faudra se passer.

Par ailleurs, dans toutes les institutions africaines, la présence occidentale doit être proscrite. La confidentialité des informations est à ce prix. L’Afrique et le reste du monde ne pourront se retrouver dans des institutions que celles internationales jugées utiles par elle et pour elle.

Dans la panoplie des dispositions à prendre, l’Afrique doit soutenir la création d’un média international, à l’image d’Al Jazeera, pour maîtriser sa communication et éviter la chappe de plomb médiatique occidentale qui s’abat et égare sa population. Car la campagne médiatique occidentale, notamment française, qui s’illustre déjà à l’égard du Mali et sur la crise d’Ukraine ira en s’accentuant. Afrique Média est un fondement à développer et à globaliser à l’échelle Mondiale.

Enfin, abordant la question démocratique des Etats actuels, l’urgence n’est pas de ce côté. Bien sûr que des régimes criminogènes doivent être purgés sans délai. Leur ADN idéologique destructrice doit être effacé dans la terre des hommes. Car l’humain est le premier capital d’un Etat ou d’une société. Et en ce sens, le défi qui se présente à l’Afrique nécessite la conjugaison des intelligences sans laquelle le développement ne sera qu’une entreprise boiteuse et vulnérable. Dès lors qu’un dirigeant africain est conforme à l’idéal africain de paix, de souveraineté politique alimentaire et spirituelle, à l’idéal de développement culturel social économique et financière, et à l’idéal de puissance sécuritaire pour le continent, le problème démocratique devient secondaire. L’Afrique des royautés a été un espace de haute moralité, de paix et de sociabilité sans équivalent. Cet équilibre, qui a été rompu par des influences extérieurs, a enfermé l’Afrique dans des Etats enclos sous domination occidentale dont le modèle démocratique n’est qu’un leurre ; à l’image des répressions qui accompagnent les manifestations de leurs citoyens pourtant tributaires du vox populi, base de cette doctrine. La démocratie en Afrique des royautés était articulée autour des entités fédérées. C’était une démocratie configurée par la dynamique des sociologies autonomes. C’est cette Afrique qu’il va falloir réinventer pour reconfigurer l’Afrique en abattant les frontières coloniales. Ce travail est facile en se basant rigoureusement sur les cartes géopolitiques précoloniales.

En définitive, face aux enjeux du monde et aux risques auxquels s’expose l’Afrique, l’Afrique doit impérativement être purgée des potentats inutiles qui l’expose à une recolonisation et à un effacement de ses populations d’origine. Pour ce challenge, les élites et les populations doivent se mettre en mouvement, conscients de leur rôle historique. Parce que, tout comme l’existence est le fruit de sacrifices, l’Histoire est le résultat des luttes. Et l’avenir n’est pas une promesse. L’avenir est ce que l’on conçoit avec justesse.

Né-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu

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