l’idéologie du nordisme et Le tribalisme au Congo
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présentation
Chers compatriotes, bonjour.
Je m’appelle Né-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu, responsable d’un think-tank politique appelé Alternative Congolaise pour une Transition d’État, en abrégé ACTE, connu de l’administration du pays où je réside. Une structure au sein duquel je mène mes activités politiques dans le but de récréer le leadership pour le mouvement matswaniste qui a libéré le Congo. Peu de gens le savent, et les régimes successifs du Congo l’ont simplement occulté pour asseoir l’ignorance des Congolais.
Je viens vous entretenir avec ce nouveau thème pour d’une part, vous éclairer sur le tribalisme au Congo, une thématique que vous connaissez déjà à travers mon article intitulé « le tribalisme au Congo : parlons-en ! ». D’autre part, pour exposer le nordisme, une idéologie politique du Congo que peu de gens connaisse.
Mais avant d’aborder le sujet, nous allons examiner quelques considérations préliminaires liées au débat sur le tribalisme au Congo.
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Considérations préliminaires
Le Tribalisme est une problématique sérieuse qui a surgit très tôt dans l’espace politique du Congo, dès les années 1960-70. Ce tribalisme a été dénoncé notoirement en le qualifiant d’OBUMITRI que l’on traduit par Oligarchie Bureaucratique Militaire et Tribal. Ce tribalisme est bien une problématique ancienne qui reste d’actualité.
J’aborde ces préliminaires parce qu’il y a eu des tentatives de décrédibilisation de ce débat, par pure déni, par des négationnistes qui ne veulent pas l’avouer. C’est pourquoi je m’emploie à l’éclaircir et à l’expliquer aux générations du Congo, privées de l’enseignement de l’Histoire du Congo et de l’Afrique par le système établi.
En effet, les négationnistes se sont organisés pour semer l’amalgame en voulant introduire dans ce débat d’autres aspects, notamment philosophique, anthropologique et scientifique. Sans doute, cela a le mérite d’être soulevé, parce que c’est aussi cela le débat. Mais en réalité, c’est une fuite en avant pour étouffer ce qu’ils ne veulent pas entendre, pour des raisons compréhensibles. Ces Congolais sont plus ou moins liés au système à l’origine du tribalisme. Ce n’est pas étonnant qu’ils le vivent et le pratiquent avec la plus grande insouciance.
Voyons cela.
Est-ce le tribalisme est un problème Philosophique ?
Assurément Non. Le tribalisme au Congo porte sur des faits politiques connus. Les faits ne sont pas des concepts philosophiques. La philosophie, si l’on veut est une science de l’esprit et du raisonnement. C’est une rationalité sur des questions existentielles de la vie. Elle est très éloignée de l’analyse des faits historiques posés par des acteurs politiques qui essayent d’échapper à leur responsabilité sous le couvert de l’ethnie et du pouvoir politique. En cela, la problématique n’est pas philosophique.
Est-ce le tribalisme est un problème anthropologique ?
Nul doute. Le tribalisme au Congo met en opposition deux cultures. L’Oloma-Niama et le Kimuntu.
L’Oloma-Niama, littéralement l’Homme de la Bête, est une culture qui tend à bestialiser la société. Cette culture est hermétique à la morale et à l’éthique. Elle est partie intégrante de l’ethnie Mbochi qui borde les rives de la rivière Alima au Congo. Elle n’a pas connu de progrès civilisationnel avancé, contrairement à d’autres sociologies qui ont eu des structures étatiques organisées.
Cette culture Oloma-Niama s’oppose au Kimuntu.
Le Kimuntu est une culture Kongo. C’est une philosophie de socialisation et d’humanisation de l’humain. C’est un ensemble de valeurs morales et d’élévation spirituelle qui exige la vertu dans les actes. Notamment, la bonté, la générosité, la vérité, la justice, le respect du bien commun comme de la personne, la solidarité. La haute sagesse Kongo a des principes très vertueux. Citons ! « kiame, i voua. Kieto, i voua ko. » traduit en ces termes : « ce qui est mien m’appartient ; Ce qui est à la communauté ne m’appartient pas. » Ou encore cet autre principe, « Bana batele, Bana basekole. », qui magnifie le dialogue en ces termes, « les uns disent, les autres répondent. » Cette sagesse a guidé les présidents Kongo qui ont gouverné le Congo. Ils n’ont pas utilisé l’armée pour conserver le pouvoir d’État ni à titre personnel, ni pour leur ethnie, alors que le plus haut gradé de l’armée était un colonel Kongo, le colonel Mountsaka.
A l’inverse, le comportement de tous les présidents de l’ethnie mbochi est ce qui est qualifiable de Kimpumbulu chez les Kongos. C’est-à-dire des hommes posant des actes de réprobation indignes d’un souverain. Ces hommes vont jusqu’à fomenter des alibis pour violenter une partie du peuple en utilisant la force publique.
Indéniablement, l’anthropologie Kongo, dépositaire de la civilisation Bantu, est confrontée à la culture mbochi qui a été transposée au sommet de l’État. Les adeptes de cette culture régressent le pays dans tous les compartiments de la vie. Ce n’est pas par hasard que ce tribalisme est mis en cause. D’autres l’ont pointé du doigt sous le terme du « vivre ensemble ». Ils l’ont fait par pudicité politique. Évidemment parce qu’ils craignent de heurter les sensibilités, ou de subir les affres d’un régime hyper violent.
Je relève un fait. Confronté à la morale et à l’éthique, le régime tribaliste mbochi répond par des rhétoriques du genre « le chien aboie la caravane passe » ; ou encore, « le ridicule ne tue pas ». Ces rhétoriques montrent que ce régime est sans considération pour les populations non-mbochi qu’il qualifie de rats de jardin et de souris. Le ridicule d’avoir effondré une administration, jadis l’une des plus efficace d’Afrique, en une administration moribonde, ne le heurte outre mesure. Sa réaction est conforme au slogan du PCT « ébonga, ébonga té, toujours meilleur !» qui se traduit par « que ça s’améliore ou pas, c’est toujours meilleur. » C’est la codification de la mal gouvernance par la culture d’Oloma-Niama.
Est-ce le tribalisme a une dimension scientifique ? Oui et Non.
La réponse est oui, car, prouver des faits requière l’utilisation d’une méthode. La méthode utilisée ici est l’investigation par rapport à l’Histoire. En effet, il faut d’abord identifier les faits, ensuite dater les faits, et enfin rechercher les auteurs. C’est indéniablement une approche scientifique, comme pour toute thèse.
La réponse est non, parce que l’approche scientifique basée sur la géographie des hémisphères n’est pas recevable lorsque l’on désigne le Nord d’une localité. Les cardinaux Nord, Sud, Est et Ouest sont des orientations relatives qui dépendent de la localité, c’est-à-dire, du point où l’on se situe.
Pour un Parisien, le nord représente Lille ou Calais. Le même Parisien regarde Lyon ou Montpellier pour désigner le sud. Mais pour un Marseillais, Paris c’est le nord. Et son sud à lui c’est l’Espagne ou l’Italie.
On ne parle donc pas de la position hémisphérique absolue par rapport à l’Équateur lorsqu’on parle du nord du Congo. Pour un Brazzavillois, les villes de Oio, Owando et Makoua se situent toutes au nord du pays. Autrement, les négationnistes du tribalisme au Congo doivent rebaptiser la compagnie « Océan du Nord » en une autre appellation.
Après ces considérations préliminaires, on peut concrètement aborder la question du tribalisme au Congo.
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Qu’est-ce que le tribalisme ?
Étymologiquement, tribalisme vient du mot tribu, qui désigne un groupe humain, une sociologie vivant selon des us coutumes propres qui font partie de leur tradition héréditaire.
Le « isme » désigne la conceptualisation d’une pensée sur la tribu, avec la possibilité d’un risque doctrinaire plus ou moins nuisible comme certaines idéologies.
Le tribalisme, tel que défini par le dictionnaire Larousse par exemple, est un concept neutre. Il réfère simplement à une organisation sociale fondée sur la tribu. Il n’y a pas de mal à s’organiser sur la tribu. Car naturellement, toute organisation se fait toujours autour de quelque chose. La chose en elle-même est neutre. Mais c’est l’usage que l’on en fait qui est problématique.
Selon cette définition, l’organisation attribue un rôle à la tribu qui acquiert ainsi une personnalité morale, un statut d’autorité morale voire administrative qui lui permet d’influer sur le territoire circonscrit par ses pouvoirs. Ces pouvoirs lui sont conférés par une autorité au-dessus d’elle. Ça peut être une reconnaissance de l’État à travers une loi fondamentale ou organique.
Cependant, la particularité du tribalisme au Congo est que celui-ci n’est pas constitutionnel. C’est-à-dire il n’est pas régi par la Constitution. C’est un tribalisme politique qui résulte :
D’une part, d’une volonté manifeste d’hommes et de femmes qui gèrent l’espace public et qui obéissent à un pouvoir politique concentré entre les mains des originaires de l’ethnie Mbochi. Ce fait seul suffit à qualifier ce pouvoir de pouvoir tribal qui agit au sommet de l’État. On est donc en présence d’un État tribal, ou tout simplement l’État Mbochi.
D’autre part, la nature des actes montre qu’il y a une discrimination voulue qui cible le groupe Kongo-Lari. Ce ciblage n’est pas neutre. Les Kongos, dont le pays porte le nom et qui est une partie de l’ancien royaume du Kongo, subissent un tribalisme d’État.
Ce tribalisme d’État se caractérise par un favoritisme exacerbé des Mbochis qui gangrène l’espace public, enrichit impunément les nordistes, déprave culturellement la société, et s’installe en une tyrannie impitoyable.
L’autre particularité du tribalisme au Congo est qu’il s’appuie sur une idéologie politique conçue pour accaparer le pouvoir d’État et les ressources du Congo.
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L’Idéologie politique sous-jacente au tribalisme politique
Cette idéologie politique s’appelle Le Nordisme. Le nordisme repose sur quatre piliers.
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Premier pilier, le Pouvoir par les armes. Ce pilier édicte une maxime dès la première décennie de l’existence de la République du Congo en tant qu’État sous le régime socialiste en ces termes : « Tu avances, nous te suivons. Tu t’arrêtes, nous te pointons. Tu recules, nous t’abattons. » C’est très violent comme principe. Elle reflète la nature violente des hommes, qui se prenaient pour des révolutionnaires. Des hommes à la mentalité forgée dans la culture d’Oloma-Niama, sans vertu, sans esprit patriotique, et sans esprit de contradiction. Marien Ngouabi, premier des révolutionnaires, en a fait les frais en étant assassiné par ses amis du PCT.
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Deuxième pilier du nordisme : La concentration du pouvoir d’État aux mains des Mbochis. Les statistiques dans l’armée (95% des mbochis), dans la haute administration publique (80% des mbochis), dans l’administration territoriale (à 70% mbochi) et autres secteurs, témoignent de l’emprise du pouvoir mbochi au Congo. C’est un fait indiscutable.
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L’accaparement des deniers publics est aussi l’un des piliers notables du nordisme. Le Trésor public du Congo a été privatisé par le régime mbochi. L’enrichissement illicite accéléré, injustifiable autre que par le détournement des recettes fiscales et des ressources des entreprises para-étatiques, est devenu la fulgurante ascension sociale des mbochis.
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Enfin, la priorisation à la formation et à l’embauche des Mbochis, est ce quatrième pilier. Il a été codifié dans le « yaka noki-noki. » Dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et administrative, la priorité aux nordistes est devenue la règle. La déferlante Mbochi a fait écrouler un pays jadis fierté de l’Afrique Équatoriale Française.
Ces piliers sont autant de leviers d’action qui constituent l’hégémon du PCT.
Le nordisme est une idéologie qui formate le Nord du Congo en un bloc politique monolithique. Ses partisans cultivent l’unanimisme. Cet unanimisme s’exprime par :
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Le mutisme face aux actes tribalistes du pouvoir Mbochi. Les Congolais observent avec émoi et stupéfaction l’omerta, la loi du silence, qui habite les originaires du nord. Le mutisme qui entoure l’assassinat de Ngouabi et du président Massamba-Débat est assourdissant. L’absence de condamnation du génocide dans le Pool et l’État de siège permanent dans cette région, en sont des mépris historiques. Ce mutisme est codifié dans le postulat « profites et tais-toi ! » C’est un favoritisme gratifiant du pouvoir et de l’argent par excellence. Il contraint les mbochis à observer ce silence, sans égard au pays détruit par les agissements de parents criminels à tout point de vue. En de rares cas, certains franchissent le Rubicon verbal pour ne dénoncer que le cas de leurs parents, les katangais, remerciés en monnaie de singe.
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Second aspect de l’unanimisme nordiste : L’emblème du PCT. L’ancien drapeau du Congo, république populaire des pseudo révolutionnaires, est agité comme emblème du PCT à chaque manifestation. Ce drapeau a ressurgi dès le 5 juin 1997, date de début du coup d’État de Sassou-Nguesso. Il est devenu l’emblème officiel de ce parti qui a transformé le nord du pays en une zone restreinte aux autres compatriotes. Et l’unanimisme oblige, les autorités publiques se taisent.
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L’endoctrinement idéologique est une autre forme d’unanimisme. Le nordisme agit comme un anesthésiant où toute remise en cause est considérée comme de la traitrise. Le sieur Bokamba Yangouma est dans l’esprit des mbochi le traitre par excellence. Le général Mokoko est aussi assimilé à un traitre par le nordisme, pour avoir voulu ébranler le régime impitoyable du Nord. Lui-même baigne dans cette idéologie pour avoir tenté de renverser à de multiples reprises le régime de la Transition et le régime Lissouba. Mais cela ne justifie pas la privation de sa liberté. Il est un prisonnier politique, tout comme son compagnon d’infortune Okombi, en détention arbitraire.
L’unanimisme inhérente au nordisme n’admet point de voix discordante chez les mbochis. Transposé à l’échelle nationale, cet unanimisme explique l’intolérance sur la liberté d’expression.
L’idéologie du nordisme a pour origine les déclarations de diverses personnalités mbochis.
En 1966, monsieur Noumazalaye a flanqué à la face du président Alphonse Massamba-Débat, alors en exercice, ceci : « Avant la fin de ton mandat, il y aura un Président du Nord. » Dans quel contexte ce défi a-t-il été lancé ? Noumazalaye était le secrétaire permanent de la MNR (Mouvement National de la Révolution). Il était le chef nordiste des personnalités qui se réunissaient à Mpila et appelées « Groupe de Mpila ». Au sein de ce MNR, l’armée avait trois représentants en les personnes de Ngouabi, Yhombi-Opangault et Sassou-Nguesso. Monsieur Noumazalaye, ministre de son État, a eu cette effronterie en connaissance de cause. Il était la tête de pont des nordistes dans le gouvernement de l’époque. Il préparait la prise du pouvoir par des nordistes et cela était imminent. Il a utilisé le mot Nordiste parce que son groupe de putschistes était composé exclusivement des officiers du nord, animé d’une vengeance contre les Kongo-Laris qui ont damé le pion au leader du MSA de Jacques Opangault. Ces nordistes n’ont jamais accepté Jacques Opangault comme leader, par ce fait. Le clivage nord-sud étant bien ancré dans leurs têtes. Artificiel au départ, ils ont rendu ce clivage réel et dans la violence.
L’élimination des trois hauts fonctionnaires de l’État, les sieurs Joseph Pouabou (Président de la cour suprême), Lazare Matsokota (Procureur de la République) et Amselme Massouémé (Directeur de l’Information), a été orchestré par ce groupe en toute impunité. Le nordisme, dès sa fondation par Noumazalaye, a pris corps par un crime de sang jamais résolu jusqu’à ce jour.
Au contraire, il s’est aussitôt illustré par une première tentative de coup d’État du capitaine Marien Ngouabi le 27 juin 1966, soit à peine un mois et vingt jours après la nomination de Noumazalaye à la Primature. Ce chantre du nordisme, selon l’aveux même de Ngouabi, était celui qui avait préparé ce putsch contre Massamba-Débat en déplacement à Madagascar. Ce nordisme qui a organisé le premier coup d’État au Congo, bien qu’ayant avorté, sévit encore à ce jour.
La réflexion suivante est également attribuée à Noumazalaye dès les années 1960. « Avec un nord moins peuplé que le sud, comment faire pour qu’une personnalité du nord dirige un jour le Congo ? » La réponse du nordisme a été le coup d’État devenu une marque déposée politique du Nord. Ce raisonnement clivant est une calamité sociétale. L’intelligence aurait conduit à mettre en place une organisation politique qui profite à toutes les sociologies. Puisqu’il en était conscient, en en faisant une problématique majeure, il pouvait en faire la proposition en tant premier ministre sous Massamba-Débat. Son choix consenti par les siens ensanglante le pays jusque dans sa tombe.
En 1977, le 18 mars, les mbochis à travers le ministre de la Défense et de la Sécurité Sassou-Nguesso, assassinent le président Marien Ngouabi. Sur les ondes de la RTC (Radio-Télévision du Congo), les officiels mbochis et le PCT diffusent le message suivant : « Bakongo babomi Marien. » Pourquoi ce mensonge criminel par les autorités du pays ? Parce que Marien Ngouabi, d’une part, après la Conférence du PCT de 1972 où il conclut par cet aveu : « la nation Congolaise n’existe pas. » ; D’autre part, après l’échec de son plan triennal ; Marien Ngouabi avait entamé le dialogue avec l’ancien président Massamba-Débat. Ngouabi voulait gouverner le pays avec Massamba-Débat en lui confiant soit la présidence soit le gouvernement ; et lui Ngouabi allait assumer le rôle de Chef des armées. Ses comparses, le Général Yhombi et le Colonel Sassou, ministre de la Défense et de la Sécurité, ont mal pris ce changement. Ils l’ont assassiné en appliquant la maxime « tu recules nous t’abattons » et en appliquant le clivage nord-sud. C’est l’idéologie nordisme appliquée.
En 2001, dans son livre « Pour le Congo-Brazzaville : Réflexions et propositions », le professeur Théophile Obénga écrit : « à la fin des hostilités criminelles, ce n’est pas l’une des 3 nations belligérantes qui a gagné, mais c’est bien le Congo à travers les vainqueurs. Si les choses ne sont pas vues de cette manière, on aboutit à la scission, à la partition. » Ici, monsieur Obénga enjoint les Congolais à se soumettre à la nation mbochi au risque de partition. Avec de telle pensée, ce professeur adhère à la partition du Congo et à l’hégémonie tribale et culturelle mbochi qui encense un criminel « élombé Otsombé » réinstallé au pouvoir par une multinationale militaire au service de la France. En sa qualité de Représentant spécial, pourquoi ne conseille-t-il pas son chef de guerre Sassou-Nguesso à réactiver le projet fédéral de l’ex-AEF ? Pourquoi son régime a assassiné Parfait Kolélas qui portait l’idée d’une fédération congolaise pacifique qu’une partition dont nul n’a jamais dessiné les contours ? Les Congolais seraient intéressés de savoir, ne fusse, ce qu’il propose sur la répartition de la dette extérieure du Congo.
Visiblement, il n’y a pas une seule strate de la sociologie mbochi qui échappe à l’hégémon du nordisme. Intellectuels, officiers, notables, tous baignent dans la même idéologie. Pour le sieur Obénga, il lui est sans doute plus aisé de revisiter le passé, l’égyptologie, que de concevoir le présent et le futur par une vision saine et innovante. Obénga fait partie de ces mbochis qui bombent le torse se targuant avoir gagné la guerre. C’est toujours la même version estropiée qui amputent l’ingérence française qui avait engagé un coup de force contre les institutions républicaines, usant de son veto à l’ONU pour absoudre l’Angola dont l’armée avait été engagé dans ce putsch. C’est le même schéma en œuvre en recourant à l’armée rwandaise pour sécuriser la succession. L’armée de Tsiambitso n’est puissante que lorsqu’il s’agit de tirer sur les civils Congolais. Le génie mbochi s’illustre seulement à concevoir des plans de destruction du pays des Bantu. Ce comportement a un nom : la traitrise.
En 2018, lors du procès Dabira, le général Nianga MBouala expose l’inquiétude sur « l’avenir des mbochis. » Pourquoi ces inquiétudes sur l’ethnie mbochi ? Comme si les mbochi étaient la seule composante du pays. Cette spécificité ne concerne pas le peuple du Congo dans son ensemble. Les causes résident dans la violence que les régimes mbochis ont infligées au pays. C’est encore l’expression de l’idéologie du nordisme.
Ce nordisme politique n’est pas près d’accepter en son sein une personnalité du sud comme leader du PCT qui l’incarnerait. Les contorsions pour la présidence du Parlement, ayant écarté l’acolyte MVouba, en disent longs. Cette idéologie politique est si prégnante que les membres du PCT non mbochis restent tétanisées face à la violence exprimée par les tenants du pouvoir nordiste. Il en est de même des gradés à l’instar des généraux Nkonta, Bouissa-Matoko et autres observant le Pool se faire détruire sans sourciller.
De 1968 à ce jour, le nordisme n’a pas favorisé l’avènement d’une république citoyenne profitable à tous. Sa création s’est faite sur la base d’une revendication ethno tribale du pouvoir. Cette tare culturelle l’a empêché d’élever la réflexion plus haut. Notamment, penser à gommer les réflexes identitaires et insuffler une république citoyenne favorable à l’alternance et l’exercice pacifiques du pouvoir. Une rivalité peut naître, c’est un fait social. Mais une rivalité qui persiste sans fin, c’est ce que Martin Luther King désigne : « mourir tous comme des idiots faute d’avoir appris à vivre ensemble. »
En tout état de cause, la conscience d’ériger un concept du nord politique, sans effet néfaste sur la république et sans discrimination, aurait eu un sens ou une raison d’être si le sud, son opposé géographique, était une entité politique. Or, il n’en est rien. Le Sud n’est pas une entité politique.
En effet, on observe à travers l’histoire du Congo que :
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Le NIBOLAND, sans arrière-pensée péjorative, est un espace politique qui a son particularisme. Il est plus prompt à s’allier au PCT avec il a dirigé la période pseudo révolutionnaire. Comme jadis le sieur Kikhounga-Ngot du GPES le fit avec le SFIO d’Opangault.
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La Conférence Nationale Souveraine de 1991, malgré deux décennies d’idéologie nordiste, a révélé une fracture sociologique au sud, fracture qui a atteint son point culminant en 1993-94 par des troubles politiques.
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En 2016, malgré l’absence de candidat pour la formation UPADS, ce parti a refusé de soutenir le candidat de l’UDH-YUKI en position de force pour changer la donne politique au Congo.
Ce sont là quelques illustrations de l’absence d’idéologie sudiste ni de conscience politique endossable au sud. L’idée n’est même pas opposable par les adeptes du pouvoir du Nord.
Cependant, quelques tentatives de formalisation d’un espace politique au sud ont germé dans la tête de certains compatriotes révoltés par la violence, l’hégémonie et l’accaparement mbochi au Congo. Les configurations possibles d’une entité politique du sud présentent des espaces politiques qui épousent la géographie sociologique.
Mais cela est bien révélateur du clivage Nord-Sud qui s’est installé dans l’opinion et dans les esprits. Le nordisme, par sa persistance et son ancrage, l’a rendu réel. On peut illustrer le clivage Nord-Sud à travers la création des FDU, par pure opposition à l’ERDDUN (Espace Républicain pour la Défense de la Démocratie et de l’Unité Nationale), au moment du coup d’État du général Sassou en 1997.
Les FDU sont l’alliance du PCT avec toutes les formations de la sociologie Téké. De ce point de vue, la neutralité téké clamée par les négationnistes honteux du tribalisme d’État mbochi, est battue en brèche. Les tékés sont les apparentés du PCT. Ce ne sont pas des formations du centre du Congo. Raison pour laquelle, malgré leur présence dans les services de renseignement, le balancier politique reste figé. Ils observent la même loi d’omerta sur les crimes et délits laissant leurs fils Okombi et Tsourou en pertes et profits.
En définitive, Le Congo vit un Tribalisme d’État depuis l’accession au pouvoir en 1968 des concepteurs de l’idéologie nordiste, inspirée par la culture Oloma-Niama. Lors de son premier voyage à Paris en 1998 en qualité de Chef du régime putschiste, monsieur Sassou-Nguesso murmurait à qui voulait l’entendre : « ce pays ne nous appartient pas. Nous le gouvernons par défi. » Cela se passe de commentaires.
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le tribalisme d’État mbochi
Incontestablement, l’État au Congo est un État tribal dans sa composition et son fonctionnement. Dans sa composition, il y a une concentration du pouvoir aux mains de l’ethnie mbochi. Ce qui exclue les autres communautés des décisions qui les impactent. Dans son fonctionnement, l’État mbochi pose des actes à caractère tribal et cible une frange de la population. La démonstration a été faite dans mon précédent article et vidéo sur « le tribalisme au Congo, parlons-en. »
Encore récemment, le régime nordiste s’est exulté en cette phrase tristement célèbre : « On a tué dans le Pool, le ciel n’est pas tombé. », dixit Le Conseiller Spécial de Sassou, Jean Dominique Okémba. Chez les Kongo, un tel conseil n’a pas droit de cité. Son auteur est qualifié de kimpumbulu. C’est-à-dire un déficient neuronal potentiel fauteur de troubles. Ce n’est pas étonnant de le voir exhiber la danse ékonga sur la tombe de son parent, l’arme à main, tirant en l’air, sans doute après avoir commis un forfait sur un adversaire, dans la pure tradition de l’Oloma-Niama.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce régime pose aussi des actes qui impactent indistinctement les Congolais. L’idiotie au sommet de l’État, caractérisant le nordisme, s’illustre à travers ces quelques exemples.
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Le marché des affaires livré aux étrangers. Le fait révélateur est la fête musulmane au Congo. La capitale Brazzaville a affiché un visage de ville morte, des commerces fermés, perce que l’État mbochi préfère attribuer le commerce et les affaires aux étrangers. Il déteste voir l’émergence d’un patronat authentique Congolais.
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À cause du traitement des retraités laissés pour compte, les agents mbochis refusent d’aller à la retraite. Ils craignent de subir le sort réservé aux autres Congolais.
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La démolition volontaire de l’école publique a rendu onéreux l’enseignement. Poussant les familles à recourir aux des établissements privés.
On peut en citer d’autres tel que l’hôpital public délabré. La liste est longue et terrifiante.
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quelLes solutions pour remédier à cette situation ?
Peut-on espérer un retour à la République ? C’est-à-dire une prise de conscience des compatriotes du Nord et du Sud de la nocivité de cette idéologie qui détruit le Congo. Cette prise de conscience est primordiale. Pour y parvenir :
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L’intelligentsia du Nord, du moins la nouvelle génération, doit s’affranchir de l’idéologie de leurs parents. C’est un défi moral et panafricain à relever pour rentrer dans le nouveau monde. Les mbochis ne doivent pas s’attacher à Konan Gaton Kloué, alias Sassou-Nguesso, qui a exhibé en mondovision qu’il est un étranger Abbey au Congo et que ses terres ancestrales se trouvent en Côte d’Ivoire. Raison pour laquelle il pratique un tribalisme sans concession parce que son but est de semer le chaos après lui.
Je sais que nombreux de cette génération attendent, tapis dans l’ombre, espérant capitaliser sur la sale besogne opérée par l’irréductible Sassou-Nguesso et hériter du pouvoir de sang. Cet espoir est de mise, mais c’est une loterie politique des lendemains qui déchantent. Rien ne vaut mieux qu’une réconciliation politique sur des bases saines.
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Serait-il nécessaire de construire le Sud politique et armé pour l’équilibre des forces ? Cette logique binaire conduira à la balkanisation définitive des esprits, et peut-être à la partition du pays voulue par monsieur Obénga qui pense que l’armée équipée avec l’argent public est une propriété des mbochis. Il n’est pas non plus acceptable de bâtir le Congo sur les fondements du régime putschiste même s’il a, à de multiples reprises, changé de peau comme savent si bien le faire les reptiles.
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Le dialogue des Communautés reste plus que nécessaires pour une refonte des institutions. Ce n’est que dans ce cadre que le pays pourra concrétiser la paix initiée par les présidents Youlou et Opangault qui ont gouverné ensemble la première république.
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De même, l’autonomisation des régions doit être effective pour aboutir à une fédération qui respecte les sociologies. Si le ministre Martin Mbéri n’avait pas torpillé la loi sur la décentralisation, peut être que le Congo aurait éviter de sombrer dans la folie criminelle de Sassou-Nguesso.
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Enfin, les réparations s’imposent pour apaiser les mémoires meurtries. Cela permettra de construire une mémoire collective et une conscience patriotique transcriptibles dans l’enseignement de l’Histoire du Congo.
Ce sont là des pistes de solutions à mettre en œuvre pour notre salut collectif. Car, en sacralisant des clivages absurdes, avec un nordisme recourant à des armées étrangères pour se maintenir ou se hisser au sommet de l’État, le Congo resterait le seul enclos colonial à ne pas se libérer.
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conclusion
Pour conclure, je dirais que l’Afrique affronte un défi civilisationnel où elle doit se débarrasser du néo-colonialisme occidental. En perte de vitesse, celui-ci est devenu très agressif. Cette agressivité n’épargne aucun peuple, aucun État. Pour s’élever au stade d’État souverain, c’est-à-dire se débarrasser du statut d’enclos colonial, il faut une conscience panafricaine et une unité, soit à l’intérieur des pays colonisés ; soit reconfigurer l’Afrique en brisant les frontières coloniales à l’origine du désordre. Sans cette unité, le Congo restera vulnérable, l’Afrique aussi. Et pour être un souverain, on n’a pas besoin d’être un traitre à son pays natal ou à son pays d’adoption. L’expérience des pays du Sahel enseigne que la muraille de défense efficace contre l’impérialisme occidental reste, à tout point de vue, l’unité du peuple avec ses dirigeants.
Merci de m’avoir suivi.
Né-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu
Août 2023, Paris-France.