La seconde mort de Lambert Galibali

 

La rivalité Galibali – Florent Tsiba n’a pas fini d’alimenter la chronique, même après la disparition de ce dernier. Pour s’être érigée en une bataille post-mortem, la rivalité entre les deux hommes n’a pas fini de faire couler l’encre devenant, de fait un duel quasi-légendaire.

Bien que disparu, l’ombre de Lambert Galibali continue de planer,et de hanter les esprits la region des plateaux. Cette bataille se consume désormais par personnes interposées, devenant, du coup, une bataille intergénérationnelle. Comme quoi, la rancune a la dent dure au Congo!

En se transposant donc chez les enfants, tout semblerait montrer que la hache de guerre n’a jamais été enterrée.

Qu’est ce qui motiverai ainsi Florent Tsiba,à mener la guerre à Ghislain Galibali, fils de son illustre père et Député de Lekana, sinon que cette haine tenace qui traverserait les temps!

Galibali fils semble visiblement faire les frais de cet interminable affrontement, de ce lourd héritage, tant ses bourreaux n’hésitent point, un seul instant de se saisir du moindre prétexte pour le laminer, le clouer au pilori, lui faire avaler des couleuvres, qui plus est, l’abattre.

Dans le sillage de cette bataille devenue anthologique, on trouve ainsi à brandir ,tel un chiffon rouge , des prétendus faux diplômes pour l’anéantir , le crucifier ,et le descendre du piédestal, le livrer ainsi aux fauves.

Or, du vivant de l’influent et charismatique père, ces faits incriminés, bien que pouvant potentiellement être avérés, auraient été mis sous cloche, le jeune « pénitencier » aurait pu bénéficier de la toute puissance du père,de la protection paternelle.

 Faut-il rappeler que le Fonds Routier, l’employeur patenté de ce dernier ne s’etait jamais demandé, ni ému, outre mesure, des années durant, de ces prétendus faux diplomes et ou parchemins et donc de son usurpation du titre d’ingénieur ! Il eût fallu attendre l’intrusion d’un corbeau,  d’un Directeur de cabinet de chef de L’Etat, en la personne de Florent Tsiba  pour renifler et sentir le souffre d’une tricherie.

Pour ce dernier, la victime semblait donc toute trouvée : le dossier sur les faux diplômes devant comme l’ arbre qui cachera la foret! Car, à l’heure où le pouvoir au Congo devient dynastique, et où il est de bon ton de transmettre la flamme intra-muros, au sein de sa propre famille biologique, il devenait plus que temps pour Tsiba d’introniser son propre rejeton, de garder ainsi la main sur Lekana,et disposer d’une zone d’influence exclusive.

L’invocation de  »faux diplômes , habilement, usée vise à torpiller celui qui continue à faire de l’ombre , à contrarier le rêve hégémonique sur une région aussi convoitée.

Pour rappel, faut-il relever que Lambert Galibali fut un notable, une grande figure de la région, un personnage charismatique .

La rivalité entre Tsiba et Galibali relève donc de cette dualité tant est vrai que deux coqs ne peuvent chanter dans une seule et même cour!

Qui plus est, Galibali occupait une place de choix dans la nomenclature du pouvoir de Lissouba autant que Florent Tsiba l’a été et le reste, dans la galaxie de Sassou- Nguesso. L’un et l’autre avait ainsi , par symétrie, un poids politique important, sinon significatif ;ce qui, à vrai dire, devait mal se vivre. L’un apparaissant aux yeux de l’autre comme un quasimodo dont il faut abattre,à tout prix !

Et,Galibali, etait ,auréolé, en prime, du rare titre de Maire élu de Brazzaville, dans le sillage de l’illustre abbé Fulbert Youlou, premier maire de Brazzaville dont le travail incommensurable marque encore des générations. Maire démocratiquement élu,donc ; Un des rares maires à avoir été elu;quand on sait que nombre de ses successeurs furent et demeurent encore des admnitrateurs-Maires, choisis par simple sentiment tribal et ou parental, nommés à tour de bras ,au mieux ,comme le fut Benoit Moundelé Ngolo et ou Hugues  Ngolo –Ndélé..

Ce leadership s’affirma encore avec brio avec l’exil, notamment, lorsque à Paris , en plein palais de congrès-porte maillot ,prêt à craquer, il prit magistralement la parole ,en prélude à l’intervention de pascal Lissouba , ouvrit ainsi le bal ;ce qui témoigna de son rang et du soutien massif que lui valait cette proximité.

L’exil n’avait donc rien altéré de la célébrité de Galibali. Elle n’avait rien terni de son image ;bien au contraire, ce dernier avait su plutôt conserver l’aura et l’estime en milieu congolais en France . Son aura et son influence étaient tels qu’il était plutôt perçu comme un patriarche. En comparaison avec un autre personnage politique de poids, Moungounga Kombo Nguila, plutôt tranchant, Galibali faisait office de personnage- tampon,d’homme tempéré, de trait d’union entre différentes factions. Il apparait alors comme un personnage central, au point que le général Ngolondelé voulant mener sa croisade politique en France, dut faire appel à ses bons offices.

Pour tout dire, Lambert Galibali était une figure de proue de la scène politique, un personnage emblématique de la région du plateau, pour ne pas dire,un « demi-dieu ».

C’est dire le prestige et les égards dont jouissait cet homme de son vivant.

Lorsque le poids de l’exil eût raison de la résistance de ses confrères, demandant plutôt de rentrer au pays, à l’instar de victor Tamba-Tamba et christophe Moukoueké ,pour ne citer que ces noms, Galibali fit plutôt de la résistance.

Il fut alors considéré comme le dernier des Mohicans !voire un sphinx ,résistant aux chants de sirène du pouvoir de Brazzaville, se targuant d’avoir appartenu à juste titre à un pouvoir démocratiquement élu ,dont il ne voulait point se départir. De quoi faire pâlir Florent Tsiba, cet éternel rival, et apparatchik !

Cette  rivalité entre les deux hommes, bien que vivace, sera mise en sommeil un temps jusqu’en  Avril 2005 lorsque va survenir à Galibali un courrier venant  de  Florent Tsiba le conviant alors affectueusement à prendre part aux festivités marquant la la celebration de la municipalisation accélérée au plateau ,dans le cadre d’une organisation tournante de ces festivités, honorer de sa présen,ce la région ,de s’associer à cette belle fête, dont on aimerait, à jamais, rendre inoubliable.

Au nom de l’intérêt supérieur des plateaux, les enfants devaient se retrouver à l’unisson ;au risque de faire fausse note à la belle harmonie affichée par les uns et les autres. Les autres régions ne montrèrent-elles pas déjà l’exemple,à l’instar de la région du Niari où charles Ngouotto Mikolo, dut, faire le déplacement de France, pour la circonstance, pour n’en citer que cet exemple inédit ! Pourquoi les plateaux seraient-elles alors en reste !

Florent Tsiba joua la corde sensible pour décrocher la timbale, car Galibali, on ne le dira jamais assez, etait une sorte d’emblème pour les plateaux, le prince charmant dont voulut coûte que coûte s’entourer pour se réconcilier les populations téké, demeurées attachées au pouvoir de pascal Lissouba.

Ainsi,Galibali  y réfléchit-il à sept fois et répondit favorablement, séduit par les propos ,somme toutes, alléchants de son interlocuteur. « Pour des raisons d’éthique dues à ce grand homme, le Nzoisme s’abstient de publier le contenu de la lettre de Galibali à Tsiba, dont il conserve jalousement les preuves ;et serait prêt à le publier toutefois, en cas de doute et ou contestation quelconque, avérée »

Cette lettre de Galibali feutrée d’élégance procura une joie immense à Florent  Tsiba qui s’empressa alors de l’apporter entre les mains de sassou-Nguesso, à son tour, comblé, de voir un aussi gros gibier tomber dans l’ escarcelle. Tel, donc un trophée , le nom de Galibali fut annoncé à grande pompe.

Galibali plutôt enthousiasmé par l’amabilité de la lettre de Florent Tsiba et le contexte autrement phosphorique ,et féérique ,s’affranchit des rigidités de leurs relations passées. Toutefois, il exigea des garanties. Et Mère Antou fut dépêchée discrètement pour le rencontrer en terrain neutre à Addis Abeba en Ethiopie,afin de le rassurer! Ce fut chose faite.

A son retour à Paris,Galibali apprêta les valises; il bénéficia d’un portfolio de billets d’avion ,devant lui garantir de faire voyager sa délégation et à foison ses amis. Et dans laquelle, se joignit, entre autre, un ami asiatique, artisan de son état, destiné aux travaux de réfection de sa résidence, détruite lors de la guerre, car les dédommagements furent partie de ses réclamation  vehémentes.

La fête fut manifestement au rendez-vous. Les retrouvailles allèrent bon train jusqu’au point où

Galibali exalté, finassât par succomber à la tentation.il s’enivra, se laissa aller à la frénésie .Emporté ainsi par le rituel des tam-tams et le rythme frénétique des danses, il ne put se retenir d’aller se prosterner aux pieds de Mr et Mme Nguesso, comme pour les remercier de l’avoir invité à si belle fete.Il fit instinctivement par ce geste insensé allégeance.Galibali venait de tomber dans le panneau !

Il venait de commettre une bourde,la plus grosse faute politique de sa vie d’homme.

L’image fut immortalisée relayée, passée en boucle sur les réseaux sociaux .

L’émotion est nègre et la raison hellène ,disait Senghor ,toutefois Galibali venait de ruiner sa carriere.

Ces moments chahutés lui seront fatales, relayés à satiété par les medias.

FlorentTsiba dut s’en rejouir et jubiler, il aura réussi à piéger son rival, lui servant d’appât .La virginité de Galibali venait d’etre affectée.

Ce dernier sera logé, après quoi, dans une demeure officielle de transit réquisitionnée pour la circonstance à l’accueillir, l’héberger le temps nécessaire à la réhabilitation de sa propre demeure, et voir réalisées les nombreuses autres promesses. Mais Galibali rentrera frustré de ce séjour au Congo. Les belles promesses cédant la place à des vains espoirs !

Tel un dieu grec tombant sur la tête, Galibali chuta et ne put s’en relever .Cet acte d’adoration lui valut tout le discrédit du monde. Il fut ainsi rejeté. Essoré, décontenancé, il revint à Paris,et vécut en reclus, il connut le drame de la solitude.

La mort physique qu’engendra la maladie ajouta à cette mort politique.

La tragique et humiliante fin de Lambert Galibali reste étroitement liée à cette , irréductible adversité à laquelle, il fit face toute sa vie durant, en butte à l’agressivité de son alter ego ,Florent Tsiba, dans la longue lutte pour le leadership du plateau. C’est dire combien le fils Galibali paie le prix de ce duel ,sans merci. Son éviction relève, en tous les cas, du règlement de compte.

Car, après avoir évincé le père, Florent Tsiba tenait à en finir avec le fils Galibali qu’il avait d’ailleurs lui-même propulsé ,en attendant l’âge mûr et donc la maturité du fils biologique , faisant de celui-ci, tour à tour ,Agent du Fonds routiers , ensuite député de Lékana et bete noir ,aujourdhui. Car, l’heure est venue pour le fiston d’occuper le fauteuil ;et il ne saurait y avoir un fauteuil pour deux ! Les maneuvres de Florents Tsiba sont dolosives, reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

D’ailleurs on constate que les enfants de Sassou, de ces ministres anciens ou nouveaux, sénateurs, députés de l’opposition ou de la majorité sont tous candidats à la députation.Une république, autrement bananiere !

Quoi qu’il en soit, les Galibali ne semblent guère avoir dit leur dernier mot . il n’est guère exclu que ces derniers fassent preuve de résilience. Et,Ghislain Galibali semble avoir plus d’une corde à son arc . Il pourra, nul doute, survivre à cette mort préméditée ,rebondir sur la base des considérations objectives suivantes :

-Car,si faux diplôme, il y a eu, ce ne saurait être un problème politique, mais une affaire de Droit commun !cela relève d’une infraction du droit penal.Et ,il n’echappe à personne que l’administration congolaise est truffée de faux diplômes et que le sanctuaire de la connaissance qu’est l’université Marien Ngouabi n’y échappe point. Ce ne saurait donc etre une exclusivité aux Galibali, mais l’apanage de ce regime dans l’ensemble.

-Qui plus est, pour sa députation, Ghislain n’a pas eu recours aux diplômes. La légitimité,il l’avait acquise par les urnes.Elle est et reste une onction du peuple souverain. Dès, Ghislain Galibali peut le revendiquer.

Il est de son droit le plus absolu que la question de la légitimité soit exclusivement tranchée par les urnes ,le seul peuple souverain, source de cette même légitimité. Et ,le concours d’un cabinet d’avocats rompus à l’exercice suffirait à lui donner du grain à moudre !

Or, si Ghislain Galibali écopait de 30 ans pour si peu !

De combien d’années devraient alors écoper Sassou –Nguesso et Florent Tsiba dont on sait ils ne sont pas bien loin dans la mort du président Marien N’Gouabi !

Comme quoi le ridicule ne tue pas au Congo !

Pauvre Congo, tu as encore du chemin à faire. Il est temps que cette génération d’hommes passe la main à des hommes vertueux et donc dignes.

BUTSIELEKA BWUA NGUVU

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