COLLOQUE SUR LE THEME TRAITE P. SAVORGNAN DE BRAZZA AGISSANT POUR LA FRANCE ET LE ROI ILO SOUVERAIN DU PEUPLE TEKE DE L’AFRIQUE CENTRALE.

Brazza et Makoko, une histoire familiale

Pietro di Serego

Je vais commencer mon intervention par une phrase de Fernand Braudel : « Avoir été, c’est une condition pour être ».

Avoir été, explique qui on est : Pietro Savorgnan di Brazzà (j’utilise ici son nom italien) est l’un de mes aïeuls. Quand j’étais enfant, on me racontait les histoires de ses voyages en Afrique Centrale et de sa rencontre avec le Makoko Ilôo, souverain des Batéké.

A partir de 2003 j’ai eu l’occasion d’étudier de manière plus approfondie la vie de Pierre Brazzà, et d’essayer de la comprendre et de la situer dans la période qui l’a encadrée. Brazzà est ainsi devenu pour moi la porte d’entrée dans la complexité de l’Histoire.

A cette époque, cent ans après sa mort, Brazza m’a amené avec soi en République du Congo et au Gabon. D’emblée, l’accueil qui m’a été réservé dans ces Pays a été exceptionnel.

Cependant, mes séjours dans ces Pays, ainsi que les échanges avec leurs ressortissants éparpillés en Europe, m’ont permis de toucher à la force des souverains qui guident les peuples région, et de construire des relations honnêtes et solides avec de bons amis, de grands mentors, des chercheurs généreux. L’invitation à contribuer à ce colloque, pour laquelle je remercie le Collectif des Amis du Royaume Téké, constitue pour moi le couronnement de ce cheminement.

Je me propose aujourd’hui d’esquisser une analyse de la rencontre entre Pierre Brazza et le Makoko Ilôo selon une perspective « familiale ».

En premier lieu, je vais rendre compte du passé familial de Pierre Brazza et pour montrer comment ce passé pourrait avoir constitué un facteur important pour la signature du traité.

Je vais reprendre, avec humilité, les mots qui m’ont été confiés par sa majesté le Makoko Auguste Nguempio lors de ma visite à Mbé en 2006 : le Makoko Ilôo et Pierre Brazza ont non seulement signé un traité, mais ils ont aussi conclu un pacte d’amitié, ce qui a fait de Brazza un membre de la famille des Batéké.

En famille on ne devrait pas mentir. Dans la deuxième partie de mon intervention je vais donc aborder la question si le traité entre le Makoko Ilôo et Pierre Brazza doit rentrer dans la pléthore de traités que les différents colonisateurs et explorateurs ont extorqué aux dignitaires des pays qu’ils visitaient. C’est une question qu’il est légitime de se poser, étant donné la fréquence de ces supercheries dans l’histoire coloniale. Parfois ce sont les colonisateurs eux-mêmes qui, dans leurs récits, racontent avoir convaincu des dignitaires africains à signer des papiers qu’ils ne comprenaient pas, en leur faisant des dons, en leur offrant de l’alcool fort, ou bien en les obligeant par la force des armes.

Pierre Brazza nait en 1852 à Rome. Son père est Ascanio Savorgnan di Brazza, doyen d’une famille de la noblesse italienne originaire de la région du Frioul, dans le nord-est de ce qui est aujourd’hui l’Italie. Il s’agit d’une famille importante, qui possède des centaines d’hectares de terres cultivées dans cette région, divisées entre plusieurs domaines et châteaux. En 1852 ces régions sont sous la domination austro-hongroise et Ascanio, de retour d’un « grand tour », s’installe à Rome. Tout en gardant ses possessions au Frioul, il a décidé de quitter le Frioul en vertu de l’amitié historique de sa famille avec la France, qui remonte à l’époque de la domination Napoléonienne du nord de l’Italie. Il se marie avec Giacinta Simonetti, issue à son tour de la noblesse romaine. A ce moment-là Rome fait entièrement partie des territoires soumis à l’autorité du Pape, avec une partie importante de l’Italie centrale.

Le jeune Pierre Brazza grandit dans un univers tiraillé entre un passé féodal pas si lointain, dont vient sa famille, et les influences égalitaires et indépendantistes du Risorgimento italien. Le Risorgimento est un mouvement à l’âme multiple qui veut unifier l’Italie sous l’égide de la dynastie de Savoie, originaire de Turin. Il associe les revendications de la bourgeoisie avec des idées démocratiques et redistributives. Ces idées sont en partie inspirées par la France, car le pays d’outre-alpes est à l’époque idéalisé par ce mouvement en tant que patrie de la révolution et des droits de l’homme.

Les intérêts de Pierre sont orientés vers les sciences et en particulier vers les récits des explorateurs et voyageurs qui sillonnent l’Afrique dans la première moitié du 19ème siècle, en quête de découvertes géographiques ou d’africains à convertir au christianisme. Pierre rêve de partir en Afrique comme un enfant d’aujourd’hui peut rêver d’aller sur la Lune ou sur Mars.

Nous sommes à une époque de fortes instabilités en Italie : le territoire du pays est un chaudron d’alliances et de conflits, dont les acteurs sont les pouvoirs locaux, héritiers des seigneuries féodales, les forces du naissant état italien, et les colonisateurs des états-nation européens plus influents (France, Espagne, Empire Austro-hongrois). Les Savoie, avec Cavour et Garibaldi, essayent de rallier dans un équilibre précaire des idéaux révolutionnaires, les intérêts libéraux bourgeois et la noblesse qui exerce toujours une forte influence surtout dans les campagnes. Durant le 18eme siècle, les guerres d’indépendance contre les austro-hongrois se succèdent dans le Nord de l’Italie, et des campagnes militaires arrachent le Sud de la péninsule aux espagnols. L’état Français, initialement favorable au projet indépendantiste italien car il entraine la réduction des sphères d’influence austro-hongroise et espagnole, fait marche arrière. La France décide de soutenir l’état du Pape, son ancien allié qui garde l’un des dernier bastions contre lequel se concentrent les attaques du naissant état italien. L’agression contre le Pape est perçue par une partie de la noblesse italienne comme une trahison, et la famille de Brazza s’éloigne donc des Savoie, tout en renforçant ses liens avec le Pape et la France.

Dans ce cadre, la présence de la flotte française qui défend le Pape à Rome est l’occasion pour Pierre de partir en France, sous la tutelle d’un amiral français. Nous sommes en 1864, Pierre Brazza a 12 ans. Il s’inscrira à l’école de la marine à Brest pour poursuivre son rêve de devenir explorateur, qui peut se concrétiser sous l’égide française alors que l’Italie naissante est loin de pouvoir poursuivre des projets d’exploration.

Brazza devient ainsi un soldat de la France. Rapidement il pourra expérimenter les contradictions de la colonisation en Algerie. La possibilité d’un départ pour l’Afrique centrale se présente dix ans plus tard, en 1874, avec une mission de reconnaissance et de répression de la traite des esclaves à bord d’une frégate de la marine française sur les côtes gabonaises. Brazza conçoit, à ce moment-là, l’idée de remonter le fleuve Ogooué et rentrer ainsi en Afrique Centrale, mais est obligé d’attendre un an pour que sa naturalisation soit achevée. Il peut profiter de certains appuis dans les hautes sphères mais il se heurte aussi à beaucoup d’obstacles liés à son origine étrangère. Pendant toute sa carrière il aura besoin de démontrer se qualités de « bon français » tout en intégrant et en promouvant une image idéalisée de la France.1

Brazza doit travailler pendant des mois afin de convaincre les fonctionnaires français à approuver et financer ses missions : la France vient de sortir de la guerre d’Alsace, pendant laquelle l’élite française a sacrifié ses ambitions militaires sur l’autel de la stabilité interne, en profitant de l’aide allemand pour dompter les communards à Paris. Les indemnités de guerre à payer sont élevées, les caisses de l’état sont vides. Les révoltes en Algérie se succèdent, et des missions d’exploration ne sont pas à l’ordre du jour.

Brazza insiste, obtient un crédit de l’état français, une petite contribution de l’Association Internationale Africaine2, l’organisation « humanitaire » fondée par Léopold II le roi des belges, qui deviendra l’un de ses pires ennemis. Cependant, la première expédition de Brazza a été financée par lui-même et sa famille pour plus de la moitié.3 Dans les années suivantes, selon son beau-frère, la famille de Brazza aurait investi 700.000 francs pour financer les expéditions de l’explorateur, une somme équivalente à environ 2,3 millions d’euros en 2023.4 En effet, la mère de Pierre a vendu un palais à Rome pour financer cette expédition selon une note retrouvé sur l’acte de vente dans les archives de la famille.5

La situation que Brazza trouve en s’éloignant des côtes africaines est très différente des récits des explorateurs de son enfance : les territoires sont densément habités, les populations connaissent les blancs et les marchandises dont ils sont la source sont convoitées, ainsi que leurs armes à feu. Les dignitaires et chefs locaux sont encadrés dans des structures politiques et des réseaux qui ont plus de traits communs avec l’ancienne société féodale européenne, dont Brazza est issu, que avec les états-nations contemporains. En vertu du contexte dans lequel il a grandi, Brazza jouit d’un avantage qui lui permet de traverser les territoires des populations côtières du Gabon avec une approche diplomatique, qu’il est obligé d’adopter ne serait-ce que car la France met à sa disposition des moyens très limités. Sa première expédition, après avoir atteint l’actuelle Franceville au Gabon, se heurte à la résistance des Apfourou en descendant l’Alima et Brazza est obligé de s’arrêter.

Pendant sa deuxième expédition, Pierre Brazza descend cette fois le cours de la Lefini et arrive sur les plateaux Téké. Brazza plonge encore plus profondément dans le contexte politique africain. Les études de Jan Vansina6 et d’autres chercheurs sur l’histoire précoloniale de la région ont montré que les populations qui habitaient les territoires qui été successivement incorporés dans AEF étaient dotées de structures politiques sophistiquées, produites par des siècles d’évolutions et ajustements.

En effet, le Royaume Téké était un état dans lequel le pouvoir était attribué et exercé selon des règles précises. Sans vouloir rentrer dans les détails de son fonctionnement, sur lequel d’autres chercheurs ici présents ont surement plus de compétences que moi, je vais souligner que le pouvoir du Makoko était (et est actuellement) soumis à une série de limitations qui ont l’objectif d’éviter une dérive centralisatrice et absolutiste, tout en garantissant le maintien d’un lien entre le pouvoir du Makoko, exercé sur un territoire très vaste, et les populations qui l’habitaient. Les limitations aux déplacements du Souverain, le caractère électif de ses privilèges, le rôle important et l’autonomie accordée à ses vassaux dans les différentes parties du Royaume, et aussi l’institution de la Ngalifourou, sont des exemples de ces limitations.

Quand Brazza réussit à arriver dans les territoires Téké, la stabilité de ce système politique et l’autorité du Makoko sont déjà bouleversées par des instabilités internes, liées à leur tour à l’arrivée des marchandises et des armes européennes. Dans les mots de l’explorateur :

Pendant mon séjour chez Makoko, j’eus les renseignements les plus curieux sur l’histoire du pays. Autrefois Makoko était souverain absolu et c’est par lui que les marchandises européennes venaient exclusivement par Amey et la cote de Landana et Mayombé. […] Mais, déjà, depuis plusieurs générations, des gens parlant une langue inconnue, [les Abanko] venant du haut du fleuve et habillés avec des peaux de bêtes, vinrent demander à s’établir sur les rives du fleuve. Ils commencèrent alors à faire le commerce de l’ivoire avec Nkouna […] à cette époque, l’importation de fusils ayant commencé dans le pays et les Abanko en ayant reçu beaucoup, ils se crurent assez forts pour s’emparer de Nkouna et passer ainsi en maitres sur la route de Makoko et commercer directement sans l’intervention des Batéké. Il y eut, à cette occasion, une guerre dans laquelle les Abanko furent battus.

De plus, après une guerre avec les Anfuenga et les Agniegnie qui occupaient la rive gauche du Congo, en amont de la rivière Qua [Kwa], les Abanko s’emparèrent du littoral des Agniegnie et s’y établirent en grande force. Commençant alors à descendre à Nkouna avec un nombre considérable de pirogues, l’avant-dernier prédécesseur de Makoko [Ilôo], afin d’empecher un nouveau coup de main, désigna les chefs de sa famille auxquels il partagea son royaume en les instituant feudataires des terres qui leur étaient concedées. […] C’est ainsi que à Nkouna, on établit sur les deux rives deux chefs puissants qui, pour plus de sûreté contre les Abanko et contre un démembrement, devaient entretenir chez eux un représentant de Makoko qui était changé tous les ans. […] Les descendants de ces deux chefs ne sont plus que nominalement vassaux de Makoko et se bornent à l’envoi, de temps en temps, de quelques cadeaux.7

Cela explique pourquoi le traité avec le Makoko Ilôo mentionne la ratification par le Makoko d’une « cession de territoire faite par Ngampey », et pourquoi ce traité était accompagné par un deuxième traité, conclu quelques semaines plus tard à Nkouna avec les dignitaires Ngaliémé, Sciano Ngaékal, Ngaéko, Ntaba et Juma.

Cette instabilité avait été ultérieurement aggravée par l’arrivée de Stanley sur la rive sud du fleuve Congo. Quelques dignitaires Téké de la rive gauche du fleuve avaient à ce moment-là déjà conclu des accords avec Stanley et ses émissaires, probablement dans le cadre d’une stratégie qui visait à augmenter leur autonomie par rapport au Makoko. Le Makoko avait par contre évité de rentrer en contact avec l’explorateur mandaté par le roi des belges.

Je ne veux pas de rentrer dans les détails des mécanismes de distribution du pouvoir et des conflits entre les différent groupes (Téké et autres) présents dans la région : comme Jan Vansina l’a mis en évidence, les informations relayées par Brazza, quoique indicatives d’une situation politique complexe, sont incomplètes et pas entièrement claires à ce propos.

Ce que je tiens à mettre en évidence ici est que la présence de plusieurs centres de pouvoir sur le même territoire présente un certain nombre de traits communs avec le contexte politique avec lequel la famille de Pierre Brazza était habituée à interagir. De plus, Brazza et Vansina insistent tous les deux sur le caractère « spirituel » de l’autorité du Makoko, et on peut affirmer qu’en ayant grandi à Rome l’explorateur n’était pas étranger à cette forme de pouvoir.

Beaucoup de biographes ont mis l’accent sur le fait que le Makoko aurait choisi de s’allier avec Brazza plutôt que avec Stanley à cause du prétendu caractère d’« humaniste » de l’explorateur franco-italien, un mot qui semble mal placé pour décrire un colonisateur.8 Mon idée est que c’est plutôt l’affinité entre les contextes politiques desquels ces deux hommes étaient issus qui a été un facteur déterminant dans le choix du Makoko Ilôo. En outre, le Souverain des Batékés a du probablement voir dans l’alliance avec Brazza un facteur de stabilisation interne à son royaume, et aussi un moyen de consolider ses relations commerciales fragilisés avec les européens.

Je vais maintenant passer à la deuxième partie de mon intervention, dans laquelle je vais faire quelques considérations sur la valeur de ce traité entre Brazza et le Makoko Ilôo.

Nous parlons aujourd’hui de ca traité, mais cela implique d’aborder la rencontre entre les deux hommes qui l’ont signé. Sur l’arrière arrière-plan de cette rencontre se trouve l’expansion impérialiste européenne en Afrique, avec l’oppression et les horreurs qui en sont découlés : des phénomènes qui ont eu de lourdes conséquences et un impact profond sur les sociétés de la région. Le « Traité Makoko »9 a été en effet l’un des premiers épisodes de la colonisation du Royaume Téké par la France, et la ratification de ce traité par le parlement français a été le pivot sur lequel a été organisée la « mission de l’ouest africain » qui entraina la fondation d’une colonie à part entière dans les territoires du Royaume et dans le reste de l’Afrique Équatoriale Française.

Je tiens à souligner qu’esquisser une analyse de la rencontre entre Ilôo et Brazza et de leur traité n’est pas facile, en vertu de cet arrière-plan si imposant: d’un côté, la colonisation ne peut et ne doit pas être ignorée ; de l’autre, les blessures qu’elle a provoqué étant toujours ouvertes, nous devons avancer avec précaution afin qu’elles nous n’empêchent pas de comprendre le déroulement des évènements et les intentions des individus impliqués.

Nous arrivons ainsi à un interrogatif qui est central dans l’analyse du traité entre le Makoko Ilô et Pierre Brazza, ainsi que des autres traités signes contextuellement : à quel point le Makoko Ilôo était-il conscient des implications du document qu’il était en train de signer ?

J’aborderai cette question en la décomposant à son tour en deux questions :

1. Est-ce que le Makoko Ilôo avait une notion précise des ambitions d’un pays colonisateur, et donc de l’usage qui aurait été fait par la France du document qu’il était en train de signer ?

2. Est-ce que le Makoko Ilôo avait une notion claire du contenu de ce document, c’est à dire avait-il compris son texte par le biais d’une traduction fiable, et avait-il exercé un choix « libre et informé » en le signant ?

Pour ce qui concerne la première question, il me semble que le Makoko Ilôo ne pouvait pas savoir jusqu’où pouvaient arriver les ambitions d’une puissance coloniale dans cette phase de l’expansion impérialiste. D’ailleurs le texte du traité est assez laconique : son texte dépasse à peine les 100 mots, il est bien plus court et synthétique du deuxième traité signé le 3 octobre à Nkouna, pour ne pas mentionner les traités couramment signés entre les pays européens.10

Est-ce que le Makoko Ilôo ne connaissait pas l’histoire du Royaume Kongo, son voisin progressivement désintégré par les portugais à partir du 17ème siècle ? C’est probable, mais on peut croire que le Makoko Ilôo considérait que son royaume ne pouvait pas faire la même fin, à cause de sa situation géographique différente et du fait que les Kongo avaient été l’objet des convoitises des Portugais et des autres puissances européennes en tant que source d’esclaves. Le Makoko ne pouvait pas ignorer que dans les années 1880 ce commerce était mourant suite au déclin du commerce triangulaire aux instances abolitionnistes, dont Pierre Brazza était d’ailleurs un fervent paladin.

A cela se rajoute le fait que, comme l’ont mis en évidence plusieurs historiens de l’Afrique, la notion d’autorité n’était pas la même pour les Européens et les Africains, la notion de pouvoir africaine étant associé au commandement sur les individus et les groupes plutôt qu’à la possession d’un territoire : donc le Makoko devait avoir une perception différente des implications d’un traité ancré sur une notion territoriale du pouvoir.11

Dans mon opinion, en 1880 Pierre Brazza lui-même n’avait pas une idée de la portée de l’œuvre de colonisation qu’il était en train de commencer au Congo, sa vision de la colonisation en Afrique centrale étant limitée à l’établissement de stations commerciales sur le modèle des postes européens sur la côte. Dans ces entrepôts, bien sûr, les blancs faisaient de bonnes affaires, mais il aurait été difficile pour un européen de l’époque de juger négativement cette présence, alors que la pensée économique dominante considérait le commerce international comme un facteur de progrès et d’épanouissement pour les populations impliquées.12 Il est difficile de croire que Brazza pouvait imaginer ce qui allait devenir ce territoire dans 10 ou 20 ans, quand l’explosion de la demande de caoutchouc aurait amené les colonisateurs à des terribles exactions afin de maintenir le contrôle sur la grande quantité de main d’œuvre nécessaire à la collecte de ce produit.

Je me permets d’aller encore plus loin : à l’époque du traité, même les fonctionnaires du ministère des colonies en France n’avaient pas une notion précise de quelles ressources ils auraient pu tirer des colonies de l’Afrique Centrale, ni des stratégies qu’ils auraient mis en place pour les « mettre en valeur ». C’est pour cette raison que Brazza peine autant à trouver des financements pour ses premières expéditions. A ce moment-là l’ivoire était surement un matériel très convoité, mais son extraction ne nécessitait pas d’une main d’œuvre très nombreuse et d’un contrôle strict sur les populations ; par contre, les brevets pour la fabrication de pneus en caoutchouc datent de 1888,13 et l’utilisation de ce matériel sur grande échelle est encore successive ; l’exploitation du bois dans des contrées si difficiles à relier à la cote n’était qu’une lointaine possibilité qui ne pouvait pas concurrencer les autres sources d’approvisionnement ; les projets de l’Association Internationale Africaine et les activités d’exploitation dans les postes fondés par Stanley à partir de 1879 dans l’Etat Indépendant du Congo étaient limitées au commerce de l’ivoire et la conférence de Berlin n’est pas encore à l’horizon. On devra attendre jusqu’à 1890 pour que commencent progressivement les activités d’exploitation à grande échelle qui feront tant de victimes dans les territoires conquis par le roi Léopold et aussi dans l’Afrique Equatoriale Française.14

Cela n’exempte pas les acteurs coloniaux de l’époque, y compris Pierre Brazza et ses compagnons, de la responsabilité d’avoir contribué à l’imposition du joug colonial, avec les innombrables supercheries, violences et abus qu’en ont été le résultat : à partir des « massacres du Congo »15 du début du 20ème siècle, en passant par la construction du chemin de fer Congo-océan, par les exactions justifiées par l’imposition du code de l’indigénat, par le recrutement forcé de « chair à canon » africaine pendant les guerres mondiales, jusqu’aux conséquences sur les équilibres planétaires à ce jour. Cependant, si nous souhaitons comprendre ce qui s’est passé pendant la rencontre du Makoko Ilôo et Brazza il est essentiel de faire abstraction de ce qui pour eux était un avenir impossible à prévoir, et essayer de cerner l’attitude de Pierre Brazza vers les populations et les souverains qu’il a rencontré.

Cela nous amène à la deuxième question, celle du choix « libre et informé » par le Makoko Ilôo. Les seuls témoignages en provenance des Téké que j’ai trouvé sont indirects, recueillis pour la plupart par Jan Vansina aux années 1960. Le Makoko Ilôo est décrit comme un souverain averti, et l’anthropologue alterne les témoignages recueillis sur le terrain et les informations tirées des cahiers de Brazza en contribuant à corroborer la véridicité des cahiers de l’explorateur. Selon Vansina, le Makoko Ilôo a effectivement eu la possibilité de consulter le ikwii de son arrière-arrière-grand père à propos de la signature du traité, difficilement on pourrait imaginer que cela aurait été possible dans une situation de coercition ou ivresse.16

A ces éléments on peut rajouter une observation sur l’ampleur et la complexité des négociations qui ont entouré la signature du traité, relayés par Brazza et ses collaborateurs et confrontées par Vansina avec les témoignages qu’il recueillait sur le fonctionnement et les traditions du royaume : difficile de comprendre pourquoi l’explorateur aurait falsifié toutes ces informations dans ses rapports, bien qu’elles n’étaient absolument pas nécessaires pour ses supérieurs en France.

Cependant, nous ne disposons pas de témoignages détaillées ni de documents en provenance du Makoko ou des Batéké ; cela nous empêche d’exclure avec certitude l’existence de mauvaise foi dans les agissements de Brazza. On ne peut que essayer d’esquisser une réponse à la question du choix « libre et informé » du Makoko Ilôo en essayant de comprendre quelle était, au moment de la signature du traité, l’attitude de Brazza envers le Makoko, les Batéké, et de manière plus générale les habitants des pays qu’il explorait. L’attitude de Brazza envers ses interlocuteurs africains devient ainsi déterminante pour savoir s’il est opportun, ou pas, de faire une distinction entre le « traité Makoko » et d’autres traités couramment extorqués aux dignitaires africains avec la ruse, la coercition ou la corruption par les explorateurs et colonisateurs européens de l’époque.

Il n’est pas possible d’avoir une certitude absolue sur ce point, car, je le répète, nous travaillons ici sur une histoire écrite exclusivement par les colonisateurs. Ma connaissance de la vie de l’explorateur et surtout des constructions mémorielles dont elle a fait l’objet m’invitent à une série de réflexions sur ce point. Je souhaite ici attirer l’attention sur deux points.

En premier lieu, il y a le risque de sombrer dans des constructions apologétiques qui sont arrivées au point de faire de Pierre Brazza un « humaniste », un « prophète du tiers monde »17, le « père des esclaves », un « héros du Congo »18 tout en occultant les conséquences de son œuvre colonisatrice pour les habitants des territoires dans lesquels il a voyagé et dont il a été le premier gouverneur général.

Certes, dans les écrits de Pierre Brazza on ne trouve pas de mention d’abus ni d’actes de violence gratuites, ni de représailles ou massacres, alors que certains de ses collègues contemporains n’hésitaient pas à mentionner ces méthodes ouvertement dans leurs rapports et parfois même dans les récits destinés au public.19 D’ailleurs, nous avons déjà mentionné que pendant sa première mission Brazza fut contraint à revenir sur ses pas suite à la résistance armée des Apfourou, et Brazza parle d’ « évènements sanglants » à ce moment-là, qui l’obligeront par la suite à « une tâche d’apaisement et de pacification » lors des négociations qui ont entouré la signature du traité Makoko. En général, nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour dire que Pierre Brazza ne se soit jamais livré à des abus, et nous avons des instances documentées, dans les écrits de Brazza, de violences commises par des fonctionnaires et des agents des compagnies coloniales sous son administration pendant les années où il était gouverneur général.

Un épisode particulièrement sombre serait celui d’un dignitaire Téké, voire d’un Makoko, qui se serait laissé mourir de faim après avoir été incarcéré à cause de sa rébellion contre le pouvoir colonial. Cet épisode a été relayé par plusieurs sources, mais je n’ai jamais réussi à en trouver des traces documentaires ou des témoignages allant au-delà de la rumeur. Peut-être que dans ce colloque on pourra avoir des éclaircissements à ce propos.

Il est aussi important d’observer que dans les derniers décennies du 19eme siècle les institutions des pays colonisateurs sont tiraillées entre deux modèles de colonisation divergentes : d’un côté, celui des investissements étatiques pour les infrastructures et l’administration des territoires occupés, de l’autre la délégation de ces taches onéreuses, et de la collecte des impôts « en nature » aux compagnies coloniales. L’Association Internationale Africaine, dont la branche française est dirigée par Ferdinand de Lesseps, fondateur de la société Suez, promut ce dernier modèle avec des stratégies de communication assez violentes.20 Pierre Brazza, après avoir noué des relations avec cette Association avant sa première mission, s’éloigne de ses positions car il était conscient des abus que la « privatisation » de l’entreprise coloniale pouvait entrainer. L’explorateur prônait plutôt un modèle de « mise en valeur » plus progressive des colonies, prévoyant des investissement étatiques importants. Ce modèle sera refusé par les institutions coloniales françaises à la fin du 18eme siècle : à ce moment-là on devra mettre Pierre Brazza en congé forcé pour pouvoir implanter le régime de concessions d’exploitation sur les territoires de l’AEF.21

Je partage le désir d’éclairer, discuter et condamner les horreurs de la colonisation et de comprendre ses conséquences sur les relations entre l’Afrique et le reste du monde à nos jours. Il est toutefois important de souligner que la dénonciation des brutalités coloniales, absolument légitime en soi, peut amener à des distorsions révisionnistes. Ce risque est fort quand on accuse Pierre Brazza de violences gratuites ou envers des innocents, et cela pour deux raisons.

En premier lieu, les accusations de violence, viol, et récemment même pédophilie, à l’encontre de Pierre Brazza nous interdisent une interprétation de l’histoire de la signature du Traité dans laquelle le Makoko Ilôo aurait joué un rôle important, voire déterminant.

Deuxièmement, c’est l’identification de Brazza personnage avec le système colonial qu’il a fondé qui contribue largement à ce qu’il soit accusé d’actes reprochables. Or, cette identification Brazza=colonisation n’est pas si anodine si l’on croit aux historiens qui ont dédié des énergies considérable à étudier sa vie, Henry Brunschwig, Catherine Coquery-Vidrovitch et Elisabeth Rabut en particulier.22 En étudiant l’évolution de la mémoire de l’explorateur, on s’aperçoit que l’identification Brazza=colonisation est fondée sur l’image de l’explorateur prônée pendant des décennies par le système éducatif colonial et par les programmes scolaires en vigueur dans l’Afrique Équatoriale Française, qui avaient fait de l’explorateur le porte-parole d’une colonisation qui se voulait respectueuse et non-violente.23

L’identification de Brazza avec la colonisation française de l’AEF est ancrée sur la dissimulation des contrastes entre Brazza et le ministère de colonies concernant la « mise en valeur » de l’AEF et le rôle des compagnies concessionnaires, contrastes qui aboutirent à la mise en congé de l’explorateur. La mission d’enquête confiée à l’explorateur en 1905, et sa tentative échouée de dénoncer les violences des colonisateurs et de les imputer aux défaillances du système colonial tout entier, sont aussi dissimulées dans cette construction mémorielle, à l’instar du rapport qu’il avait rédigé à la fin de cette enquête.

Pendant les évènements du transfert des restes mortuaires de l’explorateur j’ai pu constater qu’il existe des individus en France qui continuent à prôner cette identification acritique de Brazza avec la colonisation. Le but ultime de ces individus est de dissimuler la brutalité du système colonial, en protégeant ainsi les compagnies coloniales et leurs descendantes directes qui sont toujours à l’œuvre. Autour du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, et des financements qu’il attire, tourne une pléthore de chercheurs qui, se cachant derrière des frontières disciplinaires infranchissables, refusent de mettre en relation les évènements de l’époque de l’explorateur avec le présent.

Derrière leurs descriptions pittoresques de la propagande coloniale, ils avancent une interprétation des brutalités coloniales tendant à les imputer à « quelques individus alcooliques perdus dans la foret »24 pour dissimuler le fait que le système d’exploitation colonial, avec toutes ses hypocrisies et toute sa violence, était conçu et organisé dans les plus hautes sphères de l’état français avec la complicité des intérêts économiques.

Il s’agit là aussi d’une histoire familiale : les personnes dont je parle sont descendants contemporains de ces mêmes acteurs, qui, comme l’a montré Eric Vuillard,25 sont dans plusieurs cas les petits enfants des agents des compagnies coloniales. Ce sont ces individus, qui tirent des énormes profits du « pillage à huis clos »26 de l’Afrique qui aujourd’hui, et qui prônent et appuient ce genre d’interprétations, car ils ont besoin de légitimer leur passé et leurs agissements afin de pouvoir continuer à faire des affaires. Ce sont eux qui ont voulu et construit le Mémorial de Brazza.

Ainsi, tous ceux qui continuent à identifier Brazza avec la colonisation, en faisant de l’explorateur le porte-parole idéal de la pénétration française en Afrique Centrale, font le jeu de ces personnages redoutables. La rage contre la colonisation est compréhensible, la frustration devant la perpétuations de ses mécanismes d’exploitation encore plus, ce sont cette rage et frustration qui amènent à accuser Brazza de viols et pédophilie. Il n’est pas question ici de défendre la mémoire de Brazza, mais d’attirer l’attention sur le fait que la dissimulation de la dénonciation du système colonial contenue dans le dernier rapport de Brazza, qui accompagne ces accusations, contribue aux intérêts de ce réseau et à la consolidation du statu quo dans les relations euro-africaines.

« Avoir été, c’est une condition pour être ».

L’histoire du traité entre le Makoko Ilô et Pierre Brazza nous rappelle que le passé colonial est plus présent et vivant de ce que l’on croit souvent, non seulement pour les descendants, justement révoltés, des peuples colonisés, mais aussi pour ceux qui continuent à tirer des profits importants des relations politiques et économiques ouvertes pendant l’expansion impérialiste européenne.

Je tiens à souligner ce point car je pense qu’une analyse fidèle du traité entre le Makoko Ilôo et Brazza ne puisse avoir lieu que si l’on est conscients des implications de ce chapitre de l’histoire congolaise sur notre présent ; mais cette conscience ne doit nous faire plonger dans des positions manichéennes, mais nous aider à comprendre l’histoire de la colonisation de l’Afrique centrale dans toute sa complexité.

Sanctifier ou démoniser Pierre Brazza, voir le Traité comme le début d’une prétendue amitié Franco-Congolaise ou comme un piège tendu par un conquérant sans scrupules, ces deux tendances amènent à la même conclusion fallacieuse : impliquer que les Africains n’ont joué aucun rôle dans l’histoire de leur continent à partir de l’époque coloniale.

Est-ce que cette attitude ne porte pas subtilement avec soi une déresponsabilisation de ceux qui sont aujourd’hui à la tête des états de la région et qui basent leur pouvoir sur la monopolisation des profits tirés de la vente des ressources de leurs pays?

Difficile de le dire, mais n’oublions pas que les intérêts que j’ai mentionné font des stratégies de communication et de dissimulation leur arme plus efficace. En tout cas, la passivité des colonisés et la « manichéisation » anti-historique du débat sur la colonisation entraient aussi l’idée fataliste que l’histoire de la colonisation a suivi son cours sans que personne ne lève la voix pour essayer de rendre plus respectueux le contact entre l’Europe et l’Afrique. Les « sanctificateurs » vont dire que ce n’était pas nécessaire, les « démonisateurs » vont impliquer que toutes les personnes qui ont participé à l’entreprise coloniale agissaient en mauvaise foi. Sur ces bases on peut affirmer aussi que le schéma des relations entre l’Afrique et le reste du monde, ainsi que l’oppression, la dépossession et la pauvreté qui sévissent aujourd’hui sur le continent où est née l’humanité sont inévitables.

Au contraire, une analyse critique et l’encadrement du traité dans son contexte historique peuvent nous amener à penser que, quand ils ont signé le traité, Makoko Ilôo et Pierre Brazza avaient tous les deux une vision différente de l’avenir de la région, une vision qui pourrait toujours se concrétiser.

1 Cfr P. di Serego Alighieri, Brazzà ou l’illusion républicaine en Afrique.

2 1500 Francs sur un cout total d’environ 42000 Francs.

3 22.791 francs (environ 90.000 € en 2023) contre les 17.500 reçus des autres sources de financement. Cfr. H. Brunschwig, Brazza explorateur : L’Ogooué, ed. Mouton, 1966, p. 17.

4 Une somme équivalente à environ 2,3 millions d’euros en 2023. Cfr Général de Chambrun, Brazza, Librairie Plon, 1930 p. 156.

5 Cette note a été retrouvée par Elisabetta Mori, conservatrice des Archives du Capitole à Rome.

6 J. Vansina, The Tio Kingdom of the Middle Congo 1880-1892, Oxford University Press, 1973.

7 Archives Nationales d’Outre-Mer, Brazza 18, 2ème mission 1, copy-book, 1ère partie, pp. 252-315, cité par H. Brunschwig, Brazza explorateur : Les traités Makoko 1880-1882, ed. Mouton, 1972.

8 Cfr L. Atondi-Monmondjo, Pierre Savorgnan de Brazza, Totem et Tabous, MédiAfrique, 2021.

9 La dénomination officielle du traité, adoptée par l’état français lors de la ratification par le parlement.

10 Par exemple, le texte du traité de Francfort (1871) dépasse les 3000 mots.

11 Cfr. entre autres F. Cooper, Décolonisation et travail en Afrique. L’Afrique britannique et française, Paris, Karthala, 2004.

12 Cfr. D. Irwin, Against the Tide: An Intellectual History of Free Trade, PUP, 1996.

13 Cfr. T. Gaston-Bretton, « Charles Goodyear et la révolution du caoutchouc », Les Échos, 15 juillet 2008.

14 Cfr. D. Van Reybrouck, Congo : une histoire, Actes Sud 2012, p. 80 et suivantes.

15 Cfr G. Toqué, Les massacres du Congo, L’Harmattan, 1996. Selon Van Reybrouck (op. cit.) environ 10 millions d’africains sont morts à cause des effets de la colonisation et de l’exploitation du caoutchouc dans l’État Indépendant du Congo.

16 Cette information provient quand même des actes d’une conférence tenue par Brazza en France, cfr. N. Ney, Conférences et lettres de P. Savorgnan de Brazza sur les trois explorations dans l’ouest africain de 1875 à 1886, Maurice Dreyfous, 1887

17 J. Autin, Brazzà, un prohète du tiers monde, Perrin, 1985. L’auteur de cette biographie fait partie d’un courant de fonctionnaires coloniaux, qui prônaient des méthodes relativement respectueuses des populations colonisées, dont Brazza a été l’un des inspirateurs.

18 Cfr. entre autres Général de Chambrun, Brazza, Librairie Plon, 1930 et aussi Film Brazza ou l’épopée du Congo par L. Poirier, 1940.

19 Cfr. R. Arnaut, Sur les traces de Stanley et Brazza, Mercure de France, 1989.

20 Dans le cadre de cette stratégie l’association lance une campagne de presse visant à décrire le « traité Makoko » comme une supercherie pour en empêcher la ratification par le parlement français.

21 Cfr. Catherine Coquery-VIdrovitch, Le Congo au Temps des Grandes Compagnies Concessionaires, 1898-1930, African Economic History, n. 2, 1976, p. 73.

22 Ces historiens ont produit un grand nombre d’articles et ouvrages sur Pierre Brazza et sur l’AEF à son époque, impossible de les citer ici dans leur intégralité. Cfr H. Brunschwig, op. cit. ; C. Coquery-Vidrovitch, Brazza et la Prise de Possession du Congo. La Mission de l’Ouest Africain. 1883-1885, Mouton, 1969 ; Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, Mouton, 1972 et (particulièrement intéressant sur ce point) Le rapport Brazza: mission d’enquête du Congo, rapport et documents, 1905-1907, Le passager clandestin, 2014 ; E. Rabut, Brazza, commissaire général: le Congo français, 1886-1897, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1989.

23 Cfr. I. Dion, Pierre Savorgnan de Brazza, conquérant pacifique et « père des esclaves » (1852-1905). In: Usages savants et partisans des biographies, de l’Antiquité́ au XXIème siècle. Actes du 134ème Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Célèbres ou obscurs : hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire », Bordeaux, 2009. Paris : Éditions du CTHS, 2011. pp. 235-260.

24 Mots prononcés par Catherine Coquery-Vidrovitch en décrivant la dissimulation des dénonciations faites par Pierre Brazza, opérée lors de la publication des conclusions de l’enquête sur les violences dans l’AEF par l’état français en 1907.

25 Eric Vuillard, Congo, Babel, 2014.

26 Cfr X. Harel, Afrique, pillage à huis clos: comment une poignée d’initiés siphonne le pétrole africain, Fayard, 2006.

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