Au-delà de la sidération suscitée, les accords conclus entre messieurs Sassou et Kagamé engageant le Congo et le Rwanda méritent une analyse profonde tenant compte de la nature intrinsèque des deux pouvoirs.
D’une part, un pouvoir indigne de ses citoyens et bradant le potentiel économique du pays, celui de Sassou-Nguesso.
D’autre part, un pouvoir ambitieux offrant un cadre de vie social et économique agréable aux Tutsis mais fondé sur le pillage des ressources de ses voisins.
Ce tableau sommaire présente une image dangereuse des relations inter-Etats aux mains des pouvoirs totalitaires.
Le Rwanda, petit pays de 26.338 Km2 abrite une population de près de 12,3 millions d’habitants, soit une densité de 466 habitants/km2 (source https://www.gov.rw).
Le Congo, 341.821 Km2 abrite une population d’un peu plus de 5,279 millions d’habitants soit une densité de 15,45 habitants/km2 (source https://www.populationdata.net) La densité comparée de ces deux pays suffit pour argumenter dans le sens d’une disponibilité spatiale servant d’atouts démographique et de réservoir d’activités agraires. Mais la vie des pays ne se limite pas à cette arithmétique géométrique pour justifier tout projet d’implantation humaine ni de concession agraire à des investisseurs extérieurs. Elle ne prend pas en compte les réalités subtiles de chaque pouvoir.
Notamment les intentions dissimulées entre les contractants. L’analyse du fondement de ces accords nous révèle le dessous des cartes.
Les réalités subtiles des deux pouvoirs : analyse de la nature des deux hommes.
D’emblée, les deux hommes, au-delà de l’incapacité à retenir les leçons de l’Histoire, participent à une offensive diplomatique qui tend à ramener le continent dans les temps obscurs de la servitude. Autrement comment comprendre, avec tous ces problèmes que connait l’espace Bantu, les conflits et l’occupation du régime rwandais en RDC, les crimes et les assassinats garnis de violence, de barbarie et de sauvagerie, que le sieur Sassou s’aventure sur un tel projet de dupe. C’est très grave.
La diplomatie rwandaise, ambivalente dans le fond, avance dans son projet visant à plier le genou de son immense voisin, en contournant par le sud la RDC en passant par le Bas-Congo.
En facilitant ce passage dont l’agenda et le plan lui échappe, Sassou-Nguesso participe activement à l’instabilité de l’Afrique centrale. Malgré la gravité des faits, il semble aveuglé par le double désir d’une part, de dépayser les Bantu dont il ne partage pas la culture. D’autre part, de monarchiser le pouvoir au Congo. Dépaysement parce que le Congo n’est pas la terre de ses ancêtres. Monarchisation dont il partage les goûts avec le pouvoir rwandais. Ces accords brassant soutien militaire et investissements agricoles trahissent ses plans.
En effet, le Rwanda crée une situation d’instabilité régionale. Il cible les Bantu qui vivaient paisiblement dans leur espace en en faisant des objectifs militaires. Tout simplement parce que sur un plan géopolitique il veut accaparer les richesses des Bantu. Les autorités rwandaises ont en commun avec l’Oyocratie cette négrophobie.
La diplomatie rwandaise croit à l’onction d’impunité et de protection des occidentaux, par compassion du génocide qui a frappé les Tutsis, pour se dédouaner de ce passé que la France ne veut pas assumer. Elle pousse l’audace en se faisant plus gros que le bœuf.
Tel une grenouille dans son enflure, il a déjà contracté l’importation sur le sol africain des demandeurs d’asile du Royaume-Uni. En arrière-plan, c’est pour les implanter dans les terres voisines qui ne lui appartiennent pas. Chacun sait que l’essentiel des demandeurs d’asile de Grande-Bretagne viennent d’Afghanistan, de Lybie, et de l’Orient (Irak, Syrie, …). Alors il n’échappe à personne que ces régions sont encore la cible militaire de l’Otan pour déstructurer la vie sociale de ces gens.
L’Afghanistan en est une preuve. En devenant le réceptacle de tout ce désordre créé par l’Otan et les Britanniques, mr Kagamé n’a nulle part où loger ces gens sur son territoire. Il vise l’espace Bantu qui a déjà ses problèmes d’éducation, de santé, des enfants qui meurent en allant chercher dans le ventre de la terre le coltan vendu exclusivement par Kigali. Kagamé se trompe en pensant que ces actes resteront impunis ou en comptant sur l’ignorance et l’oubli des Africains.
La surpopulation rwandaise n’excuse ni ne justifie l’occupation armée de la RDC, moins encore celui du Congo-Brazzaville. Cette occupation sur près de 150.000 km2 en RDC ne s’est pas accompagnée d’investissements agricoles. Ce n’est donc pas qu’au Congo que sa présence trouvera une terre fertile.
Ce projet d’extension pour donner des terres au Rwanda s’exprime de la manière la plus violente. Et tel un idiot, mr Sassou s’associe à cet appel d’air pour déstabiliser davantage les pays voisins et organiser la mafia des ressources minières stratégiques.
En extra-territorialisant l’asile, rien ne prouve que les occidentaux vont expédier en Afrique les demandeurs d’asile de culture compatible. Cette expédition cosmopolite drainera sans aucun doute des mercenaires avec des expérimentations inimaginables. L’exemple de Ukraine est éloquent.
Le dessous des cartes de Kagamé : servir de tête de pont au projet de recolonisation de l’Afrique par les Américains.
Le parcours de Mr Kagamé est bien connu. Il a participé à la guerre en Ouganda, a participé à la prise de pouvoir par Yoweri Museveni et est retourné au Rwanda pour arracher le pouvoir. Son jeu est d’infiltrer les régimes par le renseignement dont il a exercé les talents en Ouganda, les phagocyter et soumettre les pays voisins. Il le fait avec la RDC. On le voit apporter son aide au président centrafricain Touadéra.
On le voit aussi proposer son aide au Mali pour un contingent de 2000 hommes. Son jeu est très trouble et au service extérieur.
L’armée rwandaise est un fourretout, une armée de mercenaires où l’on trouve déjà des Tanzaniens et des Somaliens. Il veut délester l’Occident de ses migrants, qui constituent un véritable nœud, pour grossir le rang de ses mercenaires.
En agissant ainsi, Paul Kagamé expose l’Afrique à l’orée d’une crise très grave qui peut se produire. Mr Kagamé préfigure cet amplificateur et déclencheur de guerres intestines au niveau de l’Afrique équatoriale, cible en projection des Etats-Unis sur le continent. Kagamé est un ver dans le fruit, pour créer des nouvelles guerres au profit des occidentaux.
L’errance des milliers d’Afghans, de Syriens, de Kurdes, devenus des gens sans nation, est le résultat de la barbarie occidentale. Les occidentaux doivent assumer leurs actes de barbarie. Quelques billets de banque ne suffiront jamais pour accepter, transposer et allumer des conflits en Afrique, ni pour faire de Kagamé un leadership africain. Du point de vue endogène, l’aventure rwandaise est un véritable danger. Si la surpopulation était le problème du Rwanda, il ne se livrerait pas à ces pratiques. A l’inverse, si la surpopulation était réellement problématique, Il y a bien des solutions humainement acceptables.
En effet, il y a le projet de l’Union de Timansi de BUNDU DIA KONGO qui pourrait permettre la libre circulation des personnes au sein de l’Afrique centrale en brisant les frontières coloniales. Il y a aussi l’intégration régionale pour développer des pôles d’intelligence économique qui tireraient vers le haut ce grand ensemble et voir les populations en termes de réussite sociale. Mais que nenni ! Penser uniquement les relations en termes d’occupation armée des terres voisines et entretenir des conflits sanglants et meurtriers est un mauvais calcul, indigne de la sagesse africaine.
L’Occident cherche à recoloniser l’Afrique. La France l’a tenté avec l’Algérie. Le Portugal l’a aussi tenté avec l’Angola.
L’île de Muanda a failli subir le même sort ; n’eût été la vigilance de Ne Muanda-NSemi. En Afrique du Sud c’est déjà une réalité. Les afrikaners occupent la terre des Zulu et ces derniers n’ont plus droit d’rentrer dans ces territoires occupés, sauf pour y travailler comme « esclaves ». L’apartheid officialisé.
Les politiques africaines doivent avoir le sens de la perspective historique en évitant à l’Afrique d’être le dépotoir de toutes les canailleries de l’Occident. L’Occident a créé des guerres, qu’il assume ses conséquences. Ce n’est pas à l’Afrique de subir les affres de cette politique néolibérale. Ce n’est pas à l’Afrique d’être le souffre-douleur de cette politique néfaste et dangereuse pour l’humanité.
Ainsi, Les Bantu enjoignent Kagamé d’abandonner son projet de Tutsi power. Parce que l’Afrique a besoin de tous ses fils et toutes ses filles pour construire une union panafricaine prospère, pour la fierté de l’homme noir, pour être le nouveau référentiel sur le plan culturel et morale ; de telle manière que les pratiques des autres peuples du monde changent. L’Afrique ne peut pas avancer avec des arrangements de nature prédatrice, des arrangements avilissantes, des arrangements qui philosophiquement se situent en deçà de la pensée juste, des arrangements de négrier.
Les Bantus sont des valeurs sûres, des êtres dignes de la Maât qui ont donné leur identité à la civilisation. Sur le plan de l’humanité, il faut qu’on retrouve ce pouvoir. Tout ne se résume pas à présenter le Rwanda comme une référence de réussite solitaire. C’est faux et absurde ! Les pères des indépendances africaines n’ont cessé de dire que c’est ensemble que l’Afrique réussira ou bien c’est ensemble qu’elle périra. Cette idée doit être intégrée : avancer tous ensemble main dans la main, dans l’unité, des frères qui refusent de mourir comme des idiots sur des lubies de gloire personnelle dont l’espace et les conditions réelles ne leur permettent pas de jouer ce rôle-là.
Le Rwanda est le stéréotype d’un petit pays, un bantoustan, qui pense s’être sorti de la condition de difficulté commune aux autres. C’est une chimère. L’Afrique a besoin des échanges, d’osmose et de dynamique des peuples pour avancer. Pas dans la reproduction des comportements avilissants copiés chez les occidentaux.
Les dessous des cartes de Sassou-Nguesso : sécuriser la monarchisation du pouvoir et déposséder les Bantu de leur terre dont il n’est pas originaire.
La monarchisation est une chimère. Non pas en tant modèle de gouvernement, mais compte tenu de la nature du pouvoir au Congo. Ce pouvoir est incompatible à la société Bantu en tout point de vue. Il ne résistera pas à la poussée panafricaniste qui va se révéler avec le changement de la donne au niveau international et l’ère du Verseau pour l’humanité.
Lorsqu’on considère la cosmogonie africaine, la richesse c’est l’homme ; jamais les avoirs éphémères.
Que valent les bouts de papier imprimés que Sassou-Nguesso troque avec la terre et le sous-sol des Bantu, au point de compromettre complément l’avenir des Congolais et de déstructurer ce peuple ?
Le Rwanda pisse sur la RDC et veut en faire autant sur les terres Kongo en contrepartie d’un petit milliard de dollars donné par les occidentaux. Sassou, en mendiant insatiable, tend la main pour en saisir les miettes !
L’Afrique va s’en sortir quand elle aura à la tête des Etats des gens qui pensent Afrique, pas pour leur gloire personnelle, pas pour la gloire de leur propre ethnie. Mais pour la gloire du peuple noir, seul capable de redonner de la valeur à l’humanité. C’est un peuple non belliqueux, dont l’histoire profonde ne sait pas ce que c’est que la barbarie, la sauvagerie. C’est un peuple de solidarité, de fraternité, d’amour. C’est un peuple qui remet l’homme au centre des préoccupations. C’est un peuple capable de remettre la planète sur ce qui est acceptable pour la vie. Mais si on rentre dans des idéologies destructrices de l’Occident, sous le fallacieux prétexte de s’en sortir individuellement par égocentrisme familiale, alors là on n’a rien compris.
Ce serait misérable du point de vue de la réflexion.
Kagamé a été formé aux Etats-Unis. C’est un militaire de formation à la base. On peut s’interroger sur le logiciel ancré dans la tête de ce Major. Répondre au programme raciste et fasciste des Britanniques, de mr Boris Jhonson, pour refouler sur le continent tous ses indésirables, c’est dépasser les bornes de la trahison contre l’Afrique.
La souffrance haïtienne n’est-elle pas assez forte pour interpeller Sassou et Kagamé ? Ont-t-il apporté un quelconque secours à Haïti, symbole de résistance de l’homme noir à l’ordre colonial ?
Le cocktail formé par ces deux acolytes montre que le continent souffre d’un déficit de leadership au niveau des Etats, de Maîtres de la pensée authentiquement africaine capable de ramener les prédateurs de cet acabit à la raison ou de les maitriser. Parce que le sahel en phase d’être libéré, le nouveau théâtre d’opération risque d’être l’Afrique centrale et c’est sans doute ce que nous prépare les occidentaux, avec Sassou et Kagamé en facilitateurs, pour nous entretuer. Ces deux hommes ont déjà chacun à leur compte funeste des millions de morts à partir de leur campagne militaire ; l’un dans le Pool, l’autre en accompagnant le Mzée Kabila.
Leurs actes sont le mécanisme de création de la misère qui pousse à l’immigration. Ainsi les terres dépeuplées sont livrées au pillage, et l’Afrique livrée à la pauvreté endémique. Pendant ce temps, l’Occident n’a plus qu’à déployer ses machines pour extraire les mines du sous-sol africain.
Conclusion
L’Afrique et les grands lacs sont le havre où l’humain peut vivre décemment. Le bassin du Congo n’est pas un espace à déforester pour faire une agriculture visant à nourrir les occidentaux.
Brazzaville n’est pas un point de passage pour déstabiliser la RDC. Les terres Bantu ne sont pas et ne seront jamais un eldorado rwandais à piller ni à déposséder de ses habitants. De tels projets seront mis en échec par tous les moyens.
Les historiographes ont tendance à dire que quand un monde se meurt, tel le cas actuel avec le Léviathan américain, c’est dans ce chaos obscur que surgissent des monstres. Les comportements néfastes ont pour finalité de confiner l’humain dans un ravalement qui réduit au rang de la bête oloma-niama. Ce piège est à éviter.
Les fils d’Afrique, quoi qu’en soient les désaccords et les affinités, doivent se ressaisir. Penser à l’Africain qui a assez enduré. Il est temps pour l’Afrique de réécrire l’histoire, une histoire de gloire. Les grands lacs et le bassin du Congo sont le lieu de naissance de l’homme noir. Et l’homme noir incarne l’humanité toute entière.
NE-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu
Paris, 29 Avril 2022.