POINT DE VUE DE CICERON MASSAMBA A PROPOS DE L’HERITAGE DES GRANDS LEADERS.

Dans sa dernière publication, la tribune le  » NZOÏSME » animée par Armand Mandziono interrogeait le destin de tous ceux qui se prétendirent héritiers, selon ses propres mots, du temps de leurs illustres aînés , et dont le silence accablant, sinon assourdissant désespère, voire intrigue.

Tout ne semblerait s’être pas écroulé dans le sillage de la disparition de leurs leaders , s’interroge ainsi le Nzoïsme.
En apostrophant ces présumés disciples, les uns et les autres de ces héritiers, Mandziono a nul doute, à cœur, de consolider la position qui est constamment la sienne, celle d’éveilleur de conscience, et qui a fait de lui, in fine, une identité remarquable au sein de la Diaspora congolaise de France, une pièce maîtresse pour la résurrection du combat politique d’aujourd’hui.
Avec la foi de charbonnier qui l’habite, il n’a de cesse de secouer le cocotier, de labourer le champ pour ensemencer les germes d’une récolte future.
Pour ma part, pour avoir côtoyé un illustre aîné, en la personne de Aimé Matsika, j’apporte ici des éléments de réponse pour à la fois honorer la pertinence du propos du NZOÏSTE , éponger sa soif de connaître mais aussi éclairer l’opinion sur ma position personnelle, qui n’engage que ma seule personne.
En effet, ce questionnement nous ramène sur les fonts baptismaux de ce deuil qui m’a doublement affecté à la fois par la disparition de cet être cher , dont tout le monde conviendra qu’il fut pour moi un mentor, tant ses préceptes et enseignements ont du imprégné ma conscience d’homme et façonné le politique que je deviens . Et, surtout de par la frustration que je ressentis lorsque le corps de ce dernier fut acheminé au Pays, à notre insu, les nombreux amis et moi-même qui entendions saluer la mémoire de ce grand homme .
Au grand étonnement et désespoir, nous, qui sur la place de Paris, où il naquit des longues années durant, pensions dignement lui rendre cet hommage.

Les photos des seuls hommages qui lui furent rendus au palais du parlement nous parvinrent, ajoutant la colère à cette même frustration, comme pour dire que la famille biologique avait fait valoir son droit de regard, exclusif. Je n’avais que mes larmes pour pleurer.
Nous fûmes dépossédés sinon floués par cette décision imprévisible que déconcertante.
Ni l’oraison funèbre , ni autres discours d’adieu apprêtés en la circonstance ne purent être prononcés par tout ce beau monde qui lorgnait de mon côté pour en savoir sur le calendrier des obsèques.

Or, On aurait souhaité nous voir offrir cette ultime occasion à la manière de ce qu’on a pu constater au sujet du doyen William Otta et autres personnalités, mais hélas nous fûmes privés de requiem, et dûmes nous résignés ainsi à regarder le cours des choses.

Que dire d’un tel personnage ?

J’ai, en tout cas, beaucoup appris à ces côtés. Faut-il rappeler que c’est par lui que vint la révolution au Congo. Lui et ses amis amenèrent la révolution à bon port, sans fioritures, ni à priori communautaire.
Matsika était ancré dans sa culture Kongo, ce qui ne l’éloigna point de son idéal, de cet élan de grand patriote dont ‘on lui reconnaissait, comme le prouve son ouvrage manifestement , publié aux éditions PAARI, et qui l’un de ses nombreux témoignages à son attachement à l’ idée de Nation.
Ses références aux valeurs Kongo, le  » kimountou, » cette croyance en l’homme, au respect de ses droits et valeurs lui préféra le communisme au capitalisme, dont les méfaits avaient fait de l’humain qu’une marchandise et de nos pays de la périphérie que les terres de lumpen- prolétariat. C’est dans l’union des forces que se trouve la planche du salut, aimait-il à répéter.
Souhaitant, de facto, l’unité des congolais, le rassemblement des peuples Cet ouvrage sonne le tocsin de l’apartheid, lequel mine le Congo d’aujourd’hui, remettant ainsi à l’heure les pendules afin que soit retrouvé l’esprit fondateur de la République à ses débuts.
Ces préalables paraissaient nécessaires pour situer le contexte et, peut-être, en informer ceux qui en étaient encore à se demander du black-out qui a prévalu sur cette disparition.
Je partage cet héritage avec le ministre et ami Bonaventure Mbaya, ce frère jumeau, comme le défunt aimait tant nous appeler. Cette belle expression illustratrice de l’ambition que cet homme nourrissait sur nous, qui nous fut alors consacrée à tous les deux par le disparu. Bonaventure, auquel je pense me joindre, si l’occasion nous est donné, de lui rendre à notre manière toute notre reconnaissance et hommage à celui qui nous a considéré comme ses fils spirituels, dans la droite ligne de la philosophie, des idées et pensées qui structuraient ses batailles politiques .
Quel est donc l’apport de Aimée Matsika, me concernant ! Matsika m’a arraché de l’individualisme, qui dort en chacun de nous, en m »apprenant la valeur transcendantale que constitue l’humain, et donc ce que doit être la finalité du combat politique. Réunir les siens pour une juste cause. De là, est né le  »COMITÉ de Liaison’ ‘, qui est ce confluent où se doivent de converger les forces pour à la fois, une unité organisationnelle et d’actions.
Face au vide sidéral occasionné par la désorganisation totale en lien avec la multiplicité des chapelles et donc vacuité à tout sens de l’union dans la diaspora , le Comité assure une soudure, en permettant aux uns et aux autres d’échanger sereinement, de mieux se connaître et de construire un projet communautaire commun.
Sans distinction d’origines , ni de sexes , le comité est ce lieu où les congolais de tous horizons se croisent ,se mêlent, s’apprécient, lancent les alertes et aiguisent leurs points de vue pour les bienfaits de la nation.

Faut il rappeler, ici, tout l’intérêt du  » Manifeste pour le Pool » que j’écrivis en son temps, pour rappeler aux fils et filles du Congo leur devoir de solidarité, comme pour imprimer dans leurs consciences que le Congo est un, et donc indivisible, bien qu’il faille comprendre l’exaspération de ceux qui veulent la partition, mais sans nécessairement les soutenir.
Dans le même élan, saisissant l’occasion que fut la grande conférence organisée par le leader actuel de l’opposition, Clément Mierassa, devant un parterre de la communauté congolaise de France réunie, à Paris, j’exprimai et confiais à ce dernier un message fort qui était le mien, à savoir convier l’opposition congolaise à se faire l’apôtre, auprès des populations, de la cause du pool, en les conviant à former une chaîne humaine autour de la question du pool sur le modèle de Charlie, en France.
Le slogan : » nous sommes tous le pool  » visait à conférer un poids politique exclusif à la question afin de le sortir du guet-apens guerrier dans lequel on a cherché à l’enfermer.
Ainsi donc la question devenait essentiellement politique et trouvait une solution politique.
Comme quoi, je continue assidûment à apporter ma pierre à l’édifice, en dépit des vicissitudes que peuvent parfois représenter l’esprit retors et un orgueil démesuré, réfractaires à toute idée d’union ou de rassemblement.
Une chose est sûre, la politique n’est pas faite de consensus mais de majorité. C’est donc sur cette majorité d’idées que nous travaillons.
En conclusion Nous demandons au NZOÏSME de bien vouloir avoir l’amabilité de publier l’oraison funèbre que je n’ai jamais eu l’occasion de prononcé dans un prochain numéro.

CICERON MASSAMBA

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