MATSOUA, le Grand Résistant
MATSOUA LE GRAND RESISTANT
La vie de MATSOUA fut une succession de frustrations, d’injustices, de trahison, de privations, de souffrances et de sacrifices. MATSOUA a fait des droits de l’homme et des peuples son cheval de bataille. Il a lutté avec acharnement et détermination contre l’indigénat et l’indigence. Il avait une vision panafricaine et progressiste de l’Afrique.
17 janvier 1899 :
MATSOUA naquit à LOUKOUA-NZOKO, petit village TEKE près de MANDZAKALA au Moyen-Congo.
En 1925 :
MATSOUA devient “ tirailleur sénégalais” et fait la guerre du RIF au Maroc. Cette guerre coloniale injuste éveille sa conscience d’Africain et de Noir.
17 juillet 1926 :
MATSOUA fonde l’AMICALE (Société de Secours Mutuels, de Prévoyance et de Bienfaisance). Cette association philanthropique, visait en réalité à remédier à «l’état d’infériorité des Noirs vis-à-vis des Blancs».
En 1928 :
MATSOUA écrit sa première lettre de protestation à l’administration coloniale qui a interdit aux indigènes le port de l’insigne de l’Association AMICALE.
26 janvier 1928 :
MATSOUA écrit sa deuxième lettre de protestation à l’administration coloniale, au sujet de l’asservissement des populations du Nord du Moyen-Congo par les sociétés concessionnaires telles que TRECHOT et compagnies.
12 octobre 1928 :
MATSOUA écrit sa troisième lettre de protestation à l’administration coloniale, contre le code de l’indigénat et les abus des compagnies concessionnaires au Moyen-Congo.
2 janvier 1929 :
MATSOUA envoie en mission au Moyen-Congo, BALOU Constant et GANGA Pierre faire la collecte des cotisations de soutien à l’Association AMICALE.
6 novembre 1929 :
MATSOUA écrit sa quatrième lettre de protestation à l’administration coloniale par l’intermédiaire de son Avocat, suite à la confiscation par l’administration coloniale, des sommes collectées par BALOU Constant et GANGA Pierre. Plus de 110.154,80 frs ont été saisis au Moyen-Congo.
13 novembre 1929 :
MATSOUA est depuis Paris sous mandat d’amener, décerné par le Procureur Général du Tribunal de Brazzaville suite à l’arrestation de BALOU Constant et GANGA Pierre.
En décembre 1929 :
MATSOUA est arrêté à Paris pour être jugé à Brazzaville, sous le fallacieux motif d’escroquerie d’argent des Indigènes au Moyen-Congo. Cet argent des cotisations libres et volontaires a été pourtant saisi par l’administration coloniale.
19 mars 1930 :
MATSOUA demande au Tribunal de Brazzaville, d’être jugé comme citoyen français du fait de sa naturalisation et de son arrestation en territoire français. Sa requête sera rejetée et la légalité une fois de plus bafouée.
22 mars 1930
Les souscripteurs des cotisations à l’AMICALE écrivent une lettre de protestation à l’administration coloniale. Les souscripteurs déclarent que les versements des cotisations étaient libres et volontaires. Ils ne se sont jamais plaints contre MATSOUA qui ne leur rien volé.
2 avril 1930 :
MATSOUA est condamné arbitrairement par le Tribunal de Brazzaville à 3 ans de prison et à 10 ans d’interdiction de séjour au Moyen-Congo. Cette condamnation injuste déclenche une révolte des indigènes et des affrontements féroces opposent les indigènes aux milices à la solde de l’administration coloniale.
9 avril 1930 :
MATSOUA et ses compagnons sont déportés au Tchad. L’administration coloniale tenta de restituer les cotisations aux souscripteurs, mais tous refusèrent et demandent la libération de MATSOUA.
En 1930 :
Les intellectuels du Nord du Moyen-Congo adressent une pétition à l’administration coloniale, au sujet des supplices des indigènes à cause de l’affaire MATSOUA. «Non contents des supplices que connaissent les indigènes, cinq intellectuels originaires du Nord du pays, J.OPANGAULT, Charles KIBA, Moïse EKOMBAND, Jacques MONEKOLO, et Pamphile ADADA adressent une pétition de protestation au Gouverneur Général EBOUE. Ils disent que les indigènes ne refusent pas de payer l’impôt de capitation. C’est donc un abus de pouvoir. Ils décident de s’associer à eux. Cet acte de loyauté et d’unité nationale leur vaut également la déportation. OPANGAULT est envoyé à Bangui, MONEKOLO au Tchad, KIBA à Libreville, EKOMBAND dans le Mayombe et ADADA dans la Sangha. On ne saurait oublier d’autres comme DADET dans la Likouala ». (SINDA)
19 décembre 1932 :
MATSOUA quitte d’AM-TIMAN au Tchad à l’expiration de sa peine de 3 ans de prison et se retrouve à Fort-Lamy où il est assigné à résidence.
17 septembre 1935 :
MATSOUA s’évade de Fort-Lamy au Tchad. En passant par le Nigeria, Berberati et Ouesso, MATSOUA rejoint à Boukondzo-Boua-Lami au Moyen-Congo ses compagnons parmi lesquels, MAHOUNGOU Prosper le traître.
31 décembre 1937 :
Sur initiative de MATSOUA reparti clandestinement à Paris, ses compagnons se réunissent à Boukondzo- Boua- Lami pour consigner par écrit leurs revendications politiques à soumettre à l’administration coloniale à Brazzaville à savoir :
– droit de l’homme ;
– sauvegarde de leurs richesses ;
– accès à tous les emplois et se commander soi-même ;
– délimitation d’une zone de terrain où les amicalistes seront libres et indépendants chez eux.
En 1938 :
L’administration coloniale crée la S.I.P. (Société Indigène de Prévoyance) pour remplacer l’AMICALE d’André Grenard MATSOUA. Il exige aux indigènes de cotiser 3 frs pour la SIP. Ce qu’ils refusent. Une terrible et horrible répression s’en suit.
13 janvier 1939 :
Le Ministre des colonies décide la dissolution de l’association AMICALE de MATSOUA au profit de la SIP (Société Indigène de Prévoyance) suite au refus des indigènes de payer les 3frs de la SIP.
28 septembre 1939 :
MATSOUA est de nouveau assigné en justice par l’officier du Ministère Public Colonial, malgré son enrôlement et son affectation au front de la Lorraine où il sera blessé au combat contre les Allemands et alité à l’hôpital BEAUJON à Paris.
3 avril 1940 :
MATSOUA est arrêté sur son lit d’hôpital à Paris cette fois-ci sous le fallacieux motif d’atteinte à la sécurité de l’Etat français. Il sera transféré de nouveau au Moyen-Congo.
19 mai 1940
MATSOUA débarque à Pointe-Noire où il est emmené à Brazzaville par train avec un grand luxe de précautions. “ Le monstre est donc enchaîné : pour faire à tous la preuve de son incarcération, il sera exhibé dans les lieux à Brazzaville, puis dans les différents postes administratifs du pays”, dira l’administrateur colonial.
9 décembre 1940 :
Les compagnons de MATSOUA, MBIEMO et MILONGO sont fusillés à Mayama pour insoumission et acte de rébellion. Leurs tombeaux, encadrent celui de MATSOUA au bord de la Mamba. “Drapés dans leur légitime fierté orgueilleuse, heureux de lutter et prêts à subir le martyre, les indigènes resteront fidèlement attachés non seulement à l’AMICALE et ses objectifs politiques, mais aussi à MATSOUA lui-même ”. (SINDA)
8 février 1941 :
MATSOUA trahi par son compagnon MAHOUNGOU Prosper est condamné cette fois-ci à la prison à perpétuité. “Par cette même France pour laquelle il a combattu au Maroc et en Lorraine. Grenard n’a pu ni assurer personnellement sa défense, ni se faire assister d’un Avocat. Cette condamnation apparaît essentiellement comme un acte politique ”, dira un illustre amicaliste.
20 février 1941 :
MATSOUA arrive à la prison-bagne de Mayama où il subira son calvaire pendant plus de 11 mois de souffrance, de torture et d’humiliation.
13 janvier 1942 :
MATSOUA est déclaré mort par le Gouverneur Général Noir Félix EBOUE et son acolyte DE BUTTAFOCO l’administrateur colonial, les deux se trouvant curieusement à cette date à Mayama. Ils refusent de remettre et d’exhiber le corps de MATSOUA aux indigènes qui l’exigeaient pourtant. «Les Blancs avaient réussi de faire endosser le poids, la gravité et la honte d’un tel forfait par un Nègre Félix EBOUE» (SINDA)