En 1963, Monsieur Noumazalayi posait la question « dans un Congo où le nord est minoritaire, comment faire pour qu’un fils du nord dirige un jour ce pays ? » Cette question augurait le recours au coup d’État comme moyen d’accession au pouvoir. Ce qui fut fait, accompagné de l’idéologie martiale « le pouvoir se trouve au bout du fusil. » Mais, après une longue période d’exercice du pouvoir, l’expérience laisse la place aux inquiétudes et aux angoisses. Ces angoisses ont une cause profonde explicable à partir des actes couronnant le long règne nordiste où les adeptes du « pouvoir du nord » n’ont pas su ou voulu gommer les aspects qui entravaient cette possibilité. Cette minorité sociologique aurait pu agir en édifiant une république capable de permettre à tout citoyen Congolais, d’où qu’il naisse, d’avoir sa chance d’exercer la magistrature suprême. Plus précisément, elle aurait pu faire en sorte que l’exercice du pouvoir ne soit ni un enjeu géopolitique ni un enjeu identitaire. Ainsi, la politique aurait été décorrélée de l’existentiel individuel et ethnique. Hélas ! Ces inquiétudes sont une relation de cause à effet. Elles sont le reflet des consciences au passif lourd qui redoutent un futur imprévisible relatif aux responsabilités du passé. Nul doute qu’un retour à la vie ordinaire expose chacun à répondre individuellement de ses actes.
L’avenir des Mbochis est une crise de conscience qui conjure les incertitudes du futur. Ces inquiétudes émergent des profondeurs de l’âme du régime qui sévit au Congo dont les dignitaires revendiquent le titre de « guerriers ». D’une part, par référence aux campagnes militaires du coup d’État et du génocide contre les ressortissants de la région du Pool ; D’autre part, pour affirmer leur nature originelle. Ce titre est devenu un passe-droit politique. Pour comprendre cette crise de conscience, une analyse anthropologique et métaphysique s’impose.
Les théoriciens de la métaphysique politique conçoivent la gouvernance d’un territoire, à fortiori d’un pays, en termes d’univers composé d’entités ayant vocation à vivre dans l’harmonie et l’équilibre. Cet univers, perçu en un tout englobant et globalisant, est une unité à construire à travers un processus qui concilie les composantes endogènes dans un pacte fondateur inviolable et invulnérable aux remous en surface.
Le Congo, sur le plan métaphysique, est une escroquerie. Il a été conçu par des acteurs extérieurs, dont la symbolique l’a fait passer de protectorat français à république. Cette subtilité fait qu’en réalité il reste une possession française. D’ailleurs la France ne manque aucune occasion pour exercer sa tutelle en changeant selon ses humeurs (intérêts) le régime local. Historiquement, la France a transmis aux Congolais une entité avec un ver dans le fruit sur la forme et dans le fond.
Sur la forme, ce ver est la présence en terres Kongo des sociologies déportées, dont les Abbey de Côte d’Ivoire, étrangères à la culture Bantu.
Dans le fond, le pouvoir a été transmis à un parti majoritaire sans construire au préalable le soubassement nécessaire pour gouverner moralement et spirituellement l’espace de façon à garantir la cohésion et l’équilibre. La construction de ce soubassement n’était évidemment pas du ressort de la France. Il incombe, c’est toujours d’actualité, aux Congolais de le réaliser. Les parties en présence ne montrent pas d’intérêt supérieur à réparer cette construction bancale par un processus traditionnel.
Du point de vue métaphysique, le Congo est vide du principe transcendantal dont la nature est d’être insensible aux intérêts individuels et aux interactions extérieures. Ce principe est l’élément fondamental qui gouverne spirituellement un espace territorial. Privé de cette protection spirituelle, le Congo est un corps sans âme. Or l’âme est ce substrat immatériel qui canalise l’énergie d’un corps.
Du point de vue anthropologique, au Congo, on a affaire à des personnes de l’ethnie Mbochi qui cultivent le particularisme micro ethnique du terroir de Tsambitso, une bourgade d’Oyo. Les Mbochi sont une génération de Congolais dont les parents sont arrivés au Congo en 1908 par la déportation coloniale des Abbey. Ce ne sont pas des autochtones. Leur présence est une greffe coloniale. Leur mentalité est celle des occupants qui par nature cherchent à se faire de la place. Ils se sont accaparés d’une terre qui ne leur appartient pas. Leur culture étant exogène à celle du milieu qu’ils occupent, leurs actes sont par essence contre nature. Parvenus au pouvoir encore par le fait colonial (assassinat de Ngouabi de l’ethnie Kouyou, puis coup d’État de la France contre la république issue de la Conférence Nationale Souveraine), ils transposent leur culture d’accaparement dans les sphères de l’État. Accaparement des fonctions, accaparement des ressources. C’est un niveau d’agissement jamais atteint aussi loin que l’on remonte en Afrique antique, impériale et post-coloniale.
Le régime au pouvoir au Congo est piloté par le clan mbochi conscient de ses méfaits. L’illustration en est donnée par la déclaration publique de Dominique Okemba, un diggnitaire du régime, en ces termes : « nous avons tué au Pool et le ciel n’est pas tombé ! » Mais, cette exubérance n’exonère pour autant pas le clan d’être à l’abri des soucis. En effet, au cours du procès en Mai 2018 sur des soupçons de coup d’Etat, le général Nianga-MBouala lève le voile sur les cogitations autour de « l’avenir des mbochis. »
Ces cogitations ne sont pas une prise de conscience qui tracerait une ligne de démarcation vectrice d’une morale républicaine. Elles sont une réflexion interne de l’élite Mbochi sur le maintien du statu quo sur la gouvernance du pays. De ce fait, on peut légitimement se demander : où en est la réflexion ? Mieux, quelle solution l’élite Mbochi préconise t-elle pour dissiper les inquiétudes et adopter une logique républicaine ? Cinq ans après, c’est la sécheresse intellectuelle comme si le clan faisait face à un problème insoluble ou comme s’il se trouvait dans un indéterminisme, une impasse.
Analysons les causes et l’origine de la crise d’angoisses de l’élite mbochi.
Comment une sociologie greffée en terre étrangère, une sociologie aux mœurs barbares telles que le décrit Edmond Dominique Hubert Ponel en juin 1885, pouvait-elle appréhender la pensée des peuples bantu lorsqu’ils l’ont juste exploré en surface ? En s’emparant du pouvoir, aidée par la France par ruses, intrigues et violence, son leader se mit à gérer une société sans transcender le parti-pris ni cultiver l’amour du pays. Ces manquements philosophiques et spirituels l’amènent à pratiquer du machiavélisme, la théorie des pratiques qui vident la morale du champ politique. Ces pratiques se fondent sur le rapport de force et la prédation sous toutes ses formes. Ces pratiques sont inconcevables chez les Kongos et dans la Maât.
Le pouvoir, au sens métaphysique, émane des arcanes supérieurs. A l’instar des Ntotila Kongo dont le pouvoir relevait des Grands Maître du Bukongo. On ne peut pas laisser une institution, avec une autorité impactant fortement la vie collective, aux mains de personnes qui transposent leur culture au sommet de l’Etat et agissent selon leurs désidératas personnels.
Les ancêtres évolués, et le professeur MBong Bassong l’explique très bien, pour édifier des sociétés africaines impériales et les royaumes, ont calqué l’organisation sociétale sur le modèle du cosmos. L’univers étant régi selon une configuration fédérale englobant. Le microcosme que représente la société humaine reprend ce cosmotheisme pour permettre aux hommes de vivre en harmonie et préserver l’âme de chaque entité (individu, groupe d’individus ou ethnie) qui la compose.
L’éthique qui régit la politique chez les Bantu est codifiée dans le Kimuntu (UBUNTU chez les Zulu qui traduit la même sémantique). D’évidence, prédater la terre et les ressources d’autrui est relativement bien plus facile. Mais comprendre et intégrer la profondeur de la pensée d’autrui est bien plus ardu. Parce que l’intégrer c’est changer de nature ou coexister de façon intelligible. Un proverbe Kongo dit que « Soba nsi, soba ndiatulu. » En changeant de pays/terre, changes aussi le comportement, bien entendu dans le bon sens. C’est la loi de l’adaptation. Mais à l’évidence, les Mbochi n’ont rien compris à la culture Bantu parce que ce sont des parasites greffés en terre Kongo.
Le Kimuntu stipule aussi que « Kiame i vua, kieto ka vua ko ! ». C’est-à-dire, le mien m’appartient, ce qui est commun ne m’appartient pas. C’est cette culture exaltée par le président Massamba-Debat qui ramenait au Trésor Public l’argent inutilisé de ses voyages.
Ses successeurs nordistes n’ont pas pu appréhender cette éthique financière orthodoxe à l’ADN bantu. Le clan Mbochi inonde le Congo de contre-exemples. Prenons le cas De Lékounzou-Iti-Osse-Toumba. Ce dernier ayant provoqué la faillite de SOTEXCO fut ensuite promu à des responsabilités encore plus grandes. Cela en dit long sur la non-imprégnation de l’éthique. Comble d’ironie, cet ancien directeur créera l’association Marien Ngouabi & Ethique en pleine opération MOUEBARA massacrant les populations dans la région du Pool.
Cette association aurait pu servir de plateforme d’éveil morale, voire de dynamique correctrice des injustices et anti-valeurs déferlant au sein du régime autoproclamé. Mais le débat intellectuel a viré à la personnification des courants au PCT, puis au cauchemar avec la neutralisation par empoisonnement du chef des conservateurs. Le même Lékounzou qui, quelques années auparavant, avait comploté à l’élimination physique du président Ngouabi qui avait eu le malheur d’annoncer ses intentions au cours d’un discours en ces termes « ceux qui sont montés trop vite très haut et qui détournent le bien public à leur propre profit doivent redescendre ». Ses compères ne lui ont laissé aucune chance pour accomplir ses desseins. Tu avances nous te suivons ; tu t’arrêtes nous te pointons ; tu recules nous t’abattons. Ses camarades du parti unique ont appliqué cette maxime en lui tranchant la carotide. Fermons la parenthèse !
Tout ceci permet de comprendre que, survoler le savoir culturel d’un peuple sans disposer de la structure mentale pour le comprendre, conduit à l’égarement. Lorsqu’on détourne son regard des entités que l’on gouverne et que l’on fait l’apologie de l’individu (le culte de la personnalité où l’individu prime sur le collectif), ce n’est plus de la politique. On rentre dans une mafia, dans le terrorisme d’État envers les entités que le pouvoir est sensé gouverner.
Dans l’univers, chaque astre a ses lois ; chaque galaxie a ses lois. Et l’ensemble du système régissant ces astres fonctionne en harmonie et en équilibre. C’est ce modèle que nos ancêtres ont reproduit et institué pour permettre aux âmes incarnées de vivre en harmonie et d’évoluer en équilibre avec la nature. C’est la traduction symbolique de « ce qui est en haut est comme ce qui est bas ». La fédération des entités autonomes.
Dans ce modèle, il n’y a pas la rivalité au sens concurrentiel. La terre n’est pas en concurrence avec Mars. De même, les ethnies ne rentrent pas en concurrence les unes les autres dans un système bien structuré. Précisions que l’absence de concurrence n’exclue pas la compétition dans une forme de saine émulation. Suivant une éthique morale et spirituelle, les individus accèdent aux responsabilités ou rétrogradent.
Dans ce modèle, l’ascenseur social ne fait pas place au favoritisme comme celle qui a cours actuellement en Afrique et au Congo où des individus mal intentionnés accaparent le pouvoir pour le pouvoir et utilisent la manipulation, des subterfuges, pour le conserver.
Dans le cas d’espèce, quelle est la solution préconisée par l’élite Mbochi ?
Tout d’abord, les Mbochi n’ont aucune raison de s’inquiéter de l’avenir dans le sens où l’entend ce général difforme Nianga-Mbouala. Les personnes inquiètes sont celles ayant participé aux sales besognes de leur chef et les auteurs d’actes illicites répréhensibles. Point d’amalgame ! Les Bantu sont une civilisation multi millénaire dotée de hautes valeurs morales de la Maât depuis l’Egypte antique. L’élément perturbateur qui a été introduit en terres Kongo ne réussira pas à dévier ce peuple civilisationnel de sa trajectoire.
L’avenir des Mbochis ne se trouve pas dans la succession dynastique.
Cette succession dynastique, telle que le conçoit Sassou-Nguesso, le marionnettiste de Mpila, est une fuite en avant chimérique. Elle est motivée avant tout par la nécessité d’échapper au jugement de l’Histoire, conscient de sa qualité de mortel et de l’isolement de sa famille. Ensuite, elle est un pied de nez aux gradés inféodés de son armée.
Une chose est certaine. De son vivant, le père ne lèguera jamais le pouvoir au fils Car, en cas de retraite même consentie, ce n’est pas sûr qu’il paisse des jours heureux. Cependant, il crée seulement les conditions matérielles, financières et politiques favorables au fils pour s’emparer du pouvoir par la force et par la corruption le jour où il expirera. C’est le glissement politique en œuvre.
Les Mbochi doivent savoir que ce glissement est d’abord une assurance personnelle du marionnettiste sans rapport avec leur avenir collectif dont il s’en fout éperdument. Que les Congolais se souviennent. L’appel du 21 mars 1999, en pleine opération MOUEBARA I & II, l’irréductible va-t-en-guerre Sassou déclarait « si je meurs à 14h, à 15h il ne restera plus personne au nord. Donc je vous demande de me donner vos enfants pour aller combattre au Pool. » C’étaient des propos visant uniquement à semer la peur dans l’esprit des Congolais de l’hémisphère nord. Ce n’était pas pour l’avenir des Mbochi, ni pour leur survie qui n’a jamais été menacée du fait de leur origine ni de leur identité. Cet assassin de Ngouabi est un spécialiste de l’agitation des épouvantails pour servir sa cause personnelle.
En effet, le clan mbochi méconnait la culture Bantu et son vivre ensemble. C’est le régime mbochi qui discrimine les sociologies, priorise certaines au travers des personnes assujetties et exhibées comme représentatives. Cette vision variabilise la citoyenneté sur une base géographique. Ce régime n’a pas compris la notion de la complémentarité et de la pensée plurielle, et par voie de conséquence il ignore la dynamique des opposés à l’intérieur d’un même tout. Depuis les années 60, il a confondu opposant et ennemi qualifié de valet de l’impérialisme, d’ennemi intérieur. D’où sa conduite belliqueuse et guerrière à l’égard des groupes sociologiques Bantu.
Les craintes actuelles du clan mbochi sont l’expression des morveux qui se mouchent. Plus particulièrement des profanes qui ignorent la métaphysique Bantu sur la formation de l’État et sur la gouvernance harmonieuse des entités territoriales. Tenez ! Les pygmées sont une réalité sociologique spécifique. Quelle place occupent-ils dans l’espace institutionnel du pays ? Aucune. Le Congo fait fi de leur existence. Leur espace vital se rétrécie sous l’effet de la déforestation, quand il n’est pas tout simplement saccagé pour des besoins énergétiques.
L’avenir des Mbochis ne se trouve pas dans l’importation du mercenariat.
Accroître la présence étrangère dans le nord du Congo est une stratégie de mercenariat à moindre coût pour servir le clan de Tsambitso qui préfère la surenchère guerrière à la cohésion interne entre sociologies du Congo. Cette stratégie est une bombe à retardement qui brouille la nationalité. Dans ce sens, elle dessert la sociologie mbochi.
En introduisant les Tutsi rwandais, le régime mbochi prend le risque de déplacer le conflit Hutu-Tutsi en terre congolaise. En effet, en 1994, les ONG avaenit déjà implanté une colonie de plusieurs milliers de Hutu (plus de 8000) dans le nord du pays. En s’alliant avec le régime rwandais, Mr Sassou déplace ce conflit dont les autorités de Kigali ne cessent de pourchasser ses compatriotes Hutu en Afrique Centrale. Pour preuve, l’annonce d’accord en cet avril 2022 entre les deux régimes a suscité tant d’inquiétudes que les Hutus présents au Congo demandent d’acquérir la nationalité congolaise, pour espèrent-ils échapper à la traque.
Le Rwanda est devenu la tête de pont de l’impérialisme américain en Afrique centrale. Il introduit dans l’espace Bantu des communautés cosmopolites qu’il installe dans les terres en RDC et au Kongo Dia Mfua (Brazzaville). Il a signé pour cette entreprise des accords avec la Grande Bretagne. C’est une situation explosive en préparation. Et les Mbochis à la vision courte n’entrevoient pas ce danger. Ce n’est pas non plus en formant une alliance de déportés que l’avenir sera garanti. L’intelligence veut que, lorsque les différences paraissent insurmontables, on opte pour une fédération d’entités autonomes.
L’avenir des Mbochis ne se trouve pas dans l’effacement de la mémoire historique.
L’Histoire a déjà retenu que MOUEBARA, le nom de la defunte mère de Sassou-Nguesso, est une campagne génocidaire de l’élite mbochi contre les populations de la région du Pool. Pondre des actes législatifs dont la loi porte le nom MOUEBARA ne lavera pas la souillure et l’ignominie associée à ce sinistre nom.
De même, l’élite mbochi s’emploie à effacer les références culturelles et historiques du passé Bantu auquel ses ancêtres ne sont pas associés. Elle préfère l’apologie de la colonisation opérée en grandes pompes le 3 octobre 2006 en construisant un mausolée gravant en marbre le nom de l’usurpateur Sassou-Nguesso aux restes archéologiques du colon Savorgnan De Brazza.
Où est passé le corps momifié de Marien Ngouabi ? Le fidèle continuateur de son œuvre a même laissé à l’abandon le mausolée à sa mémoire aux temps de gloire révolutionnaire !
La mémoire historique Bantu est occultée du fait que les régnants au Congo sont une élite n’appartenant pas à l’espace culturel dont ils ont la charge. La référence Kongo est absente du système éducatif, des commémorations officielles. Le renommage des gares du CFCO en des noms plus authentiques a laissé les deux capitales aux noms des colons. Par analogie géométrique, les mbochi sont une colonie (donc des colons Abbey) qui partagent la même prédation que les colons français dans une terre qui leur est étrangère. Leur structure mentale peine à dépasser la barrière psychologique pour se fondre positivement dans l’environnement qui somme toute les a accueilli en toute innocence.
L’avenir des Mbochis se trouve avant tout dans le dépassement des peurs
Pour assurer leur avenir, les Mbochi doivent vaincre la peur que leur distille le régime. Pour ce faire, ils doivent substituer la peur par la désobéissance civile pour détruire les fondations du marionnettiste de Mpila.
Les propos du général Nianga-Mbouala à la barre étaient un marketing politique de la peur, un traffic d’influence de professionnels. Ses propos sont un emballage calibré à Mpila et servi en buffet collectif aux sociologies du nord. Bien que la réalité contredise ces plans.
En effet, le régime a agité la peur du retour des opposants exilés. Bernard Kolélas est rentré, rien ne s’est passé. Il a servi la peur de la trahison dont le syndicaliste Bokamba-Yanguma était le symbole. Ce tabou a réduit au silence tout le bloc nordiste. Malgré que quelques illustres fils du nord sont emprisonnés, d’autres tués, la réaction de toutes les sociologies du nord est annihilée. Il a servi la peur du changement, et son fidèle Ayessa a mordu à l’ameçon en neutralisant le plus redoutable des adversaires de Sassou aux dernières élections. Bref, la peur nourrit le système clanique d’Oyo. Vaincre cette peur c’est vaincre ce système qui en réalité n’est qu’une illusion de pouvoir.
Dépasser cette peur consiste à rejeter les déviances civiques individuelle et collective codifiée dans « Lédza, Lénua, Léyiba mbongo ! » L’élite mbochi, formée dans des conditions de favoritisme ostentatoire du « yaka noki-noki », doit renoncer aux vices qui la caractérisent.
• Renoncer à l’enrichissement illicite car cela ruine le pays ; pousse à la débauche feutrée qui cumule les maîtresses et thésaurise avec le risque de se faire dévaliser.
• Renoncer aux privilèges de complaisance car cela corrompt sa capacité de jugement moral.
• Renoncer à violenter les populations car la violence est la rouille du patriotisme.
Les vices de l’élite mbochi sont une irrationalité institutionnalisée, c’est à dire devenue une norme. Pour illustrer ce fait, considérons le phénomène « Elombé » exalté en qualité et magnifié en vertu. Elombé est le caractère d’un individu qui commet une énormité. Parce que l’énormité est assumée avec froideur que l’auteur apparaît exceptionnel et glorifié en Elombé. Dans d’autres cultures, un tel individu est qualifié de Kimpumbulu (fauteur de troubles), chez les Mbochi c’est un héros. Cette nature montre combien la différence culturelle est abyssale. Et les élites du nord qui se prennent pour des Elombés doivent cesser de l’être. Car la société s’élève quand elle atteint un niveau de culture saine.
Ce n’est pas à l’âge sénile que Elombé Sassou-Nguesso changera de mentalité.
L’avenir des Mbochis se trouve dans la réconciliation pour une union fédérale.
En temps opportun, il conviendra de réaliser l’unité spirituelle du Congo à travers un processus de réconciliation pour la paix. La paix, c’est l’ordre naturel. C’est-à-dire l’acceptation de chaque composante dans sa nature existentielle. La Conférence Nationale de 1992, ponctuée par un lavement de mains symbolique et hypocrite, n’a pas été un processus de réconciliation. Elle a été un processus de mutation politique structurelle. Le Congo est passé d’un parti unique à un espace multipartite. Elle n’a pas permis une mutation idéologique non plus. Le bloc monolithique a implosé mais les particules ont conservé leurs pratiques et leur culture politique.
La réconciliation est un processus métaphysique supérieure spéciale où chaque composante culturelle, sociologique, est présente. Elle sert à engendrer la paix. Elle fonde le principe qui apporte une couverture spirituelle au pays. Son but n’est pas de juger quiconque ni d’absoudre quiconque.
Cet ordre naturel est différent des campagnes de pacification martiales du régime. Chacun sait que le silence des armes s’appelle une trêve. Le silence des armes n’est pas la paix. La pacification est un dogme purement machiavélique qui postule que « qui veut la paix prépare la guerre ». Dans ces conditions, la paix ne peut jamais être un état permanent car, pour que la paix ait lieu il faut faire la guerre. Si en permanence on prépare la guerre, alors la paix ne peut jamais avoir lieu. Simple déduction logique.
La réconciliation est un passage obligé parce que l’Histoire ne laisse pas d’alternative aux Bantu qui cohabitent les enclos coloniaux. De plus, le devenir africain impose que l’on fusionne dans une union politique plus grande pour faire face aux enjeux de souveraineté monétaires et politiques. L’égocentrique qui veut rester souverain chez soi est un faible d’esprit. Quand on est fort mentalement, culturellement, on va naturellement vers les autres.
Conclusion
En définitive, la réconciliation est la clé salvatrice de toutes les sociologies du Congo, y compris les pygmées qui sont une composante à égalité de droit dans un pays à construire.
L’Afrique fait face à des enjeux de souveraineté dans le monde multipolaire qui s’amorce. Pour être souverain, tout pays africain devra compter sur sa cohésion interne et sa population pour résister aux assauts extérieurs qui ne tarderont pas à s’illustrer. Dans un Congo désuni à cause de l’hégémonie mbochi, le pays restera vulnérable. L’élite mbochi y a-t-il réfléchi ? Tout laisse penser que non. La prédation a l’ambition courte. D’autant plus que le général Nianga-Mbouala, arrogant à la barre, ajoutait dans la foulée « nous avons souffert dans ce pays. » comme pour revendiquer une légitimité incontestable. En clair, le clan mbochi ira jusqu’au boutisme.
Cependant, l’Afrique et le Congo connaîtront des bouleversements qui balayeront les États humainement incompatibles avec l’ère du Verseau. Quand la nature réorganise les choses, elle ne fait pas dans le faciès. Elle le fait selon ses propres lois pour rétablir l’équilibre et l’harmonie.
Certes, le ridicule ne tue pas. Mais la sagesse Kongo enseigne que « buzoba dia budianga ! », l’ignorance tue. L’ignorance réfère ici l’inconscience que la liberté de l’homme noir est un sacrifice de millions d’âmes. Pour la préserver, il faut une union sacrée. Parce que quand l’Afrique subit l’agression de l’extérieur, c’est tout le monde qui est fauché.
NE-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu
Paris, 15 Avril 2022