Au Congo-Brazzaville, il y a bien longtemps que les fils du nord ont perdu la loyauté à la république. Autrement, le coup d’État d’octobre 1997 n’aurait jamais eu lieu. Car, en vérité, la déloyauté à la république est ce qui fait persister la situation chaotique, même au risque d’une
déflagration générale de l’Afrique centrale.
Cette assertion sonne comme un verdict qui siffle aux oreilles de certains compatriotes. Mais, on ne peut taire la vérité pour ménager la sensibilité des uns et des autres. Si l’on veut réveiller les consciences et éclairer l’opinion de nombreux compatriotes qui se demandent, pourquoi tant de médiocrité du personnel politique dans notre pays, et pourquoi observe-t-on une apparente inertie socio-politique malgré l’affaissement du pays, alors il faut bien crever les abcès à l’origine du désarroi congolais.
Tout d’abord, le désarroi général est le résultat de la psychologie qui considère le pays comme un butin de guerre, et découle de la gestion dite d’épicerie son corolaire. Le butin de guerre représente le gain personnel servant à assouvir les appétits matériels et ésotériques de l’égocentrique Sassou-Nguesso. Ses compagnons dans l’aventure militaire (les adeptes du pouvoir du nord) vivent le désenchantement. Ces acolytes ont en majorité été écartés. Sa
milice privée, les cobras, soldats et officiers, a été remplacée par la soldatesque de Tsambitso, et peut-être bientôt supplantée par les mercenaires du tutsi-power. Les civils récompensés au
début par des postes à divers niveaux, ont par la suite été écartés et certains ont tenté vainement de se convertir en opposants politiques à la place d’une dissidence non assumée au sein du PCT.
La gestion épicière est celle qui consiste à percevoir dans des comptes offshores privés toutes
les recettes financières du pays, tout en empruntant au nom du pays pour financer les budgets
et pour remplir les obligations salariales. Ce fonctionnement irrationnel, incluant la dilapidation des recettes fiscales, a provoqué la faillite du pays sur tous les plans. Le régime écume toutes les portes possibles et inimaginables pour espérer dénicher des créanciers naïfs pouvant lui venir en aide, en faisant miroiter le potentiel économique du pays comme garantie. Ce que le régime ignore, c’est que le monde financier de la planète est un petit
monde dans lequel les nouvelles circulent vite. À tel enseigne que ce régime a une mauvaise réputation et n’inspire aucune confiance dans les milieux financiers internationaux. Monsieur Sassou et ses allégeants se retrouvent dans l’impasse.
Pour une structure commerciale classique, la faillite entraîne la cessation d’activité ou le dépôt de bilan. Pour un pays, c’est une cessation de paiement d’où l’on ne peut sortir qu’en changeant de régime et de dirigeants pour repartir sur de nouvelles bases et régénérer la
confiance. Cependant, l’on constate que la situation bloque parce que le clan mbochi au pouvoir a érigé le système des comptes offshores en stratégie d’accaparement des ressources qu’aucune politique interne de lutte contre la corruption ne peut éradiquer. Étant donné que les détourneurs des fonds publics sont les parents directs du chef du régime. Sur le plan
culturel et anthropologique, la sociologie mbochi est une greffe coloniale au Congo qui peine à s’adapter à la culture Bantu. Le clan mbochi au pouvoir entretient par défi une psychologie du jusqu’au boutisme suicidaire congénitale, régie par la culture d’OLOMA-NIAMA. Ce
jusqu’au boutisme est motivé par la crainte de répondre aux crimes humains massifs perpétrés à l’égard du peuple autochtone d’où le pays tire son nom.
Par voie de conséquence, l’évolution du pays semble bloquée.
En effet, malgré les souffrances du peuple sur cette situation insupportable, l’armée qui sous d’autres cieux représente l’ultime recours d’une république responsable, au Congo, cette armée reste impassible, insensible au désarroi et à l’appel au secours patriotique du peuple.
Cette attitude impassible est structurelle du fait de la hiérarchie militaire composée exclusivement d’officiers redevables à Sassou-Nguesso, leur promoteur. Particulièrement, ces officiers, exclusivement issus du cercle familial ou clanique, sont des sujets endoctrinés et entraînés à la brutalité. Ce sont des avatars des anti-valeurs. Ils ont une conscience rabougrie
et un patriotisme en ruine. Cette hiérarchie militaire semble avoir prêté serment à un homme qui les conduit à la perdition, reléguant la république, en tant que bien commun, à l’insignifiance.
Du côté du peuple, les partisans du régime, longtemps dans l’apologie du pouvoir du nord par réflexe identitaire, montre les signes d’un désamour lié aux difficultés accrues et au péril collectif. Certains n’hésitent plus à ouvertement critiquer le régime dans ses agissements les
plus intimes, les plus secrets. Quant aux hommes politiques qui espéraient une rotation au sein du régime après la sale besogne de Sassou-Nguesso sur les Bakongos, la désillusion est sans égale suite au projet de succession dynastique et suite à l’incarcération de certains d’entre eux.
La désillusion est telle que l’inquiétude induite qui taraude les esprits de ces
partisans se résume en une hantise, l’avenir des mbochis.
Lorsque l’idéal républicain s’exprime haut et fort à Bacongo, le haut lieu de la résistance anticoloniale, le régime agite l’épouvantail du tribalisme pour souder les populations septentrionales du pays, et met en branle la force publique, endoctrinée et fanatisée, pour réprimer les populations par une violence inouïe.
Dans ce contexte socio-politique qui dénie l’État de droit et la liberté d’expression, le peuple
patriote est dans la résistance passive. Les acteurs historiques du retour à l’espace républicain
observent que les partisans déçus de ce régime hyper répressif déclenchent l’insurrection populaire. Par expérience, soit dit en passant, que lorsque les opposants initient les manifestations, le régime crie au tribalisme pour cliver le pays. Par conséquent, les nordistes sont soumis à l’épreuve de la loyauté républicaine, où ils doivent montrer leur capacité à privilégier la république en ramenant au centre l’intérêt supérieur du pays.
Après plus de 50 ans de règne nordiste, à l’instar de l’intelligence de l’oiseau qui s’arrête à la construction du nid, l’excellence mbochi se décline à travers une avalanche de méfaits qui suscitent des prétentions débordantes dans le microcosme politique congolais. Citons :
1. Une faillite généralisée ayant entraîné le pays en cessation de paiement. Malgré que le
Congo dispose des revenus pétroliers et miniers qui dépassent les besoins économiques
nationaux de base (ceux liés à l’amélioration des conditions de vie essentielles), le régime a réussi l’exploit d’endetter le pays, même après avoir bénéficié de l’initiative PPTE qui a effacé une grande partie de la dette antérieure.
2. Une insécurité généralisée par la création de la terreur dite des bébés noirs par le régime pour gouverner le pays par la peur, dans la pure tradition du syndrome de Stockholm où les victimes s’attachent à leurs bourreaux.
3. Un dépaysement généralisé de toutes les sociologies du pays soumises à une domination d’expatriés d’autres nationalités qui envahissent nos terroirs et les milieux d’affaires. Les campagnes devenues désertes et peu sûrs rendent impossible les activités agricoles et agropastorales.
4. Des détournements des fonds publics et des ressources généralisés restent impunis, à cause de la parenté ou des affinités qui, d’une part diluent l’orthodoxie et s’immunisent contre l’hétérodoxie ; d’autre part, des affinités qui absolvent la responsabilité en agitant le chiffon rouge du tribalisme exploitant l’inexemplarité pénale des cas similaires.
5. Un endettement systématique pour payer les salaires et les retraites au point où plus aucun créancier sérieux n’ose investir sur le pays. L’ultime possibilité d’endettement du régime porte sur l’émission de Bonds du Trésor. Mais ce serait une gageure pour qui oserait miser sur un État en faillite, inefficace dans la collecte des recettes fiscales, et entretenant des comptes offshores privés enfermant les ressources de l’État.
6. Une armée de proches parents incapable d’appréhender l’enjeu républicain et panafricain, sacralisant la personnification du pouvoir de l’État, et oubliant sciemment que l’ambition personnelle de Sassou-Nguesso n’est pas la leur.
7. Une corruption généralisée faisant la part belle aux étrangers en leur livrant tous les secteurs d’activités économiques, et des recettes fiscales ponctionnées à chaque échelon administratif.
8. Une éducation de la jeunesse en ruine infrastructurelle et pédagogique.
Voilà l’échantillon tangible montrant le côté irrationnel du régime plusieurs fois démontré : coup d’État irrationnel, massacres dans le pool irrationnel, multiplication des départements irrationnelle, projets d’investissement irrationnel, gestion du pays (dette et détournements)
irrationnel, etc. Sassou-Nguesso et son régime agissent en pirates qui détruisent le pays et le laissent en lambeaux. Sa psychologie du butin de guerre est un accélérateur de l’affaissement du pays,
tandis que la déloyauté à la république de la sociologie mbochi est un ralentisseur de la chute du régime. Parce que lorsqu’on critique ce renégat, sous quelle que forme que ce soit, la sociologie mbochi, en garde prétorienne, s’arcboute au nom du “pouvoir du nord”. Dans ce contexte, toute divergence politique est instrumentalisée et change de forme. Cependant, en subissant cette situation inexplicable autre que par l’ingérence française qui a
réinstallé Sassou-Nguesso au pouvoir au prix des dizaines de milliers de morts, par-delà cette situation c’est une remise en cause fondamentale de la société Bantu que les autochtones doivent opérer. Car, en tout état de cause, les patriotes doivent triompher de ce complot contre la civilisation Bantu et aussi poser les fondements inviolables de cette société. Considérant que c’est une seule et même dynamique anti-citoyenne qui vassalise le pays à
partir d’une vision géographique, à laquelle l’opposition résiste de manière dispersée sous prétexte de la diversité idéologique, le devoir est de créer une unité dans la lutte. Si possible, tout mettre en œuvre pour inviter les forces armées du pays à rejoindre la dynamique patriotique pour mettre hors d’état de nuire ce régime, afin d’abréger du même coup les
souffrances du peuple congolais.
La dynamique anti-citoyenne qui gouverne le Congo, encore appelé le nordisme, a été construit autour de trois verrous ou défis anti-républicains :
1. Le monolithisme géopolitique. C’est une escroquerie politique conçue sur la base de la déstabilisation de la sociologie Bantu. Ce monolithisme s’est exprimé avec force au sortir de la Conférence Nationale Souveraine de 1992 et a abouti au coup d’État d’octobre 1997.
Quel est le prix à payer pour le Congo pour faire sauter ce verrou géopolitique ?
Est-ce que Sassou-Nguesso est un élément isolé de la géopolitique française ou existe-il des clones pour lui succéder ? C’est le challenge qu’embrassent les patriotes pour sauver le pays.
2. La géoéconomique politique. C’est une culture de l’accaparement et du pillage systématiques des richesses qui se résume en une logique : “se servir et satisfaire soi avant tout”. Cette culture transposée au sommet de l’État a été conçue pour empêcher les Bantu de se développer. C’est une réalité historique tangible de la longue et ostensible épopéedu PCT. C’est une volonté d’écraser le mérite individuel et l’effort collectif qui affaisse le pays. L’analyse méthodique de l’émergence de la dette du Congo le prouve :
personnalisation et extra territorialisation des comptes de l’État, puis emprunt pour payer les salaires ou construire les infrastructures. C’est un cocktail explosif qui aboutit à la cessation de paiement.
3. La stratégie des caisses vides. La crise financière permanente en asséchant les caisses de l’État et le Trésor public, est une stratégie de dissuasion et de préservation du pouvoir. L’argent du pays est thésaurisé dans les résidences des dignitaires du régime.
4. La violence politique. L’hyper violence est une méthode d’anéantissement d’une société. Au Congo, cette méthode a connu plusieurs épisodes. Elle a commencé avec la radicalisation qui a purgé l’armée des cadres militaires Kongo et purgé la haute administration des cadres du Sud. Elle finit avec le génocide à Brazzaville et dans le Pool conçu selon le plan MOUÉBARA.
La déloyauté mbochi ne se limite pas qu’à l’anti-citoyenneté. Elle s’affirme foncièrement en une animosité anti-kongo. D’aucuns pensent que la raison de succession dynastique seule motive les accords avec le Rwanda, à partir de leur aspect Défense. C’est tout le contraire.
C’est plutôt l’intention préméditée de rendre apatride les Bakongo qui anime Sassou-Nguesso et sa famille, en essayant de céder aux rwandais les terres du sud du Congo. La déloyauté mbochi est une dynamique anti-républicaine qui a atteint ses limites. Le peuple congolais est saturé de ses méfaits et contre-sens politiques. Petites causes, grands effets. Les congolais s’émancipent progressivement de l’escroquerie révolutionnaire du PCT et de la
théorie dépravée du nordisme incarnée par l’irréductible Sassou-Nguesso. L’heure est à la liberté pour tous, la dignité pour tous et la justice pour tous. On ne triomphe jamais contre le
peuple. Pour les impérialistes, un bon Président chez les nègres est un traitre pour son pays. Sassou- Nguesso a été choisi par la France parce qu’il est un traitre pour le Congo, ainsi il est un trèsbon nègre. S’il existait un soupçon de traitrise ou de perméabilité antipatriotique chez les kongo, les occidentaux qui se muent en terroristes pour déstabiliser l’Afrique, auraient armé
les Bakongos pour perturber les régimes criminels tels celui de Sassou-Nguesso. À l’évidence, ce n’est pas le cas dans l’espace Kongo régi par le KIMUNTU. Raison pour laquelle des régimes
toxiques comme celui de Sassou-Nguesso ont la longevité dure. Les hommes et les femmes
qui le composent substituent le culte de la personnalité et l’allégeance à la place du
patriotisme et de la rationalité. Il leurs est difficile de comprendre la nécessité de ramener le
balancier républicain à son point de stabilité sociétale et souveraine. Il n’y a que les idiots qui
ne changent pas.
Fait à Paris, le 15 août 2024.
NE-MPHUMU Madisu-Ma-Bimangu
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