Perspectives pour le Congo
Introduction
Nous vous livrons ici une analyse prospective au moment où l’actualité africaine connaît des remous difficiles, au moment où les esprits sont inquiets à cause des incertitudes du lendemain. Perspectives pour le Congo est avant tout un sujet pour nourrir la réflexion sur notre pays. Mais aussi, il s’agit de donner l’espoir aux générations du Congo sur l’avenir, en lui dotant d’un socle idéologique sain et salvateur, pour affronter les défis qui s’imposent à nous.
I – rétrospective thématique
Pour aborder ce sujet, nous faisons d’abord une rétrospective thématique sur les sujets traités précédemment. Il s’agit de la rétrospective sur le tribalisme mbochi, sur l’idéologie du nordisme et sur l’avenir des mbochis. Cette rétrospective sera brève. Quiconque est intéressé peut se reporter sur notre chaîne youtube, dont l’URL se trouve à la dernière page, pour davantage de connaissances sur ces articles. Nous faisons cette rétrospective dans le but unique de mieux cerner le contour qui nous permet de tracer les perspectives pour le Congo.
Première rétrospective : Le tribalisme mbochi.
Nous avons qualifié le tribalisme mbochi de tribalisme d’État qui sévit en République du Congo depuis plusieurs décennies. Ce tribalisme a des fondements culturels tels que le présente l’ethnologue Edmond Ponel, le compagnon de De Brazza. Les mbochis sont une minorité ethnique du Nord du Congo qui ont transposé au sommet de l’État leur culture qualifiée de barbare. C’est une sociologie constituée de chefferies patriarcales qui ont peu ou pas connu de mixité. Les mbochis ont un rapport à la propriété individuelle poussé à l’extrême. Ils n’ont aucune notion, même vague, de l’honnêteté. Ce sont là les propos d’Edmond Ponel.
Par rivalité ethnique absurde, les mbochis s’opposent aux groupes sociologiques Kongos dépositaires de la civilisation Bantu. Les Kongos ont une mixité culturelle anthropologique vérifiable à travers les mariages coutumiers. Deux personnes du même clan ne peuvent se marier. Cette contrainte culturelle forte était encore plus d’actualité dans la génération de nos parents. Aujourd’hui, du fait des influences étrangères et la forte démographie, cette rigueur tend à s’estomper. Mais lors des mariages, les parents prennent toujours le temps de remonter deux ou trois générations en arrière pour détecter l’éventuelle parenté des prétendants au mariage. Aujourd’hui, la tolérance est de mise. Lorsqu’un Kongo se marie, il se marie avec un Dondo ou un Kwimba, du clan Kwimba, ou encore avec un Vili ou un Yaka. Très rare que le mariage ait lieu dans le même clan. Les Kongos sont un peuple matriarcal. En ce sens, la lignée est déterminée par la mère. Aussi, ils ont un rapport à la terre très strict. La terre appartient au clan et son usage est collectif. La sanctuarisation de la terre interdit sa vente. La terre est sacrée.
Dans les articles précédents, nous avons aussi dressé l’historicité et l’historiographie de ce tribalisme. La Genèse que nous en avions faite situe ce tribalisme à la période des luttes pour l’indépendance où les Kongos ont cherché l’émancipation face aux colons blancs, pendant que les mbochis se tenaient à l’écart de cette lutte, fustigeant les Kongos de vouloir la citoyenneté. Paradoxalement, à la naissance de la classe politique dans les années 1945-60, la revendication ethno tribale du pouvoir par les mbochis s’est exprimée, contre toute attente, avec force et violence dans une république qu’ils n’ont point contribué à libérer. Cette revendication est aujourd’hui orchestrée par monsieur Sassou-Nguesso qui est un élément de la géopolitique française en terres Kongo. Son objectif est d’agir en lieu et place du colon blanc pour dépayser les Kongos. C’est pour cela que nous qualifions cet homme d’acteur du colonialisme noir, encore appelé endo colon. Il a instauré une logique de prédation et de violence inouïe dans le pays. Citons par exemple l’appropriation de l’armée nationale par un commandement exclusivement mbochi à son service. Le Congo a déjà connu un régime républicain lors de la première République, le régime de l’abbé Fulbert Youlou, qui n’a pas recouru à l’armée pour conserver le pouvoir. Il a préféré démissionner bien que le plus haut gradé de l’armée fût un Mukongo. Il n’a pas utilisé les méthodes répressives et barbares.
Chez les mbochis, nous constatons une prédation administrative, économique et financière dans tous les rouages de l’État. Monsieur Sassou-Nguesso et ses comparses de la Cuvette-Ouest ont privatisé le Trésor public. Ils disposent des revenu des Congolais, les deniers publics, et en jouissent en toute impunité. Ce tribalisme s’illustre aussi à travers le déni d’entreprendre aux Congolais. C’est à dire que les Congolais sont privés ou ont du mal à se lancer dans l’entreprenariat. Le marché des affaires est livré aux étrangers. Ce qui fait que le Congo est dépourvu de patronat national. C’est un régime qui loue et exalte la violence. Il voue une hostilité envers les Congolais du Sud. C’est cette logique génocidaire qui a ciblé les Kongos dans la guerre dite du Pool. L’armée s’est livrée à des massacres à huis clos pendant cinq ans, sur le silence de l’opinion africaine et internationale.
Le tribalisme mbochi méritait qu’on y revienne, qu’on y fasse un bref exposé pour éclairer les générations du Congo face au danger qui les tient et qui les menace. Ce tribalisme, nous en avons largement fait écho dans nos précédentes publications que vous trouverez sur notre chaîne youtube. Nous vous invitons, chers lecteurs, à y jeter de temps en temps un œil pour se rafraîchir la mémoire.
Seconde rétrospective : l’idéologie du Nordisme.
Nous avons défini le nordisme comme étant une idéologie politique dont les principes ont été élaborés par le groupe dit de Mpila, auquel il faut ajouter les éléments de l’armée. Nous avons cité : Marien Ngouabi, Joachim Yhombi-Opangault, et Denis Sassou-Nguesso. Ce groupe est à l’origine des assassinats, du triple assassinat qui se sont déroulés en 1966. L’assassinat des hauts cadres administratifs. Un Président de la Cour Suprême en la personne de Joseph Pouabou ; Un Procureur de la République en la personne de Lazare Matsokota ; et un Directeur de l’Information en la personne d’Anselme Masssouémé. Aujourd’hui, on peut ajouter à ce groupe des personnalités telles que Théophile Obénga, le théoricien de la soumission ou la scission. Ce nordisme a une prédation équivalente à l’impérialisme occidental auquel il n’a rien à envier en termes de violence, de rapine, de saignée financière et de crimes en tout genre. Le nordisme est une idéologie qui repose sur 4 piliers.
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Premier pilier, le pouvoir par les armes. Vous connaissez leur maxime : Le pouvoir au bout du fusil. Cette idéologie utilise l’armée au service d’un régime, d’un groupe, d’une personne et d’une sociologie : les mbochi.
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Deuxième pilier, la concentration du pouvoir d’État entre les mains d’une sociologie. Cela ne se démontre plus. Il suffit de voir les effectifs de l’administration. Il suffit de voir la configuration de l’armée nationale, dite nationale, qui n’a de nationale que le nom.
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Troisième pilier, la confiscation du Trésor public. Demandez aux mbochis où sont passés les 14 milliards des générations futures. Une escroquerie financière de haut vol inimaginable. Ce qui est anormale chez des personnes sensées, chez les mbochis, avec leur idéologie, cela passe pour une normalité.
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Quatrième pilier, la priorisation des mbochis pour la formation et l’embauche dans tous les secteurs de l’État. Certains ne le savent peut-être pas, nous le rappelons, la formation accélérée de ceux qu’on appelle les « yaka noki-noki » dans la société congolaise. Ce sont des personnes qui ont été formées à la va vite et à qui on faisait venir du village à Brazzaville et de Brazzaville à l’étranger pour une formation avec des bourses moyennes. Cela a induit un comportement qu’on appelle l’Omerta. La loi du silence des mafieux. Ce silence engendre aussi un unanimisme qui met d’accord tous les mbochi sur tout ce que décide monsieur Sassou. Personne n’ose dénoncer. Personne n’objecte. Ils acquiescent et l’affublent de tous les noms qui exaltent la barbarie. Les qualificatifs d’élombé, Otsombé, Lokufé. Voilà, tout ça, c’est lui.
Cette idéologie a induit un autre comportement : l’endoctrinement des originaire du Nord. Ces derniers se gargarisent d’avoir gagné une guerre et que ce sont des guerriers. Ce faisant, le titre de guerrier est revendiqué en passe-droit. Ils ignorent que ce n’est pas la fameuse milice Cobra qui a évincé le régime républicain de Pascal Lissouba. C’est la France, à travers une multinationale militaire composée de Tchadiens, d’Angolais et des mercenaires Lybiens et Sud-Africains d’Executive Outcome, qui est venue faire la guerre pour déloger Lissouba ; pour empêcher la jeune démocratie congolaise de prospérer, en ramenant au pouvoir leur serviteur Sassou-Nguesso qui n’a ni éthique ni moralité ni personnalité. Et qu’a-t-il fait une fois revenu au pouvoir ? Revenu au Congo dans un contexte où 90% de la classe politique s’était exilée, il en a profité pour abroger la Constitution et effacer tous les acquis de la Conférence Nationale Souveraine de 1991. Nous invitons les auteurs désireux d’approfondir ce sujet sur le nordisme à suivre notre vidéo sur notre chaîne.
L’idéologie du nordisme a aussi induit une citoyenneté à deux vitesses. Ce qui fait courir au Congo, notre pays, le risque brandi par Obénga : la scission. C’est-à-dire, que si les sociologies du Sud ne se soumettent pas, alors c’est la scission comme alternative. Nous attendons de ce monsieur qu’il formule les termes de cette scission. Nous pensons que les Congolais du Sud, les Bakongos comme ils les nomment, n’en seraient que preneurs. Parce que les Bakongos ne comptent pas sur une richesse volée ou spoliée pour exister. Le Royaume Kongo a été formé par les Kongo. Les Kongos ont civilisé toute cette région d’Afrique centrale, et c’était un royaume prospère. Les Bakongos ont l’intelligence pour s’organiser et s’élever. Donc nous invitons les théoriciens de la scission et de la soumission à nous proposer la formule de séparation. Sans doute on pourra se retrouver dans le cadre panafricain dans une configuration plus fédérale, voire panafricaine, et nous verrons quel rapport entretenir avec nos compatriotes d’aujourd’hui.
Par ailleurs, le nordisme est un plan conçu pour dépayser les Kongos sur leurs terres, en y introduisant des mercenaires. L’implantation par le HCR des Hutus Rwandais, au lendemain du coup d’État de Sassou en 1997, n’a pas suffi. Ces milliers de réfugiés rwandais occupent aujourd’hui les environs de Kintélé. Cela ne suffit pas. Maintenant, Sassou vient introduire dans la sacro-sainte terre du Pool, de la Bouenza et du Niari des mercenaires Tutsi-Rwandais. Tout cela pour créer l’embrasement en Afrique centrale tel que le promettait déjà monsieur Sassou en 1997, au moment où il sentait qu’il n’avait pas le vent en poupe pour remporter la guerre, ce coup d’État qui durait depuis le 5 juin. Sa seule préoccupation aujourd’hui est de laisser un conflit post mortem parce que son pronostic vital engagé ne lui permet pas une espérance de longue vie. À défaut de pouvoir déplacer toute la terre du Pool, il s’emploie à y insérer des éléments destructeurs. Mais cela, les Bakongos sont un peuple résilient. Ils sauront y faire face.
Troisième et dernière rétrospective : L’avenir des mbochis.
Toujours dans nos publications passées, nous avons défini l’avenir des mbochis comme étant une crise de conscience. À distinguer avec une prise de conscience.
La prise de conscience est ce réveil conscient qui permet à l’humain de se ressaisir, de se racheter, peut-être ses fautes ou ses actes, pour s’améliorer, ou du moins pour changer positivement. À l’inverse, la crise de conscience est un stress traumatique, un délire de la conscience.
La crise de conscience relève de la psychiatrie. Mieux, c’est une manifestation de la peur. Les mbochis se demandent « qui va les protéger après tous ces crimes », dont se gargarise Jean Dominique Okemba : « nous avons tué dans le Pool, le ciel n’est pas tombé« . N’oublions pas que Sassou Nguesso a commis un génocide en leur nom. En effet, en mars 1999, Sassou demandait aux mbochis de lui donner leurs enfants pour aller combattre dans le Pool, pour aller exterminer les Kongos. Cela devrait leur garantir la paix dans le Nord. Disait-il, « si je meurs à 14h00, à 15h00 il n’y aura plus personne dans le Nord. » Ces faits caractérisent la peur qui tourmente les mbochis.
Les Kongos ont démenti cette assertion fallacieuse. Le peuple Kongo est un peuple mature qui a des vertus, qui possède une culture qui élève l’esprit. Donc la crise de conscience chez les mbochis, c’est une manifestation de la peur. C’est une hantise des méfaits perpétrés au Pool et dans d’autres parties du pays. D’autant plus que la théorie du coup d’État a été démasquée. Monsieur Sassou-Nguesso prétendait qu’il dormait, et qu’on est venu le réveiller. Aujourd’hui, tout congolais sait que Sassou-Nguesso a perpétré un coup d’État sanglant de plus de 25000 morts. Ce chiffre est minoré. Le nombre de morts dépasse les 40.000. Lorsqu’on compare aux coups d’État panafricains qui se passent dans les pays du Sahel avec zéro mort, c’est le jour et la nuit.
Dans le Sahel, les changements de régime ont lieu pour apporter au peuple la souveraineté face au colonialisme, face à l’impérialisme. Monsieur Sassou-Nguesso a fait un coup d’État pour plonger davantage le Congo dans le colonialisme et dans l’impérialisme occidental. Nous l’avons rappelé, cet homme est l’élément de la géopolitique occidentale en terres Kongo, à travers son parcours et tous les actes qu’il a posés. Ses comparses se demandent aujourd’hui, au fait, l’homme a une durée de vie limitée. Qu’allons-nous devenir. C’est cela l’objet de l’interrogation sur l’avenir des mbochis.
Les faits parlent d’eux-mêmes. Monsieur Sassou a commis un génocide dans le pool. Il a utilisé une méthode scientifique chirurgicale, comme le disent les colons Occidentaux. Cette chirurgie s’appelle la planification MOUéBARA. Auparavant c’étaient les opérations Colombe 1, Colombe 2. Ensuite il est passé à l’opération MOUéBARA apportant des statistiques prévisionnelles sur le nombre de morts, des chiffres à atteindre pour avoir la satisfaction qu’on a vraiment tué. Ces massacres, ce sont déroulés à huis clos, à l’abri des regards des ONG, à l’abri d’autres opinions, le huis-clos médiatique, que personne n’en parle. Pourquoi cela a-t-il été favorisé par l’opinion communautaire occidentale ? C’est parce que l’investissement de l’impérialisme français sur Sassou-Nguesso n’avait pas encore porté ses fruits. En bon adepte du machiavélisme, Sassou Nguesso a opéré ces massacres une année après s’être installé au pouvoir dans le sang. Pour se faire, il a utilisé un alibi : une fausse rébellion qu’il a fabriquée de lui-même. Il a positionné un acteur en la personne du révérend pasteur NTUMI qui était à ce moment-là un jeune homme, à qui on a sans doute présenté un tableau flatteur en complicité avec le prophète Esaïe, papa Esaïe, qui pouvait contrôler son mental.
Le procès du général Dabira a démontré que c’est le régime lui-même qui fournissait les armes. Le régime déposait les armes en des lieux et NTumi les récupérait. Ce prétexte servait d’alibi à Sassou-Nguesso pour aller bombarder, en maquillant les hélicoptères aux sigles d’ONG pour que les gens se rassemblent, pensant à une projection des vivres. Et quand les gens se rassemblent, lui Sassou-Nguesso bombarde. Voilà. Aujourd’hui, le Pool est assiégé. Cette étreinte armée perdure pour veiller sur les charniers. Empêcher toute enquête pouvant réaliser des fouilles. Voilà ce qui cause et trouble le sommeil des mbochis, inquiets sur leur avenir. Parce que dans un pays où l’on a brutalisé tout le monde, il n’est pas évident que les relations redeviennent fraternelles, comme si de rien n’était.
Donc l’avenir des mbochis est bien une crise de conscience.
Une crise de conscience pour laquelle ils n’ont aucune solution, sinon que la fuite en avant qui se traduit par davantage de violence pour se maintenir. C’est une crise de conscience qui impose l’omerta dans le nord du pays et un unanimisme qui anesthésie quasiment la parole et la pensée politique dans le Nord. L’élite intellectuelle mbochi doit se réveiller, même si elle a été formée dans des conditions de favoritisme ; même si elle baigne dans un favoritisme gratifiant du pouvoir et de l’argent gagner facilement. Elle doit sortir de ce mutisme qui lui impose, le « profite et tais-toi » par des parents qui l’ont formé dans des conditions de favoritisme ostentatoire. Ce n’est pas une conduite en tant qu’humain. Il faut se ressaisir.
Sassou-Nguesso est un KIMPUMBULU du point de vue de la sagesse kongo. Parce que les Bakongos ne tolèrent pas des individus fauteurs de trouble dans la société. Il aurait été un mukongo, hypothèse probablement impossible, mais admettons qu’’il en fusse un, ce sont les bakongos qui les premiers lui auraient sermonné, lui auraient tiré les oreilles ou tout simplement l’auraient jeté dehors. Parce que les agissements de Sassou sont humainement condamnables.
L’État est une propriété commune. La nation est une propriété commune. La terre est sacrée, le sang est sacré. Chez les bakongos, on ne verse pas le sang comme si de rien était. Donc l’élite du Nord doit sortir de la corruption, doit se détacher de l’esprit du renégat Sassou. Aujourd’hui, les peuples vivent un brassage culturel qui impose de capitaliser le savoir vivre et le savoir-faire des autres. L’émulation dans la créativité, dans la fraternité apporte aux peuples une lucidité pouvant permettre de se défaire de ce monsieur, au lieu de nourrir des inquiétudes. La chasse aux sorcières agitée comme épouvantail n’existe que dans l’esprit de Sassou.
Au sein de l’alternative congolaise, nous pensons et nous insistons sur le fait que l’avenir des mbochis n’est pas une problématique interne aux mbochis. L’avenir des mbochis est une problématique nationale. Dans ce sens, nous saurons trouver des solutions pour apaiser les esprits tourmentés. Cela ne se fera pas dans la violence. Cela se fera par le dialogue qui est une qualité première des Kongos.
Le pays est témoin de la non-violence des bakongos à travers le mouvement matswaniste, malgré la brutalité du colon à l’époque coloniale. Face à la violence colonialiste, ils ont répondu par la non-violence. Face à la corruption, ils ont répondu par le refus de toute corruption et par le droit. Le principe clé du mouvement matswaniste est resté le dialogue et la négociation. C’est à cela que les mbochis doivent se résoudre pour retrouver une fraternité au sein de la République. Parce que la République ne rejette pas ses enfants. La République n’est pas une révolution qui broie ses enfants comme la révolution des nordistes, c’est-à-dire les partisans du pouvoir du Nord. L’ACTE invite donc à sortir de ces tourments, de cette crise de conscience. Le pays tout entier en a conscience et c’est la République qui soulagera toutes les consciences.
Conclusion sur les thématiques
L’ACTE considère que le tribalisme mbochi conceptualisé à travers l’idéologie du nordisme est un suicide susceptible d’entraîner tout le pays dans le désastre. Nous déclarons que la diversité est une force, non une faiblesse.
Est-ce le Congo divisé peut engendrer une dynamique panafricaine ?
Il est difficile de le croire. Le panafricanisme et la division sont deux concepts incompatibles. Pour qu’il y ait panafricanisme, il faut d’abord qu’il y ait l’unité. Raison pour laquelle le pays entier doit unir les forces en étant culturellement diverse. Nous reviendrons sur cette diversité dans la conclusion.
Aujourd’hui, le Congo est perçu comme un pays sans personnalité à cause de l’élite mbochi. Les auteurs de cette observation pensent à une faiblesse des Congolais. Ils ignorent que les Congolais ont subi des traumatismes tels que le voulait l’impérialisme occidental à travers leur agent implanté, monsieur Sassou. Ils ignorent que les Congolais ont subi une violence qu’aucun peuple d’Afrique n’a jamais subi. Nous déclarons que le Congo a une personnalité. Le Congo est un peuple capable de se renouveler, de se surpasser et de se transformer.
La seconde caractéristique du tribalisme mbochi et l’idéologie du nordisme, est qu’ils entraînent une régression du pays sur les plans économique, social, culturel et politique. Sur le plan économique, le Congo est devenu entre-temps un pays pauvre très endetté. Alors, peut-on expliquer comment, disposant de richesses abondantes, le Congo est devenu un pays pauvre ? C’est un exploit du nordisme. Nous ne pensons pas que les mbochis puissent en être fiers. Sur le plan social, on sombre dans la dépravation des mœurs. Là encore c’est une honte. Inutile de faire la politique de l’autruche. Élite mbochi ressaisissez-vous. Lédza, Lénoua, Léyiba mbongo, ce n’est pas une culture positive.
Le monde livre une compétition qui veut que dans le rendez-vous du donner et du recevoir des civilisations, chaque peuple, chaque civilisation apporte quelque chose de positif. Ce n’est pas la danse ndombolo qui apportera une qualité qui émerveillera le reste du monde. Ce n’est pas non plus la musique qui apporte des vertus au monde, ni une connaissance dont le monde se prévaudra. Ce n’est pas la sapologie non plus. Avec vos ministres de la sapologie vous n’irez nulle part. D’ailleurs, il n’a aucun homologue dans aucun autre pays. Donc, arrêtez les bêtises avec ce tribalisme et cette idéologie.
Au sein de l’ACTE, nous concluons que l’unipolarité ethno politique est une hérésie intellectuelle et culturelle. L’unipolarité est l’idée qu’une ethnie se place au-dessus des autres et prétendre que le pays ira bien. C’est complètement faux. L’unipolarité est une idée de même nature que « le diviser pour régner » des occidentaux pour assujettir l’Afrique. Aujourd’hui on voit les limites civilisationnelles de cette idée. Donc pour conclure, il nous faut tracer d’autres perspectives parce que ces agissements sont dictés par la peur. Et la peur est un horizon dépassable. Nous allons le démontrer.
II – Les Perspectives
Après les rétrospectives thématiques, nous pouvons enfin aborder les perspectives. Pour ce faire, nous posons la question de savoir : quelle légitimité fondera un État-Nation acceptable par tous ? Telle est notre manière au sein de l’ACTE d’introduire ce sujet.
La légitimité, nous pouvons la concevoir à travers plusieurs prismes ou dynamiques.
Première dynamique : l’homme providentiel.
Est-ce l’homme providentiel serait une dynamique capable de fonder l’État-Nation acceptable par toutes les sociologies du Congo ? Un tel homme existe-t-il ? Certes, celui qui dirigera le Congo ne tombera pas du ciel. Mais cet homme providentiel, il faudra le définir à travers peut-être des qualités objectives, voire des critères objectifs pour définir un tel homme providentiel. Or, la providentielle fait appel à une nature non maîtrisée. On risque même de retomber dans le messianisme. Nous ne pensons pas qu’on accepte les Messies au Congo. Quand Bernard Kolélas est apparu sur la scène publique, certains l’ont appelé Moïse ou Messie. Et les critiques ont fusé. Des critiques venant surtout de la partie nord, rétorquant que ce n’est pas un Moïse, ce n’est pas un Messie. Mais quelques années plus tard, les mêmes sociologies du Nord ont considéré que Mokoko était un Messie. Vous voyez la contradiction ? Alors, quels sont les critères objectifs qui feraient que le Congo ait un homme providentiel ? Quand on a manqué de saisir au bon moment la roue de l’histoire, on rate beaucoup de choses. La destinée du Congo, qui devait être assurée par les démocrates au moment de la conférence nationale, a été piétinée. En conséquence, le pays a basculé dans une guerre, dans le crime, dans le génocide. Donc l’homme providentiel c’est une chimère. Mais c’est une possibilité. Espérons-le en tout cas. Cependant, ce n’est pas notre déterminisme au sein de l’Alternative.
Deuxième dynamique : la légitimité incontestable.
Toujours pour répondre à la question de la refondation, est-ce une légitimité incontestable pourrait fonder l’État-Nation acceptable par toutes les sociologies ? La légitimité incontestable est une légitimité qui s’impose à tous, de gré ou de force. Que ce soit de façon naturelle ou par d’autres moyens. Au moins, c’est incontestable parce qu’elle s’impose à tous, soit par l’évidence, soit par sa force, soit par ses qualités, soit par sa puissance. Donc nous rappelons que la légitimité est cette nature qui totalise ou qui englobe tout. Cette légitimité, on pourrait la comparer au coup d’État de Sassou-Nguesso. Ce dernier est arrivé sur la scène politique après le vide engendré par l’effet du coup d’État où 90% de la classe politique est sortie du pays, lui laissant une marge de manœuvre incontestable. Mais qu’est-ce qu’il en a fait. Disons, qu’est-ce que les Congolais en ont fait ? Parce qu’il pouvait y avoir des personnes pour infléchir les intentions de Sassou-Nguesso. Donc c’est pour ça que nous demandons ce que les Congolais en ont fait. La réponse est : rien du tout. Plutôt, ils l’ont utilisé négativement, nocivement.
La légitimité incontestable peut être une majorité comme pour celle qui écrase tout. C’est le cas actuellement où nous avons une Assemblée dominée par le PCT. Et qu’est-ce que les Congolais en ont fait, ou en font ? Rien du tout. Aucun progrès. Pourquoi ? Le problème est culturel. Nous n’avons pas de patriotes à la tête de notre pays.
La légitimité incontestable diffère de la légitimité absolue. La légitimité absolue est une notion mathématique. Elle existe ou n’existe pas. Elle est un tout englobant. Sans elle, rien n’existe. Et quand elle existe, elle s’impose naturellement. À l’inverse, la légitimité incontestable est un fait accompli qui existe par le contexte qui l’a engendré, la nature des choses. Elle est relative et disparait dès que les conditions de son existence changent.
Troisième dynamique : l’idéologie.
Nous pouvons continuer dans ce questionnement, est-ce que l’idéologie pourrait être cette légitimité qui fonderait l’État-nation ? Nous allons éplucher les idéologies que rencontre le Congo.
En premier lieu le nordisme. Le nordisme est une idéologie hégémoniste et suicidaire. Cette idéologie s’illustre par la confiscation du pouvoir d’État, l’abrutissement où l’excellence a déserté les bancs du système éducatif. L’idéologie du nordisme s’illustre encore par l’appauvrissement des populations au niveau social et intellectuel. Au niveau administratif, l’administration congolaise qui était la crème des administrations postcoloniales s’est effondrée. Pourquoi ? La réponse se trouve dans la culture des dirigeants. La réponse se trouve dans la culture ethno politique monopoliste. Cet ethno polarisme politique considère que le Congo est un butin de guerre. Quelle guerre, faut-il encore se demander. Le Congo ne s’est pas battu avec un pays étranger. Alors de quelle guerre s’agit-il ? Retenons simplement que quand l’idéologie est nocive, elle n’apporte rien ; elle n’apporte que des désastres. C’est le cas avec le nordisme qui sévit depuis la fin des années 60 mais qui laisse le pays plus divisé que jamais, un pays plongé dans un trou sans fond.
L’autre idéologie, c’est l’endo colonat. C’est-à-dire, l’aliénation et la corruption des élites. L’endo colonat regroupe les élites occidentalisées dans les loges, dans les partis, en particulier le PCT, et dans l’épiscopat. Est-ce que l’endo colonat peut affranchir l’Afrique ? Pas du tout. Parce que l’endo colonat est lui-même assujetti à une puissance étrangère ou puissance occidentale, une puissance impérialiste, une puissance colonialiste. C’est pour ça qu’il porte le nom d’endo colonat, c’est-à-dire des supplétifs des colons en terre africaine.
L’endo colonat ne peut fonder un État-Nation car, par essence, ses intérêts sont incompatibles avec ceux de l’État-Nation. Les régimes néocoloniaux d’Afrique sont une illustration parfaite.
Enfin, la dernière idéologie opposable est la démocratie occidentale. Nous considérons que la démocratie occidentale est un mythe et une dérive idéologique. Cela peut facilement se démontrer. Parce que le principe de la démocratie est, « un homme une voix« , à travers une majorité qui dirige. Cette majorité, il faut la définir. Sur quel critère s’est-elle formée. Comment s’est-elle formée et qu’elle est son orientation politique ? Est-ce que pareille idéologie est conforme à la configuration sociologique du pays ? En somme, la représentation dite nationale, au niveau de l’Assemblée, est-elle conforme à la société parcellisée en sociologies ou en ethnies ? Pas du tout. Le Congo a, à la tête de notre État, un homme omnipotent qui nomme les représentants du peuple. Des représentants qu’il puise dans sa sociologie. Ensuite, il colore le tout par quelques individus et personnalités d’autres ethnies qu’ils nomment aussi selon une équation politique personnelle. Donc des personnes qui lui sont redevables. Ces personnes assujetties ne travaillent que pour l’intérêt de leur bienfaiteur, pas pour le Congo.
En outre, nous considérons que la majorité fondée sur une opinion relative et temporelle, n’existe que pour un instant donné. Parce que deux scrutins électoraux consécutifs ne donnent jamais le même résultat. Nous concluons que la démocratie occidentale dépourvue de soubassement occulte métaphysique, le pacte sociologique, n’est pas une légitimité suffisante pour trancher la problématique sociétale de fondation de l’État-Nation.
Nous venons d’examiner le nordisme, l’endo colonat et la démocratie occidentale. Toutes ces idéologies ont été testées au Congo. Le résultat est un constat d’échec.
Quatrième et dernière dynamique : le consensus.
Considérant en dernier ressort le consensus. Est-ce que le consensus peut être une légitimité pour fonder l’État-Nation ? Le Congo a déjà fait l’expérience de consensus, la Conférence Nationale Souveraine de 1991. Ce consensus a été piétiné. Mais il n‘en demeure pas moins que le consensus reste une base fondamentale pour penser un État-Nation acceptable dès lors que toutes les composantes sociologiques y adhèrent.
Le bon sens serait de parvenir à un consensus qui aménagerait nos territoires d’une manière qui reflète la configuration sociologique du pays. C’est-à-dire, penser la République, penser les personnalités et les entités morales constitutionnalisables comme l’ethnie. L’individu étant la forme basique d’abstraction du citoyen. On peut aussi envisager un consensus sur les clivages politiques. Notamment, la forme de l’État, l’économie, la culture et les langues, la spiritualité. Au sein de l’ACTE, nous pensons que le consensus est un point de départ. Nous verrons quel consensus est possible pour le Congo.
Nous voyons bien que les dynamiques ci-dessus analysées ne sont pas isolément une unanimité permettant d’asseoir une légitimité capable de fonder un État-Nation. Au sein de l’ACTE, nous pensons à une rationalité empreinte de bon sens pour fonder un État-Nation. Cette rationalité auquel nous nous référons est le matswanisme politique.
La Rationalité Matswaniste pour fonder l’État-Nation
Le matswanisme est une pensée panafricaine profonde née de la volonté d’émancipation de l’homme Bantu et de la prise de conscience face à l’injustice coloniale. Son auteur, bien qu’il ne l’ait pas formalisé, mais plutôt initié, est André Grenard Matswa, l’icône que certains ont voulu reléguer à l’arrière-cour de la République.
Le matswanisme est une unité civilisationnelle qui s’exprime dans le cadre de la civilisation Bantu. Le contexte global est celui qui transforme les entités sociologiques, toutes les sociologies, en une solidarité mutuelle, dans ce sens où il n’érige aucune frontière sociologique. Le matswanisme prône le respect des libertés fondamentales, et est porteur de la vertu du dialogue et de la non-violence. Tout ce que nous voulons pour le Congo et l’Afrique.
Enfin, le matswanisme est un mouvement souverainiste qui revendique la souveraineté intégrale dans toute ses composantes. C’est-à-dire, la souveraineté politique fondée sur le principe de la subsidiarité. Précisément, à chaque échelle de la société congolaise, les Congolais doivent être représentés. Cela implique un bon aménagement du territoire, de sorte que le mbochi ne se sente pas frustré. Que le mbochi ne se sente pas minoritaire. Que le vili soit représenté niveau du Parlement. Que la voix Téké soit aussi portée au niveau du Parlement. Que la voix du Kongo-Lari et toute autre sociologie soit aussi portée au niveau du Parlement, à égalité de légitimité. C’est cette configuration qui permettra d’être unis et solidaires.
Le principe de souveraineté politique et de subsidiarité matswaniste permet la souveraineté foncière. La terre est une propriété sociologique. On ne va pas voir un Vili quitter sa terre natale pour aller vendre les terres de la Likouala ou pour la céder à un quelconque investisseur. Il y a d’autres mécanismes qui permettent de profiter de l’investissement étranger. Mais pas forcément faire des concessions emphytéotiques qui est la façon la plus stupide de procéder.
Accorder des baux de plus de 25 ans ou 99 ans est une sottise monumentale. Avez-vous vu les États européens accorder ce genre de baux emphytéotiques ? Alors pourquoi les Africains se livrent-ils à ce genre de d’exercices ? Quelle qu’en soit la nature de la coopération, sud-sud ou nord-sud, les baux emphytéotiques sont une aberration qui comporte le risque d’expropriation foncière. Car, le bail emphytéotique est une parcelle de souveraineté perdue pour le pays, et dont la restitution ne se fait jamais de manière aisée, sauf à montrer une capacité de puissance dissuasive.
Il y a la souveraineté monétaire. Vous ne pouvez pas avoir un développement sans une souveraineté monétaire, sans la maîtrise de la monnaie. Quand les Occidentaux arrivent au Royaume du Kongo, le Royaume possédait une monnaie. Vous le savez. Alors au moment où on retrouve l’indépendance, la première des choses, c’est de rétablir la monnaie. Parce que la monnaie permet de développer en interne le pays. Puisque les échanges internationaux relève du troc. Ce troc se fait ou moyen de soit l’échange de matière première contre un produit venant de l’extérieur ; ou un produit local contre un autre produit venant de l’étranger. L’on ne peut constamment échanger avec de l’or. C’est pour cela qu’il est nécessaire de développer le pays avec une production technique, technologique, intellectuelle qui permettra au pays d’échanger un avion contre un navire, ou une production agricole pour un produit technologique. Ce sont là des principes du matswanisme économique.
La rationalité matswaniste doit nous imprégner. Cette rationalité fera que le Congo sorte des comportements barbares. Que le Congo sorte de la pauvreté. Que le Congo brille en interne et à l’extérieur ou international. Que le Congo devienne un moteur pour la construction panafricaine, pour la construction de l’Afrique pour son évolution. La rationalité matswaniste est celle qui permettra d’éradiquer les problèmes de rivalité. C’est un atout, un vecteur de l’émulation qui fera que la créativité des uns et des autres entraîne le Congo vers son élévation.
Pour mieux appréhender les perspectives pour le Congo, nous invitons les Congolais à refonder le Congo autour du matswanisme politique. Pourquoi ?
Parce que le matswanisme est l’unique socle idéologique, l’unique rationalité qui peut unir le pays et l’élever au stade d’État-Nation. C’est un nationalisme qui privilégie l’intérêt du pays par la citoyenneté qui est une trans ethnicité à ne pas confondre avec l’uniformisation culturelle. La trans ethnicité est un moteur pour l’identité civique au sens de nationalité culturelle. C’est-à-dire, abstraire le mariage traditionnel, coutumier, et un tas d’autres aspect de la culture des sociologies du Congo de sorte que nous ayons une identité culturelle nationale. La pratique qui consiste à élever au seul rang officiel le mariage civil, en force de loi administrative, est une hérésie. Notre tradition sociologique, notre culture, c’est d’abord le mariage coutumier. Cela doit être pris en compte dans la vie administrative et institutionnelle du pays.
Le matswanisme valorise aussi l’État de droit, l’éthique, l’orthodoxie financière, et l’érection de l’armée en une institution neutre, à l’instar de l’administration. Nul n’oserait utiliser l’administration contre d’autres sociologies. L’armée étant un corps constitué de l’organisation sociale et politique du pays, elle jouit du même principe que l’administration. En ce sens, elle ne peut être utilisée contre le peuple. Parce que l’armée est au service du peuple. Vous levez l’armée pour aller tuer une partie du peuple, dans le Pool, c’est injustifiable ; c’est un non-sens ; c’est une contradiction. Parce que l’armée est faite au nom du peuple et agit au nom du même peuple. Donc l’armée ne peut plus agir contre ce même peuple. Le Congo nouveau doit avoir une personnalité qui transcende ce genre d’acte, ce genre de comportement.
Enfin, le matswanisme introduit l’authenticité. Précisément, l’authenticité de la langue, le statut du mariage et de la famille, la spiritualité authentique, la patronymie authentique qui exclut de porter des noms d’emprunt. En effet, les noms tels que Jean, Jacques, Denis, ne veulent absolument rien dire. Ce sont des emprunts à la civilisation occidentale. Ce sont des choses à bannir dans notre société. Cela nous a été imposé. Lorsqu’on revisite le passé 500 ans en arrière, ces noms n’existaient pas dans notre société. C’est en cela que la rivalité ethnique qui amène à des idéologies stupides n’a pas de sens, parce que cela empêche d’avoir une identité propre qui permettrait de s’élever et de s’affirmer au niveau civilisationnel.
Toujours dans les apports positifs, le matswanisme permet un panafricanisme. En effet, nous rappelons que l’orientation du combat et l’idée de Matswa était d’obtenir l’indépendance de toute l’Afrique équatoriale française. C’est un schéma de souveraineté continentale et raciale pour la défense et le développement. En cela, la rationalité matswaniste est incontournable pour le pays. Cette rationalité est indispensable pour construire une Union africaine. D’abord, pour les pays de la zone équatoriale. Ensuite à l’échelle du continent. Aujourd’hui, cette Union africaine dans la zone équatoriale est portée par le projet de l’Union de Ntimansi. Il faut savoir saisir les opportunités et les bonnes idées quand elles se présentent, parce qu’on finit toujours par les approuver et les adopter. Ne pas les accepter un temps, est une perte de temps. Le matswanisme est une rationalité qui permet d’atteindre l’unité panafricaine.
Ensuite, et cela est pratiquement une incidence des deux premiers acquis du matswanisme politique, c’est le fédéralisme. Parce que le fédéralisme est une architecture réaliste qui fluidifie les relations entre l’État et un peuple identitairement polycentrique. Cette architecture d’État est structurellement autogène. C’est-à-dire, basée sur les réalités sociologiques du pays qui ne doivent pas être conflictuelles, qui ne doivent pas être utilisées comme des entités opposables, mais plutôt comme des entités collaboratives. Ces entités travaillent ensemble pour aboutir, pour concrétiser un projet commun, celui du vivre ensemble, celui de la civilisation Bantu.
Il n’y a pas d’autre destinée que de promouvoir la rationalité matswaniste. Cette rationalité n’est pas enterrée à Mayama ni n’a pas disparu avec la ruse coloniale. C’est une rationalité vivante.
Toujours pour la refondation du Congo, nous considérons que le matswanisme a une inclinaison économique qui permettra au Congo de se développer et d’acquérir ses lettres de noblesse économique, à travers une production anthropologiquement collectiviste qui favorise aussi l’entreprenariat individuel.
Plus particulièrement, le matswanisme invite au niveau économique l’usage d’une monnaie africaine, parce que l’ensemble de l’Afrique équatoriale ne pouvait exister sans une monnaie africaine utilisable dans tous les États de la fédération.
Au niveau social, le matswanisme est encore un moteur d’unité parce qu’il prône le droit et la justice sociale. N’oublions pas que le combat matswaniste s’est articulé autour de la défense des libertés fondamentales, sur l’abolition du code de l’Indigénat, sur la revendication de la citoyenneté authentique africaine. Cette rationalité a une branche sociale novatrice en termes de droits et de justice sociale, en termes de politique de santé et de prévoyance. En effet, les projets que le système colonial a voulu mettre en œuvre, ce sont les idées d’André Grenard Matswa. Le projet de la Société Indigène de Prévoyance (SIP), c’est le projet de Matswa. Le général De Gaulle qui a côtoyé Matswa, ou les matswanistes, a triché en copiant cette idée. Dès qu’il est rentré en France, il a mis en place la Sécurité Sociale. Ce sont les idées du matswanisme, la mutualisation sociale de la santé, l’État de Droit, la justice sociale et la politique de prévoyance dont rêvent beaucoup les Congolais.
En saisissant cette opportunité, la rationalité matswaniste doit être mise en œuvre sans plus tarder, dès lors que le Congo retrouvera les moyens de se mouvoir en toute quiétude, en toute liberté, sans les éléments nocifs de l’impérialisme occidental qui sévissent actuellement.
Au niveau social, en faisant l’éloge de la formation des élites, le matswanisme permettra d’acquérir aussi la maîtrise des techniques industrielles. Nous rappelons que le projet de formation des Congolais à l’étranger, notamment l’acquisition d’une résidence où les étudiants pouvaient se mettre à l’abri des difficultés de logement. Plus précisément, la MEC, la Maison des étudiants Congolais, pour ceux qui l’ont connu, ceux qui ne le savent pas qu’ils en prennent connaissance, est un choix initié par Matswa : la formation élitiste des africains. Par la formation on acquiert les compétences techniques, les facultés qui permettent de développer des techniques dans tous les domaines, tels que l’industrie, l’agriculture, ou l’électronique. C’est par la formation qu’on acquiert ces facultés et ces compétences.
Il n’y a pas mieux que la rationalité matswaniste pour nous développer en toute fraternité, en toute solidarité. C’est en cela que la problématique sur l’avenir des uns et des autres, y compris l’avenir des mbochis, est une problématique nationale qui trouvera ses solutions, ses résolutions dans le matswanisme.
N’oublions pas qu’une grande partie des matswanistes habite l’hémisphère nord du Congo. Ils ont été déplacés en masse du fait de l’Histoire. Donc, cultivons-nous et fraternisons le pays. Les mbochis qui en détiennent actuellement les commandes, pendant qu’il est encore temps, ne doivent pas rester insensibles à la rationalité qui nous interpelle tous. C’est un devoir de laisser un Congo en paix à nos enfants, à tous les enfants du Congo. Ce n’est pas dans l’adversité que chacun va quitter ce monde. Nous pouvons construire un havre de paix qui servira à tous d’être et d’avoir une rampe de lancement, de développement individuel et spirituel intégral dans le sens complet du terme.
Conclusion
L’ACTE déclare que le Congo est confronté à un défi. Disons, notre génération est confrontée à un défi civilisationnel. Ce défi civilisationnel s’exprime à travers deux enjeux.
Premièrement, le risque de recolonisation. Les Occidentaux ont décrété que l’Afrique était leur intérêt commun. Il nous revient à nous Africains, de faire échec à cette entreprise qui s’illustre déjà à travers la guerre coloniale que la France, disons l’Europe, veut mener. Les Occidentaux veulent mener une guerre dans le Sahel pour assujettir les peuples qui se sont déjà affranchis tels que le Mali, le Burkina-Faso, La Guinée et le Niger. Donc ce risque de recolonisation, est une épée de Damoclès sur nos têtes. C’est un projet auquel il faut faire échec.
Particulièrement, nous devons garder à l’esprit que dans ce défi civilisationnel, aucune évolution géopolitique ne nous est naturellement favorable. En ce sens, l’africain doit redoubler d’ingéniosité. L’Africain doit être solidaire. Ce qui arrive au Sahel va arriver en Afrique centrale. Au sein de l’ACTE, nous avons toujours dit que si tous les autres États africains s’engageaient à soutenir les pays menacés du Sahel en envoyant chacun un contingent, les Occidentaux ne pourraient même pas envisager une quelconque conquête des zones d’influence, les espaces néocoloniaux perdus.
Ensuite, notre génération doit intégrer l’importance et l’urgence d’unir le pays et l’Afrique. L’unification du pays et de l’Afrique est un projet ancien datant du 18e siècle. Nous l’avons démontré avec le projet matswaniste de création de l’Union fédérale équatoriale. C’est ainsi que nous pourrions gagner en dignité et sécuriser notre avenir, la dignité de l’Homme noir. Beaucoup de nos ancêtres ont œuvré dessus. Rappelons-nous, Kimpa-Vita a été brûlée vive pour défendre l’unité et la restauration du royaume du Kongo. Rappelons-nous, Mfumu Kimbangu a passé 30 ans de sa vie en prison pour déraciner spirituellement les talismans que les Occidentaux avaient implanté dans les pays africains pour nous empêcher de nous réveiller. Ce travail a été fait par un Mukongo. Cette génération dépositaire de la civilisation Bantu a toujours lutté pour que nous soyons libres, pour que nous soyons des hommes libres vivant dans la dignité. Alors ce combat-là, c’est aussi le nôtre. C’est pour cela que nous avons besoin de l’Unité qui fait la force en étant diverse. Parce que la nature est diverse. Si la nature était mono végétale, il aurait été difficile de guérir les diverses maladies. Parce que c’est à travers la diversité végétale qu’on trouve les remèdes aux diverses maladies. Une seule plante ne peut guérir toutes les maladies. C’est en cela que l’unipolarité ethno politique est une sottise intolérable.
Enfin, notre génération doit concevoir l’évidence du destin partagé, et que les Kongos sont un peuple racine civilisatrice des peuples d’Afrique centrale. Fouillons dans nos langues, nous trouverons que les vocables utilisés ont la racine kikongo. C’est en cela que nous sommes tous des Bantu. Si certains persistent à vouloir déraciner l’arbre qui porte les branches, aucune sociologie ne survivra. Soyons en sûr. Les Kongos sont résilients par le serment « mabâ ma nseke ». Libre aux autres de l’interpréter à leur guise. Mais sachez que le Congo ne va pas mourir. Plus précisément le Congo avec « K » ne va pas mourir. Les Kongos ne sont pas qu’au Congo-Brazzaville. Le territoire Kongo s’étale du Sud de l’Angola jusqu’au sud du Cameroun où les Ntotila Kongo prépositionnaient les guerriers, la force combattante, pour se prémunir contre d’éventuels assauts des peuples extérieurs à la culture Bantu. Notamment Boko-Haram. Ce n’est pas d’aujourd’hui. C’est de cette frontière que, nos ancêtres, nos souverains positionnaient les combattants pour enrayer cette menace qui a préservé toutes les sociologies Bantu. Alors ne cherchons pas les conflits inutiles. Il faut se ressaisir. Évitons les petits calculs mesquins, comme le génocide sur les autres. Parce que, sitôt que les mbochis auront accompli leur sale besogne, ce sont les colons qui viendront les décimer à leur tour, et il n’y aura personne pour les défendre.
Les Bakongos ont lutté et luttent encore pour que l’indépendance du Congo soit effective. Souvenons-nous, la première nation indépendante, la première nation noire indépendante, c’est Haïti. Cette indépendance haïtienne a été obtenue par trois personnalités Kongo, c’est-à-dire qui venaient du Royaume du Kongo. Ce sont ces trois personnalités qui ont permis à Haïti de devenir indépendant. Et la première constitution de Haïti a été écrite en kikongo. Vous n’y voyez pas des similitudes ? Les kongos sont un peuple civilisateur. Les Kongos sont la racine de la race noire universelle. Alors, ne les mépriser pas. Ne vous méprisez pas. Ne nous méprisons pas. Le Kongo est une valeur sûre de l’humanité. Il y a une prophétie qui dit que lorsque les peuples occidentaux auront dévié du droit chemin les peuples de ce monde, la lumière et la sagesse qui réhabiliteront le monde viendra de Kongo Dia Ntotila. Cette révélation nous a été apportée encore une fois par un Mukongo, le Grand Maître de la pensée négro africaine, le Grand Maître de la spiritualité authentique négro africaine, Né Muanda NSemi, qui n’est pas un Kongo-Lari, mais qui est un Mudondo, l’homme qui a révélé au monde que l’humanité est entrée dans l’ère du Verseau.
Paris, Septembre 2023
Né-MFUMU Madisu-Ma-Bimangu
Responsable du Think-Tank politique, Alternative Congolaise pour une Transition d’État (ACTE).
https://www.youtube.com/@NE-MPHUMUMadisu-Ma-Bimangu/videos